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La sécheresse s'installe sur la France: 90 départements sur 96 font désormais face à des restrictions d'usage de l'eau, un record, et certains villages ne sont même plus alimentés en eau potable, le risque d'incendie restant à son niveau maximal.
Seuls l'Aisne, l'Ariège, la Corrèze, les Hauts-de-Seine, Paris et la Seine-Saint-Denis ne sont pas concernés par au moins un arrêté préfectoral limitant certains usages de l'eau, selon le site de l'information sécheresse du gouvernement, Propluvia.
La carte de Propluvia qui résume les différents niveaux d'alerte a viré au rouge dans une bonne partie de l'ouest du bassin de la Loire -Indre, Loire-Atlantique, Mayenne, Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne-, mais aussi dans la Drôme, l'intérieur du Var, le Lot et le sud-est du Val-de-Marne.
Dans ces zones seuls les prélèvements d'eau permettant d'assurer l'exercice des usages prioritaires sont autorisés, pour la santé, la sécurité civile, l'approvisionnement en eau potable et la salubrité, les prélèvements à des fins agricoles étant proscrits.
"On a un record du nombre de départements avec restriction" en France, a noté le ministère de la Transition écologique.
L'Etat a d'ailleurs mobilisé l'Office français de la biodiversité (OFB) pour assurer des opérations de contrôle visant à assurer le respect des arrêtés sécheresse dans les départements concernés.
- Camions citernes -
Le débit de la Loire est en forte baisse, à 129 m3 par seconde le 20 juillet, contre 475 m3/s au début du mois et la Loire-Atlantique est placée en "alerte eau potable" depuis le 20 juillet.
Les usages de l'eau y sont réglementés "afin d'éviter des pénuries en eau potable" et la "dégradation de la qualité de l'eau", indique la préfecture.
En Franche-Comté la situation est tout aussi catastrophique, au point que plusieurs communes du Doubs n'ont plus d'eau potable et doivent être alimentées par des camions citernes, selon la préfecture.
Même problème dans le sud de la France, aux Saintes-Marie-de-la-Mer par exemple: "C'est compliqué de trouver de l'eau douce", alerte la maire Christelle Aillet (LR). "Ici on est au bout du bout des Bouches-du-Rhône. Il ne pleut pas depuis huit mois et comme le Rhône est très bas, le sel monte jusqu'à 20 kilomètres dans les terres. On a donc un problème d'eau et de volume, c'est devenu pour nous le nerf de la guerre", a expliqué à l'AFP Mme Aillet.
De son côté, le Vaucluse a interdit d'accès l'ensemble de ses massifs forestiers pour la journée en raison du risque élevé d'incendie.
Idem dans les Bouches-du-Rhône où la préfecture a prolongé jusqu'au mercredi 27 inclus la fermeture des 25 massifs forestiers du département, dont le très touristique parc national des Calanques, en raison de la persistance des fortes chaleurs et de forts coups de vent attendus.
Le Var ou la Haute-Corse ont également bouclé plusieurs massifs. Les préfectures appellent les populations à adopter des comportements préventifs pour ne pas risquer de provoquer un incendie (ne pas fumer dans les zones boisées ou faire de barbecue en forêt...) mais aussi à alerter aussitôt les autorités s'ils sont témoins d'un départ de feu.
- "Pire qu'en 1976" -
En Bourgogne, l'alerte rouge sécheresse ne concerne que la zone de Beaune (Côte d'Or), réputée pour ses vins, ce qui laisse entrevoir des vendanges encore très précoces. Le record de 2020 pourrait même être battu: cette année-là, la récolte avait démarré le 16 août à Beaune, du jamais vu depuis... 1556.
La circulation sur les fleuves et canaux est également très perturbée: la navigation est ainsi interrompue sur une partie du canal de Bourgogne et dans la région de Nancy, tandis que beaucoup de péniches sur le Rhin ne sont chargées qu'au tiers de leur capacité, pour ne pas racler le fond du fleuve.
L'agriculture souffre elle aussi dans des zones a priori épargnées par le manque d'eau.
Dans le Pas-de-Calais par exemple, Jean-Pierre Clipet, responsable FDSEA, s'inquiète de "rendements qui décrochent, avec deux phénomènes qui se combinent, le stress hydrique mais aussi la chaleur, affectant l'ensemble des cultures, blé, betteraves, légumes... Dans le Boulonnais, des collègues me disent que c'est pire qu’en 1976, ils ne savent pas comment ils vont nourrir leurs bêtes cet hiver".
C.Rojas--TFWP