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"Ne plus jamais revivre ça": en plus de provoquer des piqûres désagréables, les punaises de lit peuvent plonger leurs victimes dans une grande détresse psychologique, entraînant troubles du sommeil, anxiété, voire dépression ou stress post-traumatique.
Cela ne fait pas si longtemps qu'Anne Bertrand, 43 ans, parvient à relater ce qu'elle a vécu. C'était à Londres, en 2016. "Un soir d'été, je me suis réveillée en voyant des petites bestioles qui marchaient sur ma peau et sur mon lit".
Après quelques minutes passées sur internet, elle comprend qu'il s'agit sans doute de punaises de lit. Un premier traitement par une entreprise spécialisée s'avère peu efficace: "On m'a expliqué que je devais rester dans l'appartement pour obliger les insectes à sortir en faisant office d'+appât+ !", se souvient-elle avec horreur. "Je dormais en me réveillant toutes les demi-heures, car je savais que j'allais me faire piquer".
Elle savoure trois semaines de "paix", avant que les punaises ne réapparaissent.
Deux, trois, quatre traitements plus tard, elles n'avaient toujours pas disparu... "Avant que je comprenne que tout l'immeuble était infesté mais personne n'avait rien dit", soupire Anne Bertand.
Au bout de six mois, elle se résout à déménager en ayant au préalable "jeté les trois quarts de ses affaires".
Mais elle n'est pas sortie indemne de cet épisode.
- "Un cauchemar" -
"Je n'avais quasiment pas dormi pendant six mois, mon cerveau n'était plus en état de fonctionner: je me suis complètement effondrée", raconte-t-elle. Elle a été arrêtée au travail. On lui a diagnostiqué une "dépression" et un "grave syndrome de stress post-traumatique".
"Je ne le souhaite à personne, c'est très dur à supporter, c'est un cauchemar", témoigne aussi Najet, 50 ans (qui ne souhaite pas donner son nom). Cette mère de trois enfants a mis près de deux ans à se débarrasser des punaises de lit qui ont bouleversé son quotidien: "Je suis devenue complètement parano, on m'a mise sous anti-dépresseurs".
Pendant des mois, "on ne vivait plus, je ne voulais plus que personne vienne à maison, il y avait des tensions car on dormait tous très peu...", énumère-t-elle.
Si les piqûres de l'insecte ne présentent pas de risque de maladie grave, les conséquences psychologiques de ses infestations sont souvent sous-estimées.
Or elles peuvent être sévères. "Bien souvent on ne peut plus dormir, ce qui équivaut à une vraie torture", décrit Pascal Delaunay, parasitologue et entomologiste médical au CHU de Nice.
"Aucun autre insecte ne s'incruste comme cela dans votre logement, votre sécurité, votre lit, votre intimité. Rien que la méthode de lutte est traumatisante puisque même si un désinsectiseur vient chez vous, il faut participer" en nettoyant son logement ou en jetant ses affaires, explique-t-il. "C'est la double peine".
- "Obsession" -
"Pour un certain nombre de personnes, cela tourne à l'obsession", souligne aussi Jerome Goddard, professeur d'entomologie à la Mississipi State University, aux Etats-Unis.
Il a analysé une centaine de messages Internet concernant des infestations de punaises de lit. La majorité (81%) évoquaient des effets psychologiques et émotionnels modérés à graves après les piqûres (cauchemars, hyper vigilance, insomnie, anxiété...).
Parmi les sentiments partagés par certaines victimes: l'impression de ne pas y arriver, de ne pas s'en sortir. Depuis que son logement a été infesté en avril, Sana Gnaoui, 40 ans, "n'arrête pas de pleurer". "Mon appartement ressemble à un camping; J'ai jeté un lit, tous les matelas, bouché toutes les plinthes, abîmé mes habits en les lavant à 60°...".
Malgré tout cela, malgré des traitements par des professionnels, "je n'ai pas confiance, je me lève plus tôt le matin pour chercher s'il y a des punaises dans les placards", confie cette agent d'entretien qui a désormais besoin de calmants pour dormir. "Elles ont détruit ma vie".
Les experts sont unanimes: en cas de besoin, il ne faut pas hésiter à se faire aider par un professionnel de santé mentale. Tout en se voulant rassurants: on peut venir à bout des punaises de lit.
T.Harrison--TFWP