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Des astronomes ont présenté jeudi une image du trou noir M87* "plus nette" que celle présentée en 2019 par un réseau de télescopes, mais jugée sujette à caution par un scientifique de la première image, car obtenue avec l'aide de simulations.
L'équipe de chercheurs américains menée par Lia Medeiros, de l'Institute for Advanced Study (IAS), présente une "nouvelle reconstruction" de cette image qui avait fait alors le tour du monde, selon l'étude publiée dans Astrophysical Journal Letters.
La collaboration internationale EHT (Event Horizon Telescope) avait produit l'image d'un petit rond sombre au milieu d'un halo orange flamboyant, signature du gigantesque trou noir logé au coeur de la galaxie Messier 87 (M87), à 55 millions d'années-lumière de la Terre.
La nouvelle image est "plus nette", selon un communiqué de l'IAS. Elle présente un anneau orange beaucoup plus fin, produit par la matière portée à des températures gigantesques avant d'être absorbée par le trou noir, et dont le rond central n'est que "l'ombre". Un trou noir est d'une densité telle que rien ne peut échapper à sa force de gravitation, même pas la lumière.
La première image avait été obtenue à l'issue d'une campagne d'observation du réseau de radiotélescopes de l'EHT menée en 2017. La nouvelle image a été produite en passant les données récoltées par l'EHT au filtre d'un algorithme d'apprentissage-machine, baptisé PRIMO, qui a analysé environ 30.000 images de trous noirs issues de simulations.
Une démarche qualifiée d'"intéressante, mais aussi très dangereuse" par le professeur d'astrophysique Heino Falcke, de l'Université nééerlandaise Radboud (à Nimègue). Qui explique que la collaboration EHT, dont il est l'un des fondateurs, avait exclu une telle démarche car "elle introduit un biais très fort dans la reconstruction de l'image", détaille-t-il auprès de l'AFP.
En effet, ces simulations sont basées sur des modèles théoriques, "parce qu'on ne sait pas à quoi exactement ressemble un trou noir et que nous avons encore besoin de tester les lois de la physique à sa proximité". Interpréter à l'aide de simulations l'image obtenue par l'observation de M87* revient donc à "croire que vos modèles sont corrects", ajoute-t-il.
Un des auteurs de l'étude signée par le Dr Medeiros qualifie la méthode PRIMO "d'opportunité en or pour que notre travail collectif permette de comprendre la physique des trous noirs", selon le communiqué de l'IAS.
Pour le Pr. Heino Falcke cependant, le résultat obtenu n'est "pas une image, mais une supposition +éclairée+".
A.Nunez--TFWP