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Un beau cadeau pour la nouvelle année. Dans son nouveau carnet de bord pour l’AFP, la navigatrice britannique Sam Davies, 13e au classement du Vendée Globe lundi, revient sur son passage du célèbre Cap Horn le 1er janvier lors de sa huitième semaine de course.
"Le passage du Cap Horn cette année a été marqué par de très belle émotions. Pendant que tout le monde célébrait le Nouvel An, j'étais concentrée sur la navigation. La traversée du Pacifique a été rude pour moi, avec une succession de dépressions qui m'ont épuisée physiquement et mentalement. Mais comme par magie, le 31 décembre m'a offert une journée lumineuse et calme, une véritable bénédiction. J’ai pu hisser des voiles plus grandes, accélérer et savourer.
Pour célébrer discrètement, j’avais mis de côté une petite bière, un geste symbolique pour marquer ce moment. J’ai aussi pris le temps d’échanger avec des amis et des proches. Bien que l’ambiance soit festive pour eux, pour moi, la priorité restait de passer ce cap mythique en toute sécurité.
C’est mon cinquième passage du Cap Horn, et chacun a été unique. Cette fois, le franchir le jour du Nouvel An, dans des conditions relativement clémentes, a été un cadeau. J'étais un peu plus au large que d'habitude en raison du vent, mais j'ai pu échanger avec les gardiens de phare des îles environnantes et j'ai même vu une baleine !
Comparé à mon dernier Vendée Globe, où j’avais fait les mers du Sud hors course après une collision et un abandon, cette expérience est bien plus joyeuse. Cette année, je suis en course, mon bateau est en bon état, et je savoure chaque instant de la bagarre.
C'est une vraie sensation d’accomplissement, comme si une grande partie du défi était derrière moi. Pourtant, l’Atlantique Sud reste une étape redoutable. La fatigue accumulée commence à peser, mais je compose maintenant avec une parfaite maîtrise de mon bateau. Ces 50 jours en mer ont été durs, mais ils m’ont permis d’apprendre encore en tant que navigatrice et je suis très fière de moi, même si je n'ai pas toujours pris les bonnes décisions.
Mentalement, je suis pleinement investie. La course semble passer presque trop vite et je veux profiter de chaque instant. L'idée de rattraper Clarisse (Crémer) et Benjamin (Dutreux), mes concurrents proches, me motive à fond. Je ressens un peu de frustration de ne pas être avec le groupe de tête, j'ai conscience que c'est le Vendée Globe et que tout peut arriver, mais je sais aussi que c'est très peu probable de remonter à la première place à ce stade. Je garde le cap et me concentre sur ce que je sais faire: naviguer correctement et avec passion. Cap sur l’Atlantique Nord donc avec l’espoir de finir cette belle aventure en beauté".
Propos recueillis par François d'Astier
T.Harrison--TFWP