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A la vitesse du volant, Alex Lanier s'est imposé en quelques mois comme l'une des figures montantes du badminton en France, d'un exploit cet été au Japon vers l'objectif des Mondiaux de Paris en 2025.
Fin août, à Yokohoma, le badiste de 19 ans était devenu le premier Français à remporter un Super 750, tournoi du deuxième niveau du circuit international, en dominant le N.10 mondial taïwanais Chou Tien-chen en deux manches.
Loin du Japon, où il disputera néanmoins un Super 500 la semaine prochaine, à peine sorti de son entraînement à l'Insep, Alex Lanier se souvient:
"Je me disais +on a fait une bonne période d'entraînement, je me sens super bien sur le terrain+, maintenant c'est le moment de voir ce que je vaux par rapport aux meilleurs mondiaux", raconte à l'AFP le Français qui a marqué les esprits en écartant le Chinois Shi Yu Qi, alors N.1 mondial ou encore le Malaisien Lee Zii Jia, médaillé de bronze aux Jeux de Paris.
Une performance de taille, deux ans après son premier titre sur le World Tour, un Super 100 au Canada à seulement 17 ans.
- Plutôt "bad" que bateau -
Alex Lanier n'en a que trois quand il tient sa première raquette, cinq quand il commence les compétitions. Natif de Caen, il grandit dans le Calvados autour de parents "très bons" dans la voile, et qui pratiquent le badminton à un niveau régional.
"J'avais pas mal d'énergie, rester sur un bateau ne me convenait peut-être pas à cet âge", se souvient le droitier qui sur le terrain "pouvai(t) bouger un peu partout".
Licencié à l'ASPTT Strasbourg, il rejoint à 15 ans l'Insep, là "où c'est devenu très sérieux" même si "quand j'y suis entré je ne me suis pas dit +maintenant je vais en faire mon métier+ c'est venu au fur et à mesure", assure sereinement l'étudiant à la Sorbonne, qui suit des cours à distance.
Ce calme apparent le caractérise en compétitions, "je ne me laisse pas emporter par les émotions ou le stress la plupart du temps" quand sa "vision du jeu" et sa capacité d'anticipation, conjuguées au fait d'être "très athlétique" lui permettent selon lui de faire mal à l'adversaire.
Son entraîneur, Kestutis Navickas, ancien joueur lituanien ayant participé aux Jeux olympiques en 2008, loue de son côté "sa forte mentalité" et sa capacité à apprendre "très vite" à l'entraînement.
- Pas de miracle -
Selon lui, il n'y a pas de "miracle" à le voir autant réussir cette saison, "persuadé que par rapport au travail effectué, on était prêts à relever ces challenges", comme cette finale atteinte à l'Open du Canada (Super 500) en juillet, le sacre au Japon ou une demi-finale en octobre dans un autre Super 750, au Danemark.
Sa performance lui permet d'ailleurs d'atteindre de se hisser au 15e rang mondial, là encore le classement jamais atteint par un Français en simple. Il était 43e au 1er janvier.
"On a toujours eu la même méthode qui est de réfléchir à mon développement plutôt qu'à la performance directement" que ce soit dans le jeu, mentalement ou "dans la gestion de l'énergie" complète Alex Lanier, également accompagné d'un coach mental.
Non sélectionné pour les Jeux, au profit de deux autres espoirs tricolores Toma Junior et Christo Popov, frères de 26 et 22 ans, Alex Lanier a ressenti une petite "frustration" même s'il avait déjà conscience "que cela allait être très dur" de se qualifier, avec notamment une blessure qui l'éloigne de la compétition de juin à novembre 2023.
A la place, il se concentre sur la suite, avec une préparation poussée, "une de (s)es meilleures", peut-être l'un des secrets de son succès à Yokohoma.
L'année bientôt terminée, Alex Lanier sait que l'été prochain ne sera pas marqué par les JO, mais les Mondiaux de badminton à Paris (25 au 31 août). Et s'il garde les pieds sur terre, le jeune badiste s'y rendra avec un rêve: "les gagner".
H.Carroll--TFWP