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A deux ans et demi des Jeux olympiques de Paris, il manque encore quelque 350 millions d'euros pour boucler la partie sponsors du budget: Paris-2024 assure tenir ses objectifs mais des inquiétudes apparaissent car le timing se resserre.
Le comité d'organisation (Cojo) arrivera-t-il à boucler son tour de table des sponsors, censé atteindre in fine 1,1 milliard d'euros (sur un budget total de 3,9 milliards d'euros)? Cette question revient régulièrement dans les discussions avec la sphère politico-économique autour des JO de Paris.
Cette interrogation semblait totalement hors-sujet après la signature de Décathlon à l'été 2021, trois jours après celle de Sanofi comme partenaire premium -dont le ticket d'entrée est estimé entre 100 et 150 millions d'euros. Le rythme de croisière semblait atteint, et le chemin tracé.
Avec 600 millions d'euros dans les caisses et quatre partenaires "premium" (BPCE, Orange, EDF, Sanofi), le Cojo expliquait alors être dans les temps, et la frilosité supposée des sponsors, que certains pensaient refroidis par le contexte pandémique, totalement écartée.
- Objectif 80% fin 2022 -
Si aucun partenaire premium n'a depuis été officialisé, le Cojo assure avoir désormais engrangé ou sécurisé autour de 715 millions d'euros, avec notamment la signature d'Accor arrivé comme partenaire de rang 2 en novembre 2021.
Mais voilà, l'absence de signature de gros partenaire depuis plusieurs mois alimente quelques craintes.
"Franchement, je n'ai jamais vraiment été inquiet. J'étais sûr qu'aujourd'hui le Cojo aurait déjà bouclé son budget. Là, il manque presque 400 millions à faire rentrer en deux ans, c'est tendu", assure un spécialiste du sponsoring sportif, qui ne souhaite pas être nommé. "En clair, il manque un voire deux partenaires premium, et ça ne semble pas être si simple de les trouver", assure cette source.
Les coulisses bruissent depuis des semaines de l'imminente signature d'un géant français du luxe, mais rien n'a été encore officialisé.
En sponsorisant les JO, "les partenaires normalement espèrent tirer profit sur un temps assez long. Là on peut commencer à dire qu'il y a du retard", analyse cette source. "Effectivement, c'est chaud", a confié à l'AFP un parlementaire, qui suit le dossier JO.
Le son de cloche n'est pas du tout le même côté Cojo qui, au contraire, assure être "parfaitement dans les temps". "On est exactement là où on doit être, il n'y a aucune inquiétude de notre côté", explique Paris-2024.
Le 17 janvier, Tony Estanguet, interrogé devant le club d'Iena, avait assuré conserver l'objectif des 1,1 milliard d'euros de recettes, mais aussi qualifié de "vrai défi" cette quête des partenaires, concédant que la crise sanitaire n'"aidait pas énormément".
"Il y a des négociations en coulisses. Parfois l'annonce des partenaires se fait bien après la signature", explique-t-on à Paris-2024 qui assure que l'objectif est désormais de sécuriser "80% des recettes issus des partenariats d'ici fin 2022".
Il y a quelques jours, le Cojo a perdu sa directrice des partenariats, Marlène Masure, partie vivre une "nouvelle opportunité professionnelle", selon Paris-2024.
- "Point de vigilance" -
Cette question des partenaires constitue désormais ce qu'une source gouvernementale a qualifié pudiquement à l'AFP de "point de vigilance". Tout comme le "coût de la cérémonie" d'ouverture, un événement inédit et ambitieux qui se déroulera sur la Seine et dont la facture n'a pas encore été affichée.
L’Exécutif a d'ailleurs demandé à Tony Estanguet de saisir le comité d’audit de Paris-2024 pour que celui-ci établisse un rapport détaillé sur le budget pluriannuel "afin d’évaluer les zones de risques", selon des sources politiques.
"Il n'y a pas encore le feu au lac, mais clairement, à la fois les dépenses et les partenaires sont suivis attentivement en haut lieu", confie une personnalité politique proche des instances sportives.
"Il se peut aussi que tout cela se débloque avec un coup de fil de l'Elysée dans les mois qui viennent pour faire venir un important partenaire si jamais cela était nécessaire", estime la source issue du sponsoring sportif.
Le sujet du budget est éminemment sensible car l'une des fondations du projet de Paris-2024 est d'offrir des JO moins chers et vertueux. Un pari difficile, car le projet est "sous-évalué depuis le départ", regrette un élu impliqué dans le dossier, sous couvert d'anonymat.
T.Dixon--TFWP