AEX
4.0100
Les forces de l'ordre ont dispersé à coups de gaz lacrymogène une partie des milliers d'opposants au pass vaccinal venus de toute la France dont les convois ont réussi à atteindre l'avenue des Champs-Élysées à Paris samedi après-midi.
Les autorités veulent empêcher tout blocage de la capitale et ont déployé 7.200 policiers et gendarmes, qui verbalisaient les véhicules "pour participation à une manifestation non autorisée" ou effectuaient de simples contrôles aux portes de Paris, ralentissant la circulation.
Le mouvement s'est constitué sur le modèle de la mobilisation au Canada paralysant Ottawa.
Il rassemble des opposants au pass vaccinal qui réserve aux personnes immunisées contre le Covid-19 l'accès à bon nombre de lieux accueillant du public (restaurants, cinémas...) mais aussi des manifestants aux revendications sociales, sur le pouvoir d'achat et le coût de l'énergie.
Partis de tout le pays, voitures, camping-cars et camionnettes s'étaient arrêtés vendredi soir aux abords de la capitale.
Vers 14H00 (13H00 GMT), plus d'une centaine de véhicules avaient rejoint l'avenue des Champs-Elysées, scandant "liberté", avant que la police n'intervienne pour évacuer la place de l'Arc de Triomphe puis l'avenue. Une quinzaine de personnes ont été interpellées.
"On était depuis hier 17H00 sur Paris, tel un cheval de Troie. On était invisibles, on voulait se fondre dans la masse. Moi je suis +gilet jaune+ mais y a beaucoup de primos manifestants", a déclaré à l'AFP Laure 57 ans monitrice d'auto école en Seine-et-Marne "contre le pass vaccinal", en fuyant les lacrymogènes.
Comme beaucoup de manifestants, elle a refusé de donner son nom.
"Le moment est important, c'est pacifique, nous on n'est pas là pour casser", a déclaré à une journaliste de l'AFP un quadragénaire, qui a voulu garder l'anonymat, arrêté à un point de rassemblement dans la forêt de Fontainebleau, au sud de Paris, avant de repartir vers la capitale.
- "Plus confiance" -
Le Premier ministre Jean Castex a promis d'être inflexible face au mouvement. "S'ils bloquent la circulation ou s'ils tentent de bloquer la capitale, il faut être très ferme", a-t-il insisté vendredi sur France 2.
"Nous sommes tous collectivement fatigués par ce que nous vivons depuis deux ans", a déclaré le président Emmanuel Macron dans un entretien vendredi au quotidien Ouest-France.
"Mais j'en appelle au plus grand calme", a-t-il ajouté.
A deux mois de l'élection présidentielle en France, le gouvernement affirme envisager pour fin mars ou début avril la levée du pass vaccinal. Le masque, lui, ne sera plus obligatoire dans les lieux clos soumis au pass dès le 28 février, exception faite des transports.
Des annonces qui suscitent la méfiance du quadragénaire et de son épouse. "On ne fait plus confiance", aux responsables politiques comme aux médias, disent-ils, parlant d'un "ras-le-bol".
La police a réévalué dans la nuit le nombre de véhicules à 3.000, pour 5.000 manifestants, dont certains comptaient rejoindre l'un des quatre cortèges anti-pass prévus à partir de 11H00 dans Paris.
Pour ces défilés, les autorités attendaient dans toute la France entre 25.000 à 30.000 personnes, un chiffre en ligne avec ceux des précédents rassemblements.
L'interdiction de rassemblement des convois a été maintenue vendredi par la justice, qui a rejeté deux recours.
"C'est une trahison. Les fondements de l'arrêté (d'interdiction) ne sont pas respectueux de la loi, de la liberté de manifester", a réagi auprès de l'AFP la militante anti-vaccin et "gilet jaune" Sophie Tissier.
"Le droit de manifester et d'avoir une opinion sont un droit constitutionnellement garanti (...). Le droit de bloquer les autres ou d'empêcher d'aller et venir ne l'est pas", a répondu le chef du gouvernement.
Certains participants espèrent rejoindre Bruxelles pour une "convergence européenne" prévue lundi mais les autorités belges en ont interdit l'accès.
burx-ao/cb/jg/pz/oaa/ial/
F.Carrillo--TFWP