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L'entourage d'Emmanuel Macron l'assure: fidèle à son "ADN", le président arrive dans la présidentielle avec des propositions de rupture, certains proches lui conseillant toutefois d'éviter d'être "anxiogène".
Pour l'heure, cette campagne en faux plat ne dessert pas le président sortant, tant s'en faut. Crédité de 24% à 25% des intentions de vote au premier tour selon les instituts, Emmanuel Macron devancerait largement ses concurrents et sortirait gagnant du deuxième tour, quel que soit son adversaire.
Appuyé sur un socle électoral solide, le chef de l'Etat ne paraît pour l'heure pas pâtir de la dégradation du jugement des Français sur sa gestion de la crise sanitaire et sa volonté "d'emmerder" les non-vaccinés.
Et la situation hors des frontières, marquée par son activisme diplomatique pour apaiser les vives tensions entre l'Ukraine et la Russie, "profite au président en place", note le directeur général de l'Ifop Frédéric Dabi.
Ce capital de départ amène le chef de l'Etat à temporiser sur sa candidature qui, si elle ne fait aucun mystère, l'obligerait à descendre dans l'arène pour ferrailler avec ses rivaux et dévoiler son projet. En abandonnant une partie de sa stature présidentielle.
"La campagne sera frénétique, accélérée, ce ne sera pas la durée qui comptera mais l'intensité et les thématiques", prédit un conseiller du chef de l'Etat en soulignant qu'il est de son "intérêt d'entrer dans le jeu tard pour ne pas que ce soit vite oublié".
Alors qu'à ce stade les propositions des candidats n'impriment guère chez les Français, M. Macron voudra-t-il réduire la voilure d'un programme dont les contours restent indéfinis, en clivant moins pour mieux rassembler ensuite ? Une tentation qui permettrait aussi de préserver "l’électorat très éclaté" de M. Macron, constitué, selon un proche, de "deux tiers de socio-démocrates, un tiers de droite", sachant qu'il est "difficile de parler à des gens si différents".
Mais "le projet du président, ce n’est pas de continuer dans un bloc central pépère. Il y aura une radicalité. De la disruption", répond d'emblée l'un de ses conseillers.
"Il ne peut pas se renier", insiste un autre de ses proches. "Il doit partir de son ADN" en se montrant "à la fois disruptif et protecteur, ce sera une ligne de crête", poursuit-il.
En jouant petits bras, M. Macron menacerait d'écorner l'image de réformateur qui fut l'un de ses principaux atouts pour accéder à l'Elysée.
- "Opéra punk" -
"Sa force est qu'il a gardé une certaine cohérence et les deux fondements de sa popularité: l'incarnation comme président et la transformation", analyse M. Dabi, en soulignant sa "capacité d'inventivité".
Si un cadre de la majorité anticipe un programme sous forme d'"opéra punk", reste toutefois à en identifier les mesures, dans un contexte où santé et pouvoir d'achat figurent parmi les préoccupations majeures des Français.
Alors que les groupes de travail de La République en marche phosphorent depuis plusieurs semaines - les travaux sont ramassés en flux continu par le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler - et que M. Macron est abreuvé de notes de toutes parts, le mystère demeure sur le détail de ses ambitions à deux mois du premier tour.
"J'ai beaucoup de mal à me projeter sur ce que seront les thèmes du débat présidentiel", admet un ministre de poids, en appelant à "rester sur les fondamentaux de 2017 et la question du travail".
Un poil plus spécifique, un proche du président croit savoir qu'"il a en tête cinq-six objets de rupture". Parmi les pistes sur la table, l'intéressement des salariés et des formes de démocratie participative.
L'un de ses proches avertit cependant qu'il lui faudra "en même temps rassurer face aux craintes de dépossession" d'une partie des Français et qu'il devra "éviter de faire peur par un ton trop belliqueux".
Le chef de l'Etat a ainsi tempéré d'avance son projet de réforme des retraites, dont la version initiale était "trop anxiogène", selon ses propres termes.
leb-jri-pab-jmt/ib/pb
S.Jordan--TFWP