The Fort Worth Press - Guerre en Ukraine : à Poltava, les naufragées du système psychiatrique

USD -
AED 3.673042
AFN 71.503991
ALL 87.103989
AMD 390.330403
ANG 1.80229
AOA 917.503981
ARS 1163.684824
AUD 1.560304
AWG 1.8
AZN 1.70397
BAM 1.722186
BBD 2.019047
BDT 121.495245
BGN 1.72029
BHD 0.376883
BIF 2932
BMD 1
BND 1.314338
BOB 6.909791
BRL 5.690404
BSD 0.999969
BTN 85.360173
BWP 13.783478
BYN 3.272241
BYR 19600
BZD 2.008656
CAD 1.38865
CDF 2877.000362
CHF 0.828138
CLF 0.024364
CLP 934.950396
CNY 7.287704
CNH 7.288835
COP 4222.95
CRC 506.148542
CUC 1
CUP 26.5
CVE 97.303894
CZK 21.978104
DJF 177.720393
DKK 6.569204
DOP 59.050393
DZD 132.39104
EGP 50.739296
ERN 15
ETB 131.103874
EUR 0.876704
FJD 2.25795
FKP 0.751666
GBP 0.751146
GEL 2.740391
GGP 0.751666
GHS 15.31039
GIP 0.751666
GMD 72.000355
GNF 8655.000355
GTQ 7.701418
GYD 209.206384
HKD 7.75719
HNL 25.803838
HRK 6.630304
HTG 130.574146
HUF 356.950388
IDR 16804
ILS 3.617955
IMP 0.751666
INR 85.38485
IQD 1310
IRR 42100.000352
ISK 127.850386
JEP 0.751666
JMD 158.252983
JOD 0.709104
JPY 143.67304
KES 129.503801
KGS 87.450384
KHR 4016.00035
KMF 432.503794
KPW 899.968115
KRW 1438.370383
KWD 0.30675
KYD 0.833278
KZT 514.901355
LAK 21625.000349
LBP 89473.220966
LKR 299.628865
LRD 199.993836
LSL 18.675039
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.465039
MAD 9.255039
MDL 17.259067
MGA 4512.503755
MKD 54.103838
MMK 2099.49466
MNT 3547.694163
MOP 7.989363
MRU 39.580379
MUR 45.330378
MVR 15.410378
MWK 1733.935058
MXN 19.504504
MYR 4.374039
MZN 64.000344
NAD 18.680377
NGN 1608.720377
NIO 36.798795
NOK 10.44365
NPR 136.574048
NZD 1.677585
OMR 0.384552
PAB 0.999969
PEN 3.669504
PGK 4.053039
PHP 56.195038
PKR 280.950374
PLN 3.75925
PYG 7998.626392
QAR 3.641038
RON 4.382604
RSD 103.43795
RUB 82.267233
RWF 1416
SAR 3.750938
SBD 8.354312
SCR 14.199675
SDG 600.503676
SEK 9.68773
SGD 1.314104
SHP 0.785843
SLE 22.703667
SLL 20969.483762
SOS 571.503662
SRD 36.881038
STD 20697.981008
SVC 8.748828
SYP 13001.806875
SZL 18.680369
THB 33.510369
TJS 10.579637
TMT 3.51
TND 2.996038
TOP 2.342104
TRY 38.447965
TTD 6.792675
TWD 32.551038
TZS 2690.000335
UAH 41.818902
UGX 3665.596837
UYU 41.745731
UZS 12950.000334
VES 83.31192
VND 26021.5
VUV 121.394758
WST 2.781821
XAF 577.617611
XAG 0.030222
XAU 0.000302
XCD 2.70255
XDR 0.718957
XOF 575.503595
XPF 102.375037
YER 245.103591
ZAR 18.677704
ZMK 9001.203587
ZMW 27.923585
ZWL 321.999592
  • AEX

    0.8700

    872.84

    +0.1%

  • BEL20

    15.8700

    4306.05

    +0.37%

  • PX1

    33.7600

    7536.26

    +0.45%

  • ISEQ

    19.2500

    10151.16

    +0.19%

  • OSEBX

    4.2100

    1456.43

    +0.29%

  • PSI20

    63.9700

    6942.73

    +0.93%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    20.5400

    2723.43

    +0.76%

  • N150

    23.9500

    3349.93

    +0.72%

Guerre en Ukraine : à Poltava, les naufragées du système psychiatrique
Guerre en Ukraine : à Poltava, les naufragées du système psychiatrique / Photo: © AFP

Guerre en Ukraine : à Poltava, les naufragées du système psychiatrique

La nuit, quand les drones et les missiles russes percent le ciel et que la défense antiaérienne ukrainienne se met à tonner, Olga Klimova dort profondément, loin de chez elle, dans la chambre bondée d'un hôpital psychiatrique.

Taille du texte:

"Je prends les médicaments, je dors, je n'entends rien", s’amuse cette femme édentée au rire lumineux.

Internée à Poltava, dans le centre de l'Ukraine, Mme Klimova, 44 ans, souffre de schizophrénie, une pathologie aux symptômes très variables qui cause fréquemment des troubles du sommeil.

Dans ses rêves, quand elle dort, Olga Klimova dit voir son village de Kysselivka, dans la région de Kherson (sud), d'où elle a été évacuée après le début, il y a trois ans, de l'invasion russe.

Elle affirme n'avoir "aucune nouvelle" de ses proches restés là-bas, comme "sa vieille tante", et attend "la fin de la guerre" pour les retrouver.

- Saturation -

Selon des médecins interrogés par l'AFP, la guerre a entraîné l'évacuation de milliers de patients d'hôpitaux psychiatriques ukrainiens. Ils font partie des 4,6 millions de déplacés internes recensés par Kiev.

Parallèlement, la brutalité inouïe du conflit déclenche de nouveaux troubles psychiques, chez les militaires et civils : stress post-traumatique, dépressions, tendances suicidaires et autres maladies.

D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 9,6 millions d'Ukrainiens sont à risque ou vivent avec un problème de santé mentale, soit près d'un quart de la population d'avant-guerre.

Le système psychiatrique public, déjà vétuste et sous-financé avant 2022, se retrouve engorgé.

A Poltava, le psychiatre Oles Telioukov, 56 ans, confirme avoir "davantage de travail" et sait qu'il en aura "encore plus" quand le conflit se terminera.

Mi-mars, son unité pour femmes prévue pour 40 patientes en comptait 47. Les hospitalisations y durent généralement quelques semaines pour traiter "les crises aiguës".

La plupart des malades sont ensuite redirigées vers des psychologues et travailleurs sociaux. Seules quelques naufragées restent longtemps.

- Rechutes -

Environ 10% des 712 patients de l'hôpital psychiatrique de Poltava étaient, mi-mars, des déplacés, principalement des régions dévastées de Kherson, Donetsk, Lougansk et Kharkiv.

Parmi eux, il y a des évacués de Kherson, une ville bombardée constamment par la Russie depuis sa libération par l'armée ukrainienne en novembre 2022.

Ces violences, selon M. Telioukov, peuvent exacerber des maladies mentales existantes. La ruine causée par l'invasion entrave aussi l'accès aux traitements, souvent onéreux et importés, pour stabiliser les pathologies et éviter les rechutes.

Atteinte de schizophrénie, Olga Beketova, 49 ans, raconte avoir été victime des grandes pénuries du début de la guerre. Pendant plusieurs semaines, elle n'a plus eu de médicaments.

En mai 2022, elle a fait une crise à son domicile et a été hospitalisée à Kherson, puis évacuée à Poltava. Le regard figé, Mme Beketova raconte lentement avoir eu en 2024 un AVC qu'elle attribue "à toute cette angoisse".

- "Petites flammes" –

Le médecin français Christian Carrer est le fondateur de l'organisation humanitaire AICM, qui aide 257 établissements médicaux ukrainiens, dont 15 hôpitaux psychiatriques.

En mars, son ONG a livré à celui de Poltava des vivres, du matériel et des traitements pour "l'épilepsie, les crises générales et de schizophrénie" et pour restaurer "les cycles du sommeil et des repas".

Faute de moyens, observe Christian Carrer, des psychiatres ukrainiens "endorment" leurs patients avec des sédatifs inappropriés. "Là, on a livré des produits qui diminuent les effets de la schizophrénie, ou de toute tendance dangereuse, mais sans abrutir", explique-t-il.

L'Ukraine a entamé en 2017 une modernisation de son système de santé. Interrompue par la guerre, cette réforme n'a pas atteint les hôpitaux psychiatriques, toujours organisés à la soviétique, en grandes chambrées de dizaines de patients, témoigne M. Carrer.

Beaucoup de malades - adultes comme enfants - y passent leurs journées allongés, sans activité. Christian Carrer les appelle "les petites flammes" : "Des gens qui sont là sans être là."

- "Déstigmatiser" -

Dans son bureau, le docteur Telioukov évoque deux militaires qu'il a soignées : l'une traumatisée par un bombardement à Poltava en septembre 2024 (59 morts), l'autre par six mois de détention dans une prison russe.

Il pense que cette dernière a subi des violences sexuelles, comme de nombreux prisonniers ukrainiens. Cependant, "elle ne s'est pas confiée entièrement".

Le médecin montre les salles dont il a la charge. Elles ne portent pas de numéros, comme souvent, mais des noms de couleurs.

"C'est pour dé-sti-gma-ti-ser, se débarrasser de la bureaucratie !", lance l'énergique psychiatre.

Dans la salle "Rose", on cherche Olga Klimova pour lui dire au revoir. On la retrouve alitée, au fond à gauche, entourée d'une dizaine de patientes. Quand elle aperçoit l'équipe de l'AFP, elle lève la main et fait un grand sourire.

C.Rojas--TFWP