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Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken doit s'entretenir mardi avec son homologue russe Sergueï Lavrov, pour décider de la suite à donner à une crise ukrainienne à haut risque.
Après des échanges écrits entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide, l'heure est de nouveau à la discussion orale, avec cet échange téléphonique crucial.
Les Etats-Unis ont reçu une réponse écrite de la Russie à leur propre courrier de la semaine dernière sur la crise ukrainienne, a déclaré lundi un porte-parole de la diplomatie américaine, sans vouloir préciser la teneur de ce dernier échange épistolaire.
Le point de blocage principal: Moscou réclame que l'Otan ferme sa porte à tout nouveau pays membre venu d'Europe de l'Est et, en particulier, à l'Ukraine. Une demande jugée inacceptable par les Occidentaux, et notamment par Washington, car elle équivaudrait à reconnaître à la Russie une sphère d'influence réservée.
Cet échange téléphonique très attendu survient au lendemain de vifs débats au Conseil de sécurité de l'ONU entre la Russie et les Etats-Unis au sujet des troupes massées par Moscou à la frontière de l'Ukraine.
Les Occidentaux accusent les Russes d'avoir massé plus de 100.000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une possible invasion.
Le Kremlin assure de son côté ne pas avoir l'intention d'attaquer mais réclame des "garanties" formelles de sécurité: outre l'assurance juridique que l'Ukraine n'entrera jamais dans l'Otan, le retour aux déploiements militaires de l'Alliance atlantique à ses portes tels qu'ils étaient en 1997.
Les Etats-Unis et l'Otan ont rejeté ces demandes-clés dans des courriers la semaine dernière, mais Washington a laissé la porte ouverte à des négociations sur d'autres thèmes, comme le déploiement de missiles ou des limites réciproques aux exercices militaires.
- "Créer l'hystérie" -
Lors de la réunion du Conseil de sécurité, l'ambassadeur de Russie aux Nations unies Vassily Nebenzia a accusé Washington de chercher à "créer l'hystérie" et à "tromper la communauté internationale" avec des "accusations infondées".
Il s'est fait un plaisir de renvoyer les Etats-Unis à l'un des chapitres les plus embarrassants de leur histoire diplomatique, l'invasion de l'Irak en 2003 sur la base d'accusations de la présence d'armes de destruction massive qui n'ont jamais été trouvées.
Son homologue américaine Linda Thomas-Greenfield a estimé de son côté que le déploiement de plus de 100.000 militaires russes autour de l'Ukraine menaçait "la sécurité internationale". Assurant détenir des "preuves", elle a accusé Moscou de vouloir déployer début février plus de 30.000 militaires supplémentaires au Bélarus, dont le régime est très proche du Kremlin.
Parallèlement, les manoeuvres diplomatiques continuent, tout comme les préparatifs de sanctions.
Les Etats-Unis comme le Royaume-Uni, qui est l'un des terrains d'investissement favoris des grandes fortunes russes, ont dit lundi vouloir taper au portefeuille le premier cercle du pouvoir russe et des proches du Kremlin.
Du côté de Londres, les oligarques russes risqueront le gel de leurs avoirs au Royaume-Uni et l'impossibilité d'entrer sur son territoire. Il sera également impossible pour une entreprise ou un individu au Royaume-Uni d'effectuer des transactions avec eux.
- Boris Johnson à Kiev -
Les Européens souhaitent ne pas être en reste des efforts diplomatiques menés par Washington.
Au moment où les chefs de la diplomatie américaine et russe se parlent au téléphone, le Premier ministre britannique Boris Johnson doit se rendre mardi à Kiev, où il doit discuter avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Nous exhortons la Russie à reculer et à engager un dialogue pour trouver une solution diplomatique et éviter de nouvelles effusions de sang", exhorte dans un communiqué publié lundi le dirigeant britannique, qui espère s'entretenir cette semaine avec Vladimir Poutine.
Le Premier ministre britannique doit proposer cette semaine à l'Otan un déploiement de troupes pour répondre à la montée de "l'hostilité russe" envers l'Ukraine.
Le président français Emmanuel Macron s'active également, après un nouvel entretien téléphonique lundi --le second en quatre jours-- avec Vladimir Poutine.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, son homologue allemande Annalena Baerbock ainsi que le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki sont attendus cette semaine à Kiev.
Sur le front militaire, les mouvements se poursuivent également. Plusieurs pays occidentaux ont annoncé ces derniers jours l'envoi de nouveaux contingents en Europe orientale.
L.Rodriguez--TFWP