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En piste pour l'élection à la présidence du Comité international olympique (CIO), le Français David Lappartient, patron du comité olympique français (CNOSF) et de l'Union cycliste internationale (UCI), veut rencontrer Donald Trump et affirme, dans un entretien à l'AFP, que les Russes ont "vocation à reprendre une place" dans le sport mondial.
QUESTION: Quelles sont les conséquences du retour de Donald Trump à la Maison Blanche pour le mouvement sportif mondial?
REPONSE: "Je crois qu'il n'est pas contesté qu'il aime le sport. Il avait même organisé un +Trump tour+ (à la fin des années 80, ndlr), (qui se voulait un) concurrent au Tour de France. Je me dis qu'un homme qui organise des courses de vélo, par définition, il y a peut-être quelque chose de bon! Il a un soutien au sport de manière générale. Si je devais être élu, j'ai plusieurs voyages immédiats et indispensables: Milan-Cortina, puisque c'est là qu'auront lieu les prochains JO (en 2026, ndlr), Los Angeles (hôte des Jeux d'été en 2028), et cela me semble aussi légitime d'aller rencontrer le président des États-Unis. Ce sera l'occasion de réaffirmer l'autonomie du mouvement sportif, que c'est au CIO de définir qui devait participer ou pas aux Jeux."
Q: Il pourra aussi être question de l'Agence mondiale antidopage (AMA, financée à moitié par le CIO), à laquelle les USA ont récemment refusé de verser leur contribution financière?
R: "On voit bien qu'avec la sortie de l'OMS (Organisation mondiale de la santé, ndlr), la sortie de l'accord sur le climat, il y a une volonté que le multilatéralisme soit remis en cause. Cela va être naturellement un sujet, et je rappelle que l'attribution à Salt Lake City des JO de 2034 est conditionnée à ce sujet-là (le respect de l'autorité de l'AMA, ndlr)."
Q: Les incendies de Los Angeles vous inquiètent pour les JO de 2028?
R: "Les faits nous démontrent qu'il y a un réchauffement climatique. Je n'ai pas d'inquiétude majeure sur la capacité de Los Angeles à organiser les JO. Cela a une conséquence sur les capacités à assurer (financièrement) l'annulation de l'événement. Il faudra tirer aussi les conclusions en termes de défense incendie, des moyens mis, des capacités à réagir."
Q: Sur la question de la participation des sportifs transgenres aux compétitions, un de vos concurrents, le Britannique Sebastien Coe, plaide pour une clarification. Quelle est votre position?
R: "Avec les décrets très récents que Trump a pris, cela sera aussi un sujet. Tout le monde est le bienvenu dans le monde du sport, les transgenres sont les bienvenus. Mais la participation des transgenres aux compétitions dans le sexe dans lequel ils voudraient concourir n'est pas un droit fondamental, dans la mesure où cela ne doit pas altérer ou remettre en cause l'égalité des chances et une compétition équitable. En athlétisme, en cyclisme, cela peut avoir une influence. Est-ce qu'en équitation, en voile, en tir, cela affecte une compétition équitable? Le CIO dit que cela doit être régulé sport par sport, ce qui n'est pas illogique. Il faudra approfondir, je pense qu'on ne peut pas se passer d'un travail scientifique qui prend forcément du temps."
Q: Envisagez-vous le retour des Russes dans les compétitions sportives?
R: "Historiquement, les Russes ont toujours été une nation sportive et le rôle et la mission même du CIO, c'est d'unir les gens de manière plus pacifique par le sport. Ils ont vocation à naturellement reprendre une place dans le monde du sport. Il y aura une décision à prendre en temps utile sur le sujet, mais un pays n'a pas vocation à être définitivement exclu du mouvement olympique, ça c'est clair. Pour Milan 2026, je pense qu'il ne faut pas se hâter à répondre à cette question, en fait."
Q: Comment envisagez-vous le futur des JO d'hiver?
R: "Les Jeux d'hiver sont plutôt victimes du réchauffement que l'inverse, donc il ne faut pas inverser l'ordre des choses. La neige de culture ne me semble pas forcément une mauvaise chose à plusieurs conditions, que le cycle global de l'eau et de l'énergie soit globalement assez neutre par exemple. L'idée c'est quand même de privilégier la neige naturelle, mais aujourd'hui la neige de culture existe dans les stations de ski. Comme Paris 2024 a été respectueux de plein d'enjeux environnementaux, les Jeux de 2030 (dans les Alpes françaises) doivent aussi s'engager là-dedans."
Q: Quels sont vos atouts par rapport aux autres candidats pour diriger le CIO?
R: "Je ne me suis pas préparé toute ma vie mais mon amour des JO, c'est 1984, Carl Lewis. J'ai peut-être une singularité, c'est que je connais les deux piliers finalement de l'olympisme, que sont les fédérations internationales et les comités nationaux olympiques, comme Seb Coe. Je pense avoir combiné aussi la jeunesse et l'expérience, parce qu'il faut quand même être connecté aussi avec le monde réel (le Français a 17 ans de moins que le Britannique, ndlr)."
Propos recueillis par Déborah CLAUDE et Cyril TOUAUX
L.Davila--TFWP