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Après 15 mois de guerre dans la bande de Gaza, Israël a annoncé dimanche l'entrée en vigueur du cessez-le-feu avec le Hamas, avec près de trois heures de retard lié à la publication par le Hamas du nom des otages devant être libérées dans la journée.
Cette mise en oeuvre, à la veille du retour à la Maison Blanche de Donald Trump, de l'accord conclu mercredi lève l'espoir d'une paix durable dans le territoire palestinien, Israël s'étant toutefois déjà réservé le droit de reprendre les armes.
En vertu de l'accord, les armes devaient se taire à 06H30 GMT, mais invoquant le retard pris par le Hamas à identifier le premier groupe d'otages libérables dans la journée, Israël a mené dimanche de nouvelles frappes à Gaza qui ont fait huit morts selon la Défense civile locale.
Le Hamas a ensuite annoncé avoir publié les noms des trois Israéliennes libérables dans la journée, et le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé dans la foulée l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à 09H15 GMT.
Le Hamas avait justifié son retard par "des complications sur le terrain et la poursuite des bombardements".
"Nous avons passé la nuit à rassembler nos affaires et nous étions sur le chemin de retour chez nous quand nous avons entendu le bruit des bombardements", témoignait avant le début effectif de la trêve Mohammad Baraka, un déplacé dans le sud de Gaza.
- Avertissement de Netanyahu -
Arraché mercredi par les médiateurs -Qatar, Etats-Unis, Egypte- sous forte pression internationale, l'accord ambitionne à terme, selon Doha, de déboucher sur la "fin définitive" de la guerre, déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Mais Benjamin Netanyahu a prévenu samedi qu'il s'agissait "d'un cessez-le-feu provisoire" et que son pays se gardait "le droit de reprendre la guerre si besoin et avec le soutien des Etats-Unis".
Hostile à l'accord de trêve, le parti du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême-droite) a annoncé qu'il quittait la coalition de M. Netanyahu, dont le gouvernement conserve toutefois toujours une courte majorité au Parlement.
Selon les termes de l'accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés, dans une première phase étalée sur six semaines.
Trois points d'accueil des otages israéliens ont été installés à la frontière sud d'Israël avec Gaza, aux passages de Kerem Shalom, Eretz et à celui proche du kibboutz Réïm, a précisé un responsable militaire. Les captifs seront pris en charge par des médecins.
- "Respirer de nouveau" -
Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages libérables, selon Paris. Ils ont été enlevés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, relâchés lors d'une première trêve d'une semaine en novembre 2023.
"Quand ils franchiront la frontière (de Gaza) et qu'ils seront réunis avec leurs familles, alors peut-être que nous pourrons respirer de nouveau", a dit à l'AFP samedi soir Shahar Mor Zahiro, neveu d'un otage décédé.
Israël a lui désigné 95 détenus palestiniens libérables dimanche, des femmes et mineurs en majorité, la plupart arrêtés après le 7-Octobre. Leur libération interviendra après 14H00 GMT, selon les autorités.
Parmi les prisonniers appelés à être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah, arrêté, écroué en 2019.
- 600 camions d'aide -
D'après le président américain Joe Biden, la première phase de l'accord comprend aussi un retrait israélien des zones densément peuplées à Gaza et une augmentation de l'aide humanitaire dans le territoire menacé par la famine selon l'ONU.
Les autorités égyptiennes ont précisé que l'accord prévoyait "l'entrée de 600 camions d'aide par jour", incluant 50 camions de carburant.
Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.
Au moins 46.899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.
Considérablement affaibli, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est toutefois encore loin d'être anéanti, contrairement à l'objectif qu'avait fixé Benjamin Netanyahu, selon des experts.
L.Davila--TFWP