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Le Parlement sud-coréen se prononce vendredi sur une motion de destitution à l'encontre du président par intérim Han Duck-soo, accusé d'entraver l'enquête sur la tentative ratée du président déchu d'imposer la loi martiale qui a plongé le pays dans une grave crise politique.
Les députés sud-coréens ont voté le 14 décembre en faveur du limogeage du président conservateur Yoon Suk Yeol qui avait imposé la loi martiale et envoyé l'armée au Parlement au début du mois, avant de reculer quelques heures plus tard.
Le Premier ministre Han Duck-soo assure l'intérim de la présidence. M. Yoon est, lui, suspendu en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle, qui doit valider ou invalider la destitution dans les six mois.
Mais l'opposition reproche à M. Han de refuser de pourvoir trois des neuf sièges de la Cour, censée prendre une décision à la majorité des deux tiers quant à la destitution du président Yoon.
Elle a déposé une motion de destitution qui sera soumise au vote vendredi, a indiqué à l'AFP un porte-parole du Parti démocrate, la principale force d'opposition.
Dans ce texte, l'opposition affirme que M. Han "entrave intentionnellement l'enquête spéciale visant à interroger les personnes impliquées dans la rébellion et a clairement fait part de son intention de rejeter les nominations de trois juges de la Cour constitutionnelle", non pourvus en raison du départ à la retraite de leurs titulaires.
De telles actions, soutient la motion, "violent le devoir de tout responsable public de faire respecter la loi (...) et servir la population".
Pour le président du Parti démocrate, Lee Jae-myung, "l'+autorité intérimaire+ s'est transformée en une +autorité insurrectionnelle+".
Si la motion est adoptée, il s'agira de la première destitution d'un président par intérim après celle du président titulaire dans l'histoire de la Corée du Sud. Le ministre des Finances, Choi Sang-mok, deviendrait alors le nouveau président par intérim.
"Notre économie et le gagne-pain des gens (...) ne peuvent supporter une aggravation de l'incertitude politique", a mis en garde M. Choi lors d'une conférence de presse, se prononçant contre la destitution de M. Han.
Signe des préoccupations des investisseurs quant à la quatrième économie d'Asie: vendredi matin, le won sud-coréen a plongé à son plus bas niveau en près de 16 ans face au dollar.
- Audience à la Cour constitutionnelle -
Han Duck-soo, un haut-fonctionnaire de carrière de 75 ans, soutient que son statut de président intérimaire ne lui donne pas le pouvoir de procéder des nominations importantes. Il exige que le choix des juges de la Cour constitutionnelle fasse d'abord l'objet d'un accord entre le Parti du pouvoir au peuple (PPP, au pouvoir) et les formations d'opposition.
Malgré la vacance de plusieurs sièges, la Cour constitutionnelle doit tenir vendredi une première audience sur la destitution de Yoon Suk-Yeol.
Si les trois sièges vacants ne sont pas pourvus avant la fin de la procédure, les six juges restants devront statuer à l'unanimité pour chasser définitivement M. Yoon du pouvoir. Un seul vote contre la destitution signifierait donc son rétablissement automatique dans ses fonctions.
Le refus de M. Han de nommer les nouveaux juges prouve "qu'il n'a ni la volonté ni les compétences pour respecter la Constitution", a déploré le chef de file des députés du Parti démocrate à l'Assemblée, Park Chan-dae.
Le président déchu Yoon Suk Yeol, 64 ans, est par ailleurs sous le coup d'une enquête pour "rébellion", un crime passible de la peine de mort.
Le Bureau d'enquête sur la corruption, qui centralise les investigations, a déjà convoqué deux fois le président déchu pour l'interroger sur les événements de la nuit du 3 au 4 décembre, qui avaient sidéré le pays. Mais M. Yoon ne s'est présenté à aucune de ces convocations.
Les enquêteurs lui ont adressé jeudi une troisième convocation pour une audition dimanche matin.
M.T.Smith--TFWP