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Des heurts sporadiques entre manifestants et policiers ont éclaté mardi dans la capitale du Mozambique, largement déserte, a constaté l'AFP, au lendemain de la confirmation de la victoire électorale contestée du parti Frelimo, au pouvoir depuis 1975.
Après une nuit de violences et plus de deux mois de manifestations depuis le scrutin présidentiel du 9 octobre, Maputo reste figée dans un climat de peur et d'insécurité en cette veille de Noël.
Les principales routes menant à Maputo et à la grande ville voisine de Matola restent bloquées par des barricades et des pneus qui brûlent, dégageant d'âcres panaches noirs, et celle menant à l'aéroport de Maputo restait largement impraticable, a constaté l'AFP.
La police, en véhicules blindés, patrouille le centre, où des centaines de manifestants, répartis en petits groupes épars, ont repris place dans l'après-midi, provoquant les forces de l'ordre avec des jets d'objets ou en initiant des incendies.
Des barrages sur les grands axes, composés de rondins et de blocs de pierre, ont brûlé la veille, recouvrant la capitale d'épaisses fumées.
De nombreuses boutiques, banques, supermarchés, stations-essence et bâtiments publics ont été mis à sac, leurs vitrines brisées et leurs contenus pillés, ou incendiés, présentant de sinistres décombres au petit matin.
"L'hôpital central de Maputo fonctionne dans des conditions critiques, plus de 200 salariés n'ont pas pu se rendre sur le site", a affirmé à l'AFP Mouzinho Saide, son directeur, précisant avoir reçu près de 90 blessés, "dont 40 par armes à feu et quatre à l'arme blanche".
La plupart des riverains restent chez eux, les rares à s'aventurer dehors contemplent les dégâts ou tentent de faire des emplettes urgentes.
Impossible d'acheter de l'essence, du pain, même les petites épiceries de quartier ont fermé. Les transports publics sont paralysés.
Seuls les véhicules funéraires et les ambulances circulent.
Lundi, après la confirmation de la victoire du Frelimo par la plus haute cour du pays, des manifestants, déjà présents sur les barricades, ont exprimé leur colère jusque tard dans la soirée.
A cette période habituellement dans ce pays d'Afrique australe, les derniers préparatifs joyeux de Noël embouteillent le centre.
- "Humiliation du peuple" -
Des véhicules et plusieurs bâtiments publics, commissariats ou postes de péage sur les routes, ont aussi été vandalisés dans des villes de la partie septentrionale du pays, selon les médias locaux, en particulier dans les provinces de Cabo Delgado, Nampula, Zambezia et Tete, où l'opposition est forte.
La contestation post-électorale sans précédent a déjà fait plus d'une centaine de morts depuis octobre et le principal opposant Venancio Mondlane, 50 ans, qui revendique la victoire, a appelé à durcir le mouvement.
Les Mozambicains réclament "la vérité électorale", a-t-il répété sur Facebook lundi. "Nous devons continuer le combat, rester unis et forts".
Malgré les irrégularités soulevées par nombre d'observateurs lors du scrutin présidentiel, le Conseil constitutionnel a confirmé lundi l'élection de Daniel Chapo, candidat du Frelimo, à la présidence avec 65,17% des voix, rabotant son score de plus de 5 points par rapport aux résultats initialement rapportés par la commission électorale.
A l'Assemblée nationale, le parti conserve une large majorité de 171 sièges sur 250, malgré 24 sièges de moins qu'annoncé en octobre.
"Venancio", comme l'appelle la rue, n'a pas désarmé mardi, accusant, dans un nouveau message sur les réseaux sociaux, le Conseil constitutionnel de "légaliser la fraude" et "l'humiliation du peuple".
"Nous voulons créer une Cour constitutionnelle populaire, qui consacrera Venancio Mondlane comme président, je serai assermenté et investi" par celle-ci, a-t-il ajouté dans l'après-midi, parlant de lui à la troisième personne.
Daniel Chapo, qui doit prendre ses fonctions à la mi-janvier, avait choisi un ton conciliant lors de son discours de victoire lundi.
"Nous allons continuer à parler à tout le monde", y compris avec le premier opposant, a promis l'ancien gouverneur provincial sans expérience de l'Etat.
F.Carrillo--TFWP