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Le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, a eu vendredi une rencontre "positive" avec des diplomates américains arrivés à Damas pour un premier contact formel avec le pouvoir, dominé par des islamistes radicaux qui ont renversé Bachar al-Assad, a indiqué un responsable syrien à l'AFP.
"La rencontre a eu lieu et elle était positive. Et les résultats seront positifs si Dieu le veut", a indiqué ce responsable qui a requis l'anonymat.
Une conférence de presse prévue dans la journée par la délégation américaine, qui comprend Barbara Leaf, la responsable du Moyen-Orient au sein du département d'Etat, a toutefois été annulée pour des "raisons de sécurité", a annoncé une porte-parole américaine à Damas.
M.Chareh, connu jusqu'à présent par son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani, est le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) classé comme "terroriste" par plusieurs pays dont les Etats-Unis, et est lui même visé par des sanctions américaines.
Après plus de 13 ans de guerre civile qui a morcelé et dévasté le pays, la victoire de l'alliance rebelle menée par HTS a mis fin à un demi-siècle de pouvoir sans partage du clan Assad et de répression.
Mais les nouveaux dirigeants sont désormais scrutés sur leur respect des droits humains, leur traitement des minorités dans un pays multiethnique et multiconfessionnel, et l'avenir des régions kurdes semi-autonomes du nord de la Syrie.
Les femmes sont "absolument indispensables" pour reconstruire la Syrie, a affirmé vendredi la directrice générale de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence de l'ONU, Amy Pope.
Jeudi, des centaines de personnes ont manifesté à Damas pour la démocratie et les droits des femmes.
"L'ère du silence est révolue. Nous serons à l'affût de toute position qui porterait préjudice aux femmes et ne l'accepterons pas", a assuré Majida Moudarres, une manifestante de 50 ans.
Au même moment, des milliers de personnes manifestaient à Qamichli, dans le nord-est, en soutien aux forces kurdes qui tentent de repousser des offensives de combattants soutenus par la Turquie, alliée du nouveau pouvoir.
Dans la capitale, des habitants ont reçu sur leur téléphone portable des messages adressés au "peuple de Damas, ville de jasmin", pour participer vendredi au "festival de la libération" sur la place des Omeyyades, au coeur de la ville.
- "Un moment historique" -
La délégation américaine doit aussi rencontrer à Damas des représentants de la société civile pour discuter "de leur vision de l'avenir de leur pays et de la manière dont les Etats-Unis peuvent les soutenir", selon le département d'Etat.
Cette délégation, première mission diplomatique formelle dépêchée par les Etats-Unis à Damas depuis le début de la guerre civile, comprend notamment Roger Carstens, chargé de collecter des indices sur les Américains portés disparus en Syrie comme le journaliste Austin Tice, kidnappé en août 2012.
Dès le matin, des employés et des gardes se sont affairés devant le bâtiment de l'ambassade des Etats-Unis, préparant les voitures pour la délégation.
La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'ONU avaient déjà envoyé des émissaires à Damas.
La chute de Bachar al-Assad a été accueillie par des scènes de liesse, près de 14 ans après le début de la guerre civile déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, qui a fait un demi-million de morts et poussé à l'exil six millions de Syriens.
"Le peuple syrien se trouve à un moment historique et à un moment d'opportunité, et cette opportunité ne doit pas être manquée", a affirmé jeudi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.
- 2.000 soldats américains -
Méfiants, les Occidentaux cherchent néanmoins à établir des liens avec les autorités de transition, conscients du risque de fragmentation du pays et de résurgence du groupe jihadiste Etat islamique, EI, jamais totalement éradiqué dans le pays.
L'armée américaine a annoncé vendredi avoir tué la veille dans une frappe en Syrie un cadre de l'EI et un autre membre du groupe dans la province orientale de Deir Ezzor.
Les Etats-Unis avaient indiqué jeudi avoir doublé ces derniers mois leurs effectifs militaires en Syrie dans le cadre des opérations contre l'EI, les portant à environ 2.000 personnes.
Washington soutient les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, qui contrôlent les zones semi-autonomes du nord de la Syrie.
La situation reste particulièrement volatile dans cette partie du pays, où la communauté kurde, longtemps opprimée, craint de perdre l'autonomie limitée qu'elle a chèrement acquise depuis 2011.
En parallèle, des combats opposent des groupes soutenus par la Turquie à des combattants kurdes soutenus par Washington.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a une nouvelle fois vendredi appelé à "éradiquer" les "organisations terroristes" en Syrie, citant l'EI et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection séparatiste en Turquie.
L.Rodriguez--TFWP