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Le président français Emmanuel Macron va discuter jeudi à Varsovie avec le Premier ministre polonais Donald Tusk d'un renforcement du soutien à l'Ukraine dans la perspective du retour de Donald Trump à la Maison blanche et de possibles négociations de paix, alors que la sortie de crise politique se fait toujours attendre en France.
Le chef de l'Etat, arrivé à 11H30 (10H30) dans la capitale polonaise, a d'abord déposé une gerbe au pied de la statue du Général de Gaulle, qui jeune capitaine, fut détaché en 1919 en Pologne, tout juste redevenue indépendante, et fut après 1945 le premier chef d'Etat occidental à s'y rendre, en 1967, en plein glacis soviétique.
Il s'est ensuite rendu chez le Premier ministre Donald Tusk pour un entretien bilatéral suivi d'un déjeuner de travail, avant une rencontre avec le président Andrzej Duda et une visite du musée de l'Insurrection de Varsovie.
Emmanuel Macron s'est engagé mardi à nommer un nouveau Premier ministre dans les 48 heures, après la censure du gouvernement de Michel Barnier, mais cette annonce ne devrait pas intervenir avant son retour à Paris dans la soirée.
Le chef de l'Etat entend capitaliser sur sa rencontre samedi à l'Elysée avec le président américain élu Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour imposer la France et les Européens dans de futures négociations.
"Macron souhaite désormais assumer un rôle de leader en matière de sécurité en Europe avant que Trump ne le fasse", relève jeudi le site polonais Defence24.
S'il a perdu la main sur la situation politique en France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin, il reste déterminé à peser sur la scène internationale.
Le président français va faire part des résultats de ses discussions avec MM. Trump et Zelensky, alors que les Européens redoutent une baisse du soutien américain à l'Ukraine avec le retour du président élu à la Maison Blanche le 20 janvier.
Il va faire le point sur le "soutien européen" à l'Ukraine dans un "nouveau contexte transatlantique", a indiqué l'Elysée.
- Garanties de sécurité -
"Il faut continuer à soutenir aussi intensément et longtemps l'Ukraine que nécessaire pour qu'elle aborde le moment venu des négociations en position de force", ajoute-t-on à la présidence française.
La situation en Ukraine sera au coeur du sommet européen du 19 décembre à Bruxelles. La Pologne, qui assumera la présidence tournante du Conseil de l'UE au premier semestre 2025, est en première ligne dans le soutien à ce pays depuis le début de l'offensive russe en février 2022.
Donald Trump, qui entrera le 20 janvier à la Maison Blanche, a appelé à un "cessez-le-feu immédiat" et à des négociations pour mettre fin au conflit en Ukraine après sa rencontre samedi avec Volodymyr Zelensky.
Le président ukrainien laisse entendre de son côté qu'il est disposé à attendre avant de récupérer les zones occupées par l'armée russe (près d'un cinquième du pays). Mais il réclame des garanties de sécurité "effectives" de ses alliés afin de prévenir toute nouvelle offensive russe contre son pays.
A défaut de perspective rapide d'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, à laquelle Washington et Berlin s'opposent, les Occidentaux pourraient envoyer des soldats en Ukraine, une idée déjà esquissée par le président français en février.
- Des troupes en Ukraine -
"Franchement, nous pouvons réfléchir et travailler sur la position d'Emmanuel", a lancé Volodymyr Zelensky au côté du chef de l'opposition allemande et potentiel futur chancelier Friedrich Merz lundi à Kiev.
"Il a suggéré que des troupes d'un pays (ou d'un autre) soient présentes sur le territoire de l'Ukraine, ce qui nous garantirait une sécurité tant que l'Ukraine n'est pas dans l'Otan", a-t-il ajouté.
La situation est actuellement très difficile pour l'Ukraine, dont l'armée recule sur le front Est devant des forces russes plus nombreuses et mieux armées.
Selon plusieurs médias européens, Emmanuel Macron et Donald Tusk pourraient discuter de l'envoi d'une mission européenne de maintien de la paix en Ukraine après la mise en place d'un cessez-le-feu.
Une information non confirmée par l'Elysée. "Ils vont parler des garanties de sécurité et de +l'après+ oui, à savoir à quoi peut ressembler demain, aux conditions que les Ukrainiens auront posées", relève une source diplomatique sans plus de précisions.
Selon Elie Tenenbaum, expert en défense à l'Institut français des relations internationales (Ifri), "la France et la Grande-Bretagne d'un côté, et puis les Polonais, les Baltes, les pays scandinaves, qui sont quand même très engagés, et peut-être d'autres alliés comme le Benelux" pourraient participer à un tel dispositif "a minima aéroterrestre". Soit un volume potentiel de "40.000 hommes", dit-il à l'AFP.
F.Garcia--TFWP