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En autorisant l'Ukraine à frapper la Russie avec des missiles à longue portée, Joe Biden se voit confronté en toute fin de mandat au risque d'une escalade majeure du confit, un scénario qu'il a toujours cherché à écarter.
"C'est la Russie qui provoque l'escalade" en Ukraine, a affirmé jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, quand Moscou accuse au contraire Washington d'aggraver le conflit, en ayant autorisé l'armée ukrainienne à utiliser des armes américaines pour frapper en profondeur le territoire russe.
"L'escalade majeure, c'est que la Russie se tourne vers un autre pays", a ajouté Karine Jean-Pierre, en référence au fait que des militaires nord-coréens combattent désormais contre l'Ukraine.
Quelques heures après que Kiev eut accusé la Russie jeudi d'avoir tiré un missile intercontinental contre son territoire -- une arme qui n'a jamais encore été utilisée pendant un conflit, nulle part dans le monde -- la Maison Blanche s'est efforcée de calmer les esprits.
Un haut responsable américain a assuré que les forces russes avaient employé un "missile expérimental à moyenne portée", et non un missile balistique intercontinental, ayant une portée de plus de 5.000 kilomètres et pouvant porter une charge nucléaire.
Moscou "cherche à intimider l'Ukraine et les pays qui la soutiennent en employant cette arme (...), mais cela ne changera pas la donne dans ce conflit", a affirmé cette source américaine.
Tandis que Washington "va continuer à monter en puissance dans l'aide militaire à l'Ukraine", a encore promis le haut responsable. "Nous ne nous laisserons pas intimider", a renchéri Karine Jean-Pierre pendant son point presse quotidien.
Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, le président sortant a pris la tête de la riposte occidentale, et décidé des envois massifs d'armement américain à Kiev.
Mais la politique de Joe Biden a aussi été faite de revirements et d'hésitations.
- "Apocalypse" -
Plusieurs fois, le démocrate de 82 ans a refusé de fournir certains équipements particulièrement puissants ou sophistiqués réclamés par Kiev, de crainte de nourrir une escalade majeure avec la Russie, avant de changer d'avis.
En octobre 2022, le président sortant avait suscité un vif émoi international en déclarant que, pour la première fois depuis la guerre froide, le monde était confronté au risque d'une "apocalypse" nucléaire.
Mais à quelques semaines de céder le pouvoir à son ennemi juré Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier, Joe Biden semble décidé à utiliser le temps qu'il lui reste pour soutenir Kiev autant qu'il le peut.
Il a ainsi décidé de fournir des mines antipersonnel à l'armée ukrainienne pour stopper les avancées russes, et, surtout, il a autorisé l'Ukraine à frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par les Etats-Unis, un changement stratégique majeur.
Ce feu vert a immédiatement suscité la colère de Moscou, qui a dans la foulée changé sa doctrine nucléaire -- en clair, étendant la possibilité d'un recours à l'arme atomique.
C'est "le même discours irresponsable que nous entendons de la part de la Russie depuis deux ans", a assuré la porte-parole de la Maison Blanche, indiquant que les Etats-Unis n'avaient "pas de raison" de changer leur propre stratégie nucléaire.
L'entourage de Donald Trump a également dénoncé l'autorisation donnée aux Ukrainiens de frapper en profondeur en Russie.
Donald Trump Jr, fils du milliardaire de 78 ans, a accusé Joe Biden de chercher à "déclencher la troisième guerre mondiale" avec ce feu vert, en pleine période de transition entre les deux administrations.
Très critique des dizaines de milliards de dollars débloqués par les Etats-Unis pour la guerre en Ukraine, Donald Trump a maintes fois promis de régler ce conflit rapidement -- sans jamais expliquer comment.
La perspective donne des sueurs froides à Kiev qui craint que le républicain n'impose un plan de paix favorable à la Russie, surtout au moment où l'armée russe continue de progresser dans l'est de l'Ukraine.
P.McDonald--TFWP