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Les Mauriciens attendent lundi les résultats des élections législatives pour savoir qui va gouverner leur nation insulaire de l'océan Indien pendant les cinq prochaines années, après une campagne acharnée.
Le Premier ministre sortant Pravind Jugnauth et son principal rival Navin Ramgoolam ont tous deux assuré que leurs mouvements politiques respectifs avaient triomphé aux législatives de dimanche.
Les électeurs ont exprimé leurs inquiétudes à propos de la stabilité politique et économique d'une des démocraties les plus riches et les plus stables d'Afrique, après une élection entachée par un scandale d'écoutes téléphoniques.
Le Premier ministre s'est présenté fort de la conclusion début octobre d'un accord "historique" entre Maurice et Londres sur la souveraineté de l'archipel des Chagos, vu comme un succès majeur pour le gouvernement mauricien après plus d'un demi-siècle de litige.
Mais son espoir de profiter de cet accord dans les urnes a été rapidement douché lorsque des extraits de conversations téléphoniques d'hommes politiques, membres de la société civile, diplomates et journalistes ont fuité sur les réseaux sociaux courant octobre.
En réaction, les autorités ont annoncé le 1er novembre le blocage des réseaux sociaux jusqu'au lendemain du scrutin, avant de se raviser face à l'indignation de l'opposition et des médias.
- Inquiétude -
Mais l'initiative malheureuse a encore ajouté à l'inquiétude de certains observateurs qui voient à Maurice des signes d'érosion démocratique.
Le Mouvement socialiste militant de M. Jugnauth et ses alliés espèrent conserver leur majorité à l'Assemblée nationale (ils y détenaient 42 sièges sur 70), mais l'Alliance du changement menée par Navin Ramgoolam, chef du Parti travailliste âgé de 77 ans et ancien Premier ministre, leur a donné du fil à retordre.
Pendant une campagne dynamique, parfois houleuse, les deux camps ont promis des mesures pour améliorer le quotidien des Mauriciens face à la hausse du coût de la vie malgré une forte croissance.
"Nous sommes confiants de remporter la victoire car le peuple apprécie notre bilan", a déclaré M. Jugnauth, 62 ans, après la clôture des bureaux de vote, en accusant l'opposition de vouloir perturber le bon déroulement du scrutin.
M. Ramgoolam a fait une déclaration similaire. "On va vers une large victoire demain (lundi). Le peuple attend cette libération", a-t-il lancé à des journalistes.
Les deux hommes sont membres de dynasties qui ont dominé la politique mauricienne depuis l'indépendance obtenue du Royaume-Uni en 1968.
Ils ont par ailleurs affronté une alliance qui se présente comme une alternative avec le slogan "Ni Navin, ni Pravind", et critique la corruption et le népotisme dans l'archipel.
Des policiers avaient été déployés dans les bureaux de vote à travers le pays pour assurer la sécurité des opérations, tandis que des observateurs internationaux ont surveillé le scrutin.
M. Ramgoolam avait appelé à la vigilance, craignant des fraudes, mais a plus tard assuré que le vote s'était déroulé sans incident.
- Forte participation -
Le dépouillement commence lundi matin et les résultats sont attendus dans la journée.
La participation du million d'électeurs inscrits devrait tourner autour de 80%, ont indiqué les médias locaux en se basant sur les chiffres de plusieurs bureaux de vote.
Un total de 891 candidats sont en lice. Parmi ceux-ci, 62 seront élus députés à l'issue du scrutin. Huit sièges sont alloués par la Commission de surveillance électorale pour assurer l'équilibre dans la représentation communautaire.
La nation majoritairement hindoue a connu une stabilité et une croissance remarquables depuis l'indépendance, bâtissant son économie sur le tourisme, les services financiers et le textile.
La croissance du PIB a été de 7% en 2023, mais les analystes estiment que l'île doit diversifier son économie et s'inquiètent de la mauvaise gouvernance et de la corruption en hausse.
L'île est célèbre pour ses plages spectaculaires de sable blanc bordées de palmiers et ses eaux turquoises, qui ont attiré 1,3 million de visiteurs l'an dernier.
L'accord avec le Royaume-Uni sur l'archipel des Chagos a été un succès majeur pour le gouvernement sortant, salué par M. Jugnauth comme l'achèvement de la "décolonisation".
Le texte prévoit toutefois que "pendant une période initiale de 99 ans", Londres sera "autorisé à exercer des droits souverains" sur la base militaire américaine qui s'y trouve, sur l'île de Diego Garcia.
Des observateurs ont suggéré que la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine pourrait menacer l'accord.
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J.P.Estrada--TFWP