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L'Allemagne entre jeudi dans une ère de grande incertitude après l'éclatement de sa fragile coalition gouvernementale, dans le sillage de l'élection de Donald Trump, même si Olaf Scholz va s'efforcer de rassurer ses partenaires européens lors d'une réunion à Budapest.
La fin du gouvernement du chancelier, actée de facto mercredi soir par le départ de tous les ministres libéraux, qui le prive de majorité, ne pouvait tomber à un plus mauvais moment pour la première économie européenne.
Elle est aux prises avec une grave crise industrielle et s'inquiète des répercussions pour son commerce et sa sécurité de l'élection du républicain Donald Trump comme président aux Etats-Unis.
Le chancelier va tenter d'apaiser les inquiétudes en se rendant jeudi en Hongrie à une réunion de la Communauté politique européenne (CPE), composée des 27 pays de l'UE et de leurs voisins, de la Turquie à l'Ukraine.
Elle sera suivie d'une rencontre informelle des seuls dirigeants des Vingt-Sept, pour beaucoup déjà sonnés par la victoire de Donald Trump, enclin à engager des batailles commerciales et douanières avec le Vieux continent.
- Divergences budgétaires -
La coalition gouvernementale allemande hétéroclite, qui unissait à gauche sociaux-démocrates et écologistes aux libéraux du FDP à droite, a volé en éclats suite au limogeage mercredi soir du ministre des Finances et chef de file des libéraux, Christian Lindner.
En cause: de profonde divergences entre les deux camps sur la politique budgétaire et économique à suivre, les premiers étant partisans d'une relance de l'économie nationale en panne par les dépenses, alors que les Libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.
"Nous avons besoin d'un gouvernement capable d'agir et qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays", a plaidé le chancelier social-démocrate.
Face aux "ultimatums" de son ministre des Finances, Olaf Scholz a jugé qu'il n'y avait plus "de confiance suffisante pour la poursuite d'une coopération".
Olaf Scholz espère encore pouvoir tenir quelques mois pour diriger un gouvernement minoritaire et faire adopter quelques textes de loi jugés prioritaires, en cherchant des majorité au cas par cas.
Quant au budget 2025, dont la préparation est à l'origine de la crise actuelle, c'est l'incertitude. Faute d'adoption au Parlement, une version minimum et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.
- Fin de partie mi-janvier? -
Le chancelier a annoncé qu'il allait ouvrir la voie à des élections anticipées dans le pays en se soumettant mi-janvier à un vote de confiance, qu'il a toutes les chances de perdre.
Dans ce cas, le scrutin, initialement prévu en septembre, pourrait avoir lieu "au plus tard fin mars", a indiqué Olaf Scholz.
Olaf Scholz et Christian Lindner ont étalé leurs griefs par micros interposés.
Christian Lindner a "trop souvent trahi ma confiance", a déploré Olaf Scholz, dénonçant un comportement "égoïste".
L'ex-ministre des Finances a en retour reproché au chancelier d'entraîner le pays "dans une phase d'incertitude" avec une "rupture calculée de cette coalition".
Le divorce a été acté après une ultime journée de pourparlers organisés mercredi pour tenter de sauver l'exécutif dirigé par M. Scholz depuis fin 2021.
"Ce n'est pas un bon jour pour l'Allemagne, ni pour l'Europe", a déploré la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, autre figure du parti écologiste.
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne. Mais l'équipe gouvernementale était minée depuis des mois par des dissensions sur l'économie et l'immigration, et par des querelles de personnes.
- L'ombre de Trump -
Olaf Scholz espérait que l'élection de Donald Trump, adepte du protectionnisme et des confrontations diplomatiques, forcerait sa coalition à serrer les rangs.
Mais c'est le contraire qui s'est produit. Le FDP a jugé que l'élection aux Etats-Unis rendait encore plus urgent un changement de cap économique en Allemagne.
Si des élections devaient se tenir demain, l'opposition conservatrice arriverait en tête avec plus de 30% des voix selon les sondages et son chef Friedrich Merz ferait figure de favori pour devenir chancelier.
Mais il aurait du mal lui aussi à former une coalition majoritaire, avec l'extrême droite AfD, en embuscade en deuxième position dans les enquêtes d'opinion.
S.Rocha--TFWP