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Les dirigeants européens convergent jeudi vers Budapest avec l'espoir d'afficher un front - relativement - uni face au retour de Donald Trump à la Maison Blanche, conscients que leurs désaccords seront autant de brèches dans lesquelles le milliardaire républicain ne manquera pas de s'engouffrer.
Au lendemain d'un spectaculaire come-back politique qui a sidéré l'Amérique et le monde, près d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus dans la capitale hongroise pour un sommet de la Communauté politique européenne (CPE), avant un conclave plus restreint avec seulement les 27 membres de l'UE vendredi.
Devenir du soutien à l'Ukraine, menace de désengagement militaire, retour en force des droits de douane, enjeux environnementaux: l'arrivée prochaine à Washington de l'imprévisible homme d'affaires, quatre ans après la fin de son premier mandat, place l'UE et les pays qui en sont proches face à des défis vertigineux.
"Les Européens ont vraiment le couteau sous la gorge", résume Sébastien Maillard, de l'institut Jacques Delors. "Le résultat de cette élection force l'UE à ouvrir les yeux. C'est peut-être dans des situations comme celles-ci que les choses peuvent se faire".
En dépit d'appels répétés ces derniers mois à une plus grande "autonomie stratégique" européenne, le bloc semble pris de court face à un second mandat qu'il espérait évitable.
"Pour dire les choses clairement, je ne pense pas qu'ils se soient véritablement préparés à un tel scénario", résume Guntram Wolff, du centre de réflexion Bruegel. "Il n'y a pas de plan élaboré sur la marche à suivre, que ce soit au niveau européen ou au niveau franco-allemand".
Or le fameux couple, sans lequel la machine européenne se grippe immanquablement, est en mauvaise posture.
En France, Emmanuel Macron est affaibli après la défaite de son camp lors des élections législatives. En Allemagne, Olaf Scholz vient de limoger son ministre des Finances Christian Lindner, signant la fin de la coalition avec les libéraux, et le pays se dirige vers des élections anticipées.
Le président français a certes pris l'initiative de parler avec le chancelier allemand dès la victoire de Donald Trump acquise, pour affirmer ensemble la nécessité d'une "Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte".
Mais, au-delà de cette volonté affichée, le risque de désunion au sein des 27 est réel.
- "Vraies divergences" -
"Je pense qu'il y aura de vraies divergences (entre dirigeants européens) et que cela se verra", estime Ian Lesser, du German Marshall Fund. "Quand l'équipe Trump prendra ses fonctions (le 20 janvier), elle ne se privera pas de les encourager".
En matière économique, face au "choc des droits de douane" annoncé, le danger est que "chacun aille faire son voyage à Washington", selon les termes de Sébastien Maillard.
Donald Trump, qui comparait en campagne l'UE à une "mini Chine" qui abuse de son allié américain en accumulant des excédents commerciaux massifs, dit vouloir augmenter les droits de douane entre 10 et 20% pour l'ensemble des produits entrant aux Etats-Unis.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui n'a eu de cesse d'afficher son soutien à son "ami" de Floride et a immédiatement salué son "succès éclatant", jouera une partition singulière et périlleuse à Budapest en recevant les dirigeants européens.
L'attitude de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à qui ses détracteurs reprochent un atlantisme trop marqué, sera aussi scrutée avec attention lors de ce premier sommet post-élection américaine.
Adressant ses félicitations "chaleureuses" à Donald Trump, elle est restée très prudente dans sa première réaction, se bornant à réaffirmer l'importance du "partenariat entre les peuples" européen et américain.
L'objectif de la CPE, initialement imaginée par Emmanuel Macron, est de rassembler beaucoup plus large que l'Union européenne. Au-delà des 27 membres du bloc, une vingtaine de pays ont été invités, des pays aux trajectoires radicalement différentes vis-à-vis de l'UE: des candidats déclarés (et impatients) à l'adhésion, des pays qui savent que la porte leur est fermée pour longtemps et le Royaume-Uni, qui a choisi de la quitter avec fracas.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a félicité mercredi son "ami" Donald Trump, fait partie des dirigeants attendus pour cette 5e édition. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays redoute une chute de l'aide américaine, a également annoncé sa venue.
Pour ce plus grand rendez-vous diplomatique jamais organisé en Hongrie, Viktor Orban a choisi le flamboyant stade Puskas Arena, du nom du légendaire joueur de football Ferenc Puskas, symbole de sa passion pour le ballon rond.
M.McCoy--TFWP