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Leopoldo Chávez espérait une victoire de Kamala Harris. A défaut, il demande comme d'autres migrants à Donald Trump d'ouvrir les portes des États-Unis aux hommes et aux femmes qui cherchent une vie meilleure, en refoulant les criminels.
Depuis un refuge à Ciudad Juárez, à la frontière avec les Etats-Unis, ce Mexicain et d'autres migrants latino-américains ont suivi mardi la victoire du candidat républicain, qui promet pour son retour à la Maison Blanche de mettre en oeuvre la "plus grande expulsion (de migrants) de l'histoire" américaine.
"J'espérais que Kamala gagne, car comme vous le savez, c'est Trump qui nous a mis le mur", déclare Chávez mercredi à l'AFP. Référence à la barrière que le républicain a renforcé durant son premier mandat (2017-2021) en certains endroits le long de la frontière de plus de 3.000 km.
"Mais nous n'avons rien contre lui, nous espérons simplement qu'il y aura des améliorations", nuance Chávez, qui attend un rendez-vous pour demander l'asile aux Etats-Unis via l'application mobile CBP One, mise en place par le président démocrate sortant Joe Biden pour freiner la migration illégale.
Maçon de 47 ans, il avait déjà un rendez-vous, mais son téléphone portable a été volé et il a dû recommencer les procédures.
"Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve (avec Trump). Beaucoup d'entre nous vont perdre des opportunités et d'autres en auront, mais le plus important est de prêter attention aux personnes qui entrent (...) car il y a beaucoup de criminels organisés", ajoute-t-il.
Originaire de l'état de Durango (nord-ouest), ce contremaître rêve d'un emploi aux États-Unis, qui lui permettrait de subvenir aux besoins de sa famille, surtout après les blessures causées par un accident de travail.
- "La migration ne s'est jamais arrêtée" -
A la frontière entre Ciudad Juárez et El Paso (Texas), les migrants ne sont pas nombreux au lendemain des élections aux Etats-Unis.
Les passages illégaux sont passés de 250.000 en décembre à 54.000 en septembre, selon le gouvernement sortant du président Joe Biden Biden.
"Je pense que c'est bien qu'il ait gagné, qu'il mette de l'ordre dans le pays et dans toute l'Amérique", espère le Péruvien Francisco Riveros, qui a quitté son pays il y a un mois.
Trump "a dit qu'il y aurait des améliorations, que les immigrants entreraient de manière sélective, plus de criminels, juste des travailleurs", ajoute Riveros, 40 ans.
Pendant la campagne, le milliardaire avait qualifié les migrants de "meurtriers" et même affirmé qu'ils "empoisonnent le sang" du pays. Il a menacé le Mexique d'une hausse des tarifs douaniers s'il ne freine pas "l'assaut de criminels et de drogues qui entrent dans notre pays".
A 3.000 km plus au sud, la Vénézuélienne Yuliana Gamboa, 20 ans, vend des sucreries dans les rues de Guatemala City pour continuer son voyage vers les Etats-Unis avec son compagnon, Daniel Córdova, et leur fils de deux ans.
La tristesse domine. "Lorsque nous avons appris que (Trump) avait gagné, c'était comme un coup de blues", raconte la jeune femme à l'AFP, qui cherche également à traverser la frontière légalement. "Mais avec ce qu'il a dit, nous ne savons pas si cela sera possible."
"Qu'on nous donne la possibilité de travailler et d'avancer. C'est ce que nous voulons", insiste son compagnon Daniel, dont la famille fait partie des près de huit millions de Vénézuéliens qui ont quitté leur pays en raison de la grave crise socio-économique.
Sa compatriote Deimirys Leuche, 21 ans, est arrivée mardi à Guatemala avec huit membres de sa famille.
Elle demande à Trump de ne pas leur "fermer la porte", car au Venezuela, "nous n'avions plus de vie" et "la situation ne va pas s'améliorer" après la réélection contestée du président Nicolás Maduro.
"Les frontières ont toujours été fermées (...) et la migration ne s'est jamais arrêtée", soupire Leuche.
N.Patterson--TFWP