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Pétrole, immigration, démocratie... La nouvelle stratégie de Trump vis-à-vis du Venezuela reste un mystère, quatre ans après avoir vainement tenté d'évincer du pouvoir Nicolas Maduro, un des ses ennemis historiques.
Trump qui avait imposé une politique de pression maximale contre Maduro en 2019, durcissant les sanctions financières et instaurant un embargo pétrolier, est de retour à la Maison Blanche alors que la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient rendent le brut vénézuélien plus attractif.
"Il est possible qu'il (Trump) soit plus pragmatique et qu'il cherche à faire des compromis, tout comme il est possible qu'il maintienne les sanctions, voire qu'il les durcisse, afin de conserver une image de puissance", souligne Ivan Rojas, spécialiste des relations internationales.
Trump a peu parlé du Venezuela lors de la campagne, l'évoquant surtout à travers l'immigration, un de ses chevaux de bataille.
Le Venezuela, qui a rompu ses relations diplomatiques avec Washington en 2019 sous la première présidence Trump (2017-2021), s'est dit prêt mercredi à "établir de bonnes relations" avec les États Unis. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères n'évoque pas les sanctions.
M. Maduro, qui attaque régulièrement Trump, avait déclaré lundi que le vainqueur, quel qu'il soit, "devra parler et dialoguer" avec lui.
- "Renverser le régime" -
M. Maduro a été proclamé vainqueur de la présidentielle de juillet par le Conseil électoral et la Cour suprême, considérés aux ordres du pouvoir. L'opposition, qui dit "compter" sur le soutien de Trump, crie à la fraude et revendique la victoire.
Une grande partie de la diaspora vénézuélienne a célébré le victoire de Trump, espérant qu'il mettra fin à l'ère Maduro, au pouvoir depuis 2013. Lors de son premier mandat, M. Trump s'était opposé résolument à Maduro, qui venait d'être réélu lors d'un scrutin boycotté par l'opposition.
Outre les sanctions, il avait même déclaré que "toutes les options", y compris militaires, étaient sur la table.
Trump "pourrait essayer de répéter sa politique à l'égard du Venezuela, c'est-à-dire de faire tout ce qui est possible pour renverser le régime", estime la politologue Vanda Felbab-Brown, de Brookings Institution à Washington, soulignant que "ce ne sera pas plus facile que lors de son premier mandat".
Pour y voir plus clair, il faut attendre l'annonce de l'équipe chargée des Affaires étrangères, avertit Christopher Sabatini, chercheur sur l'Amérique latine à Chatham House.
"Si c'est (le sénateur) Marco Rubio ou un de ses proches, cela entraînera un durcissement de la politique à l'égard du Venezuela et de Cuba avec malheureusement, une rhétorique plus dure et non-constructive", affirme M. Sabatini.
Il estime que cela "favoriserait" une "plus grande influence” dans la région de la Chine et de la Russie, alliés importants de M. Maduro.
Le président sortant Joe Biden avait tenté une ouverture avec M. Maduro, après l'invasion russe de l'Ukraine et les tensions générées sur les marchés du pétrole et du gaz. La guerre au Moyen-Orient a encore accentué cette tension sur le brut.
- Immigration -
Biden avait ainsi assoupli l'embargo, accordé des licences d'exploitation à des multinationales pétrolières et échangé des prisonniers, tout en demandant des garanties démocratiques. Sans succès.
Trump pourrait aussi essayer "de négocier", estime M. Sabatini : "Il y a ses inclinations narcissiques à croire qu'il peut négocier avec des dictateurs".
L'un des thèmes prioritaires de la campagne du candidat républicain a été l'immigration. Il a promis des expulsions massives, sans préciser comment il procèdera.
Entre 2021-2024, 764.000 Vénézuéliens sans papiers ont été interceptés à la frontière avec le Mexique. Biden avait obtenu du Venezuela l'autorisation d'expulser les Vénézuéliens vers leur pays mais Caracas ne collabore plus depuis la réélection contestée de Maduro. Trump pourrait être tenté de faire des concessions pour pouvoir reprendre les expulsions.
M.Delgado--TFWP