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L'Unédic, qui gère le régime d'assurance chômage, a annoncé mardi des prévisions financières revues à la baisse, à l'heure où les partenaires sociaux ont relancé de délicates et rapides négociations sur l'indemnisation des demandeurs d'emploi et l'emploi des seniors.
L'organisme paritaire prévoit 300 millions d'euros d'excédents en 2024. Un montant revu à la baisse par rapport à juin (+900 millions).
Le solde serait ensuite de 1,8 milliard en 2025, 3,5 milliards en 2026 et 9,4 milliards en 2027, sous réserve pour cette dernière année qu'il n'y ait plus de ponctions de l’État sur les comptes du régime.
Car "au-delà du contexte économique dégradé, le solde du régime est affecté" par ces prélèvements de l’État — sous forme de moindres compensations d'exonérations —, souligne l'organisme. Pour 2024, "il aurait été de 3,1 milliards sans ces prélèvements".
Dans ce contexte, l'Unédic a du mal à rembourser sa dette, qui atteindrait "44,3 milliards en 2027" et "comprend toujours la +dette Covid+", lorsque l'organisme avait pris en charge des mesures d'urgence pour soutenir le marché du travail à hauteur de 18,1 milliards.
- "Remonter au front" -
Ces nouvelles prévisions ont été publiées alors que les organisations syndicales et patronales ont entamé à la mi-journée un nouveau cycle de négociations sur l'assurance chômage et l'emploi des seniors, avec l'objectif d'aboutir avant le 15 novembre.
Les partenaires sociaux ne repartent pas d'une feuille blanche, mais d'un accord conclu en novembre 2023. Signé par la CFDT, FO, la CFTC et les organisations patronales, il n'avait pas été validé par le gouvernement faute de dispositions sur les seniors.
Les signataires avaient prévu par avance le volume d'économies à réaliser sur le chômage des seniors: 440 millions d'euros sur la période 2024-2027.
Ces économies devaient passer par un relèvement de deux ans des bornes d'âge ouvrant droit à une période d'indemnisation plus longue. Mais la négociation senior avait échoué en avril.
Les nouveaux échanges sur l'assurance chômage ont été consacrés mardi à une actualisation du chiffrage de l'accord de novembre, qui se voulait financièrement équilibré.
Olivier Guivarch, négociateur CFDT, a pointé "un contexte favorable à la négociation". Il a noté que l'actualisation du chiffrage montre "un peu plus de réductions de dépenses que prévu".
Denis Gravouil (CGT) a regretté pour sa part que les économies dégagées par cet accord se fassent au détriment des chômeurs. Les économies supplémentaires atteindraient quelque 800 millions d'euros sur quatre ans.
"On a bien l'intention de remonter au front", a prévenu M. Gravouil, pointant "un problème d'équilibre flagrant".
Sur l'emploi des seniors, sujet "enchassé" avec l'assurance chômage avec le même timing de discussions, syndicats et patronat se sont entendus mardi soir sur quatre thèmes de discussions: dialogue social, entretiens professionnels de mi-carrière, mesures pour favoriser l'emploi, mesures pour aménager les fins de carrières.
Les syndicats, qui réclament que les retraites progressives, aujourd'hui peu répandues en France, puissent être accessibles sans que l'employeur ne puisse refuser ("droit opposable"), craignent que comme au printemps, les discussions "coincent" sur ce point.
L'"opposabilité" est une "ligne rouge", a confirmé Eric Chevée (CPME), côté patronal. Le patronat doit arriver avec un premier projet d'accord pour la prochaine séance mardi prochain, et un premier texte sur l'assurance chômage plus tard dans la semaine.
Dans un contexte budgétaire ultra contraint, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a demandé aux partenaires sociaux de trouver 400 millions d'euros d'économies supplémentaires par an.
Pour Olivier Guivarch (CFDT), les partenaires sociaux n'ont "pas forcément le temps" de se pencher sur cette demande "et ce n'est peut être pas justifié quand on regardera l'équilibre général financier et politique".
Côté patronal, M. Chevée a fait savoir que l'objectif n'était pas de "faire une croix" sur cette demande, Hubert Mongon (Medef) espérant aussi "atteindre si possible l'enveloppe".
En cas d'échec des discussions, le gouvernement reprendra la main.
Pour la CGT l'hypothèse d'un retour de la réforme Attal, dénoncée unanimement comme "violente" par les syndicats, est une "menace aimablement brandie par le patronat" mais "tout à fait virtuelle".
F.Carrillo--TFWP