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Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a appelé mardi Israël à "tirer parti" de la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, au moment où Israël multiplie les frappes au Liban contre le Hezbollah, allié du mouvement islamiste palestinien.
M. Blinken, en visite à Jérusalem, a également pressé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de prendre des "mesures supplémentaires" pour permettre à l'aide humanitaire, contrôlée par Israël, de "parvenir aux civils d'un bout à l'autre" du territoire palestinien assiégé, selon le département d'Etat.
Pendant que les deux dirigeants se rencontraient, des frappes aériennes israéliennes ont visé la banlieue sud de Beyrouth, un fief du mouvement islamiste libanais, en grande partie désertée par ses habitants, un mois après le début de la guerre au Liban dont le bilan dépasse désormais les 1.500 morts.
Une vidéo de l'AFP montre un immeuble de 11 étages s'effondrant comme un château de cartes, après avoir été visé par un missile.
M. Netanyahu a assuré à son interlocuteur que la mort de Yahya Sinouar "pourrait avoir un effet positif sur le retour des otages" retenus à Gaza, selon son bureau.
Yahya Sinouar, considéré comme le cerveau de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre, a été tué le 16 octobre par des soldats israéliens. Sa mort a porté un coup sévère au Hamas, qu'Israël a promis de détruire.
M. Blinken espère aussi dissuader une escalade militaire entre Israël et l'Iran, qui soutient le Hamas et le Hezbollah, après l'attaque de missiles iranienne du 1er octobre contre Israël.
Les deux dirigeants, selon le bureau de M. Netanyahu, ont discuté mardi de la "nécessité" pour leurs deux pays "d'unir leurs forces" contre "la menace iranienne".
L'entretien, selon cette source, a également porté sur "le type de gouvernement" qui pourrait être mis en place après la guerre à Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
- Un téléphone sous les ruines -
La guerre dans la bande de Gaza a gagné le Liban, où Israël mène depuis le 30 septembre une offensive terrestre dans les zones frontalières du sud de pays afin d'y neutraliser le Hezbollah et permettre le retour de 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis un an.
Israël multiplie de son côté ses frappes, notamment dans le secteur de Beyrouth où un bombardement a fait lundi 18 morts, selon les autorités libanaises, près du plus grand hôpital public du pays, situé hors des bastions traditionnels du Hezbollah.
Des enfants jouaient dehors et, "quand le premier missile est tombé, suivi d'un autre, je les ai vus déchiquetés", a témoigné Ola Fahed Eid, une actrice habitant le quartier.
L'hôpital Rafic Hariri a été légèrement endommagé. Sur le site de la frappe, au milieu des gravats de plusieurs bâtiments, un photographe de l'AFP a vu mardi des secouristes fouiller les décombres où l'on entendait la sonnerie d'un téléphone portable.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Volker Türk s'est déclaré mardi "horrifié" par cette frappe et a exigé une "enquête rapide et approfondie".
Washington avait affirmé lundi oeuvrer à un règlement "au plus vite" du conflit au Liban qui serait basé sur l'application de la résolution 1701 de l'ONU datant de 2026, prévoyant que seuls les Casques bleus de l'ONU et l'armée libanaise soient déployés dans le sud du Liban.
Dimanche et lundi, l'armée israélienne avait étendu ses attaques au système financier du mouvement en bombardant des bureaux de la société de microcrédit Al-Qard al-Hassan, liée au Hezbollah.
L'armée a annoncé mardi la mort en Syrie d'un haut responsable chargé des "transferts de fonds du Hezbollah" et affirmé avoir visé un bunker du groupe contenant "des dizaines de millions de dollars".
Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban depuis les premières frappes israéliennes massives le 23 septembre contre le Hezbollah, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
A la mi-octobre, l'ONU recensait près de 700.000 déplacés dans le pays.
- "Seize jours de siège" -
Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne mène depuis le 6 octobre une offensive meurtrière contre le Hamas dans le nord, qui a poussé à la fuite des dizaines de milliers de personnes.
A Jabalia, où l'armée a appelé de nouveau la population à évacuer, "de nombreux hommes" ont été arrêtés, a raconté à l'AFP Nevin Al-Dawasah, une ambulancière réfugiée non loin de là, dans la ville de Gaza, après "16 jours de siège" dans un centre de déplacés.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
Au moins 42.718 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne menée en représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
H.M.Hernandez--TFWP