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La présidente sortante moldave Maia Sandu a salué lundi la victoire du "oui" au référendum sur l'adhésion à l'UE, obtenue de justesse malgré "un combat injuste" et des "ingérences sordides", avec Moscou dans le viseur.
Face à ces "graves accusations", le Kremlin a exigé des "preuves", tout en dénonçant des "anomalies" dans le comptage des voix du référendum.
"Nous avons remporté une première bataille dans un combat difficile qui va déterminer l'avenir de notre pays", a déclaré sur Facebook la candidate de 52 ans, sonnant la mobilisation des électeurs en vue du second tour de la présidentielle début novembre.
Après une longue course en tête du "non", le "oui" a finalement pris le dessus (50,45%), à quelques milliers de voix près, grâce au vote de la diaspora, selon les résultats quasi-définitifs.
Dans sa première réaction officielle en pleine nuit, la cheffe d'Etat avait déjà fustigé un assaut "sans précédent contre la démocratie" et promis de "ne pas plier".
"Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d'euros, de mensonges et de propagande" pour tromper et corrompre des électeurs, a déclaré Mme Sandu, le visage grave.
La Commission européenne, qui suit de près le scrutin, a évoqué "un contexte d'interférence et d'intimidation sans précédent de la part de la Russie".
- Second tour difficile en vue -
Car cette victoire sur le fil, sans remettre en cause les négociations d'adhésion avec les Vingt-Sept, "affaiblit en quelque sorte l'image pro-européenne de la population et le leadership de Maia Sandu", commente pour l'AFP le politologue français Florent Parmentier, spécialiste de la région.
Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions, cette ex-économiste de la Banque mondiale à la réputation d'incorruptible est devenue en quatre ans une personnalité européenne de premier plan.
"Exaspérer Moscou, impressionner l'Europe, sauver son pays une fois de plus - voilà qui est Maia Sandu", a réagi lundi le Premier ministre polonais Donald Tusk, vantant "une nation courageuse".
Dans un environnement géopolitique compliqué, avec la guerre russe en Ukraine et la Géorgie accusée de dérive autoritaire prorusse, la Moldavie donnait à Bruxelles matière à espérer, souligne l'expert.
Or après ce référendum très disputé, un succès de Mme Sandu au second tour, le 3 novembre, est loin d'être assuré.
Avec 42% des voix, elle devance largement Alexandr Stoianoglo (26%), ex-procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses. Mais celui-ci peut compter sur les réserves de voix de petits candidats.
- "Divisions" -
"Nous avons de grandes chances de gagner le 3 novembre et nous gagnerons", a-t-il lancé au siège du parti, brocardant le gouvernement pour son "échec retentissant et honteux".
Pendant la campagne, cet homme à l'allure sévère avait appelé à "restaurer la justice" devant un pouvoir n'hésitant pas selon l'opposition à brimer les droits et plaidé pour une politique étrangère "équilibrée", de l'UE à la Russie.
Dans les rues de Chisinau, la capitale, des habitants se félicitaient d'un "test électoral" réussi pour la Moldavie, en dépit des "difficultés", d'autres disant au contraire leur inquiétude devant le virage occidental trop marqué pris sous Maia Sandu.
Ce double vote "a mis en lumière les profondes divisions" du pays, a commenté pour sa part dans une note Marta Mucznik, analyste de Crisis Group, appelant Bruxelles et Chisinau à "revoir leur stratégie" sur fond de "tensions croissantes".
Entre opérations de corruption et de désinformation, la police moldave a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d'interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou.
Un système massif d'achat de votes a été révélé, visant jusqu'à un quart des électeurs attendus aux urnes. Avec, à la manœuvre, l'oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude.
F.Carrillo--TFWP