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Israël a mené lundi des frappes aériennes contre une société financière liée au Hezbollah au Liban, au moment où l'armée élargit son offensive contre le mouvement islamiste soutenu par l'Iran après bientôt un mois de guerre.
Des bombardements ont visé lundi à Tyr et à Nabatiyeh, deux villes du sud du Liban, des bureaux de la société financière Al-Qard al-Hassan, soumise à des sanctions américaines, faisant "d'immenses dégâts", selon l'agence de presse libanaise Ani.
Elargissant son offensive au-delà des cibles militaires visées jusqu'à présent, l'armée a annoncé lundi avoir mené des frappes "sur des dizaines d'installations utilisées" par le Hezbollah "pour financer ses activités terroristes contre l'Etat d'Israël", précisant avoir visé les secteurs de Beyrouth, du sud du Liban et avoir "frappé le territoire libanais en profondeur".
Sur les lieux de la frappe près de Beyrouth, des photographes de l'AFP ont vu un monceau de décombres et de métal tordu.
Al-Qard Al-Hassan est une institution financière liée au Hezbollah qui octroie des microcrédits dans le pays où le système bancaire traditionnel s'est effondré en raison de la crise économique. Elle fait partie d'un réseau d'associations, d'écoles et d'hôpitaux qui ont assis sa popularité au sein de la communauté chiite et au-delà.
Selon l'armée, "des milliards de dollars" appartenant au Hezbollah sont entreposés dans les caisses d'Al-Qard al-Hassan.
L'armée poursuit pendant ce temps ses opérations terrestres menées depuis le 30 septembre dans le sud du Liban, le long de la frontière avec le nord d'Israël, où elle a promis de neutraliser le Hezbollah, un allié du Hamas palestinien.
Israël affirme vouloir permettre le retour d'environ 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023.
Le Hezbollah, très affaibli par la campagne de frappes aériennes massives lancée le 23 septembre et la mort de plusieurs de ses chefs, continue néanmoins à tirer des roquettes sur le nord d'Israël. L'armée a affirmé lundi que "des dizaines de projectiles" venant du Liban avaient été tirés depuis le matin.
"Non seulement nous sommes en train de battre l'ennemi mais nous le détruisons dans tous les villages le long de la frontière, des sites que le Hezbollah voulait utiliser comme bases pour des attaques contre Israël", a déclaré dimanche le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, en rendant visite aux soldats déployés dans le nord.
- "Négocier avec le feu" -
Des bombardements pendant la nuit de dimanche à lundi ont aussi visé plusieurs localités du sud du Liban, où une ambulance des services de secours du Hezbollah a été touchée par une frappe qui a fait des blessés, selon l'Ani.
Dans l'est, l'Ani a rapporté qu'un drone avait frappé une zone densément peuplée de Baalbeck, faisant des victimes.
Alors que l'émissaire américain, Amos Hochstein, est arrivé à Beyrouth lundi, le quotidien pro-Hezbollah Al-Akhbar a titré: "Hochstein négocie avec le feu", avec une photo montrant un avion sur l'aéroport de Beyrouth et en arrière-plan de la fumée s'élevant après un bombardement.
L'aéroport international de Beyrouth jouxte la banlieue sud de la capitale, visée depuis la fin septembre par des frappes aériennes répétées.
Quelque 850.000 personnes vivaient jusqu'alors dans ces quartiers, profitant d'un réseau d'écoles, d'hôpitaux, de banques, voire de ministères et d'administrations publiques, et où le Hezbollah a réussi à consolider sa popularité grâce à un son vaste réseau d'associations caritatives.
Au moins 1.470 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. A la mi-octobre, l'ONU recensait près de 700.000 déplacés.
- "Mourir de faim" -
Parallèlement, l'armée israélienne a de nouveau intensifié ces derniers jours son offensive dans la bande de Gaza contre le Hamas, en particulier dans le nord qui a été à nouveau bombardé lundi. Quatre Palestiniens ont été tués, selon la Défense civile.
"Nous sommes pris au piège, sans nourriture, eau et médicaments, et risquons de mourir de faim au milieu des décombres et destructions", a témoigné auprès de l'AFP Ahmad Saleh, 36 ans, un habitant de Beit Lahia, dans le nord, où un bombardement a fait 73 morts samedi, selon la Défense civile.
Avant cette frappe, la Défense civile avait fait état de "plus de 400 morts" dans le nord de Gaza depuis le début d'une nouvelle offensive lancée le 6 octobre par l'armée israélienne, qui accuse le mouvement islamiste palestinien de chercher à reconstituer ses forces dans le secteur de Jabalia.
Des témoins ont affirmé à un correspondant de l'AFP que l'armée avait fait exploser plusieurs maisons lundi à Jabalia.
Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, a affirmé qu'il continuerait à se battre malgré la mort de son chef, Yahya Sinouar, tué le 16 octobre par des soldats israéliens et considéré comme le cerveau de l'attaque sans précédent contre Israël du 7 octobre 2023.
Cette attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
Au moins 42.603 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne menée en représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
T.Gilbert--TFWP