AEX
-1.3100
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a déclaré vendredi à Pékin à son homologue chinois, Wang Yi, qu'il espérait que les deux pays puissent discuter de leurs différends "de manière constructive".
Sa venue dans la capitale chinoise intervient dans un contexte de réchauffement des relations entre le Royaume-Uni et la Chine, après des années de tensions liées notamment aux critiques de Londres sur la répression politique à Hong Kong.
David Lammy est par ailleurs le premier ministre britannique à se rendre dans le pays asiatique depuis que le travailliste Keir Starmer a pris la tête du gouvernement en juillet.
Avant sa visite, malgré le dégel diplomatique en cours, Londres avait promis que le ministre allait "interpeller" Pékin sur les relations sino-russes dans le contexte de la guerre en Ukraine, les droits humains ou encore Hong Kong - ex-colonie britannique rendue à Chine en 1997.
David Lammy et Wang Yi se sont serrés la main devant les drapeaux de leurs deux pays au complexe diplomatique de Diaoyutai, grand jardin parsemé de bâtiments officiels, avant d'entamer leurs entretiens.
Le chef de la diplomatie britannique a déclaré devant son hôte qu'il subsistait des domaines dans lesquels Pékin et Londres avaient "des perspectives différentes".
Mais il a indiqué espérer que les deux pays puissent "trouver un espace pour discuter de ces domaines de manière constructive".
"Aucun de nous n'a intérêt à une escalade ou à davantage d'instabilité", a déclaré David Lammy à Wang Yi.
- Tapis rouge -
Le ministre britannique avait eu des entretiens vendredi matin avec le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang, qui l'avait accueilli sur un tapis rouge au Palais du peuple, un imposant bâtiment officiel au bord de la célèbre place Tiananmen de Pékin.
Durant sa visite de deux jours, le responsable britannique entend trouver un point d'équilibre entre le renforcement des liens avec la Chine, partenaire commercial majeur, et l'évocation des questions sensibles.
Il doit également rencontrer des chefs d'entreprises britanniques à Shanghai (est).
Sa venue est également l'occasion de confirmer le réchauffement relatif des liens diplomatiques, après les tensions liées notamment aux critiques récurrentes du Royaume-Uni sur la répression par la Chine du mouvement pro-démocratie à Hong Kong.
Les deux pays se sont aussi mutuellement accusés d'espionnage et Londres a dénoncé des cyberattaques contre ses élus.
La Chine et le Royaume-Uni avaient renoué le contact à haut niveau en août lors d'un appel téléphonique entre le président chinois Xi Jinping et Keir Starmer.
Les deux pays "ont des intérêts communs, notamment en ce qui concerne la transition vers une énergie verte à l'échelle mondiale, et des liens économiques profonds", avait indiqué jeudi Londres.
- "Cesser son soutien" -
La plus grosse pomme de discorde reste toutefois pour le Royaume-Uni la campagne de Pékin pour limiter la liberté de la presse et les manifestations à Hong Kong.
Londres critique les nouvelles lois sur la sécurité nationale dans le territoire et déplore une érosion des libertés civiles. Mais la Chine avance qu'elle a ainsi réussi à rétablir l'ordre dans le territoire et voit toute critique comme une ingérence dans ses affaires intérieures.
A quelques jours du déplacement de David Lammy en Chine, Keir Starmer avait appelé mercredi à la libération du magnat des médias Jimmy Lai, une figure majeure du mouvement pour la démocratie à Hong Kong, actuellement emprisonné pour atteinte à la sécurité nationale.
Autre dossier sensible: la guerre en Ukraine. Selon Londres, David Lammy va durant sa visite "demander instamment à la Chine de cesser son soutien politique et économique à l'effort de guerre russe".
La Chine appelle à des pourparlers de paix et au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays, sous-entendu Ukraine comprise.
Mais elle n'a jamais condamné la Russie pour son invasion, lancée en 2022, et les liens économiques et militaires Pékin-Moscou se sont même renforcés depuis cette date.
L'organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé vendredi David Lammy à placer le respect des droits humains au "centre" des relations bilatérales.
mjw-reb-lgo-ehl/cn
P.McDonald--TFWP