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Michel Barnier expose vendredi ses projets sur l'immigration à la frontière franco-italienne, avec deux ministres du gouvernement de Giorgia Meloni dont les initiatives en la matière sont regardées de près par plusieurs pays européens comme la France, où l'extrême droite a mis la coalition gouvernementale sous "surveillance".
Le Premier ministre français se rend avec son ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à Menton (Alpes-Maritimes) pour une "réunion de travail" avec deux ministres du gouvernement italien associant la droite et l'extrême droite, Antonio Tajani (Affaires étrangères) et Matteo Piantedosi (Intérieur). Ils iront aussi à Vintimille en Italie, autre lieu emblématique de passage de migrants.
Ce déplacement, le premier de Michel Barnier à l'étranger hormis un passage éclair jeudi à Bruxelles, est organisé au lendemain d'un sommet européen qui portait sur ce même sujet inflammable.
Les dirigeants européens se sont dits favorables à une nouvelle loi pour "accélérer" les expulsions de migrants illégaux, même si des désaccords persistent sur l'initiative de l'Italie de recourir à des centres d'accueil ("hubs de retour") dans un pays tiers, en l'occurrence l'Albanie.
Poussée par plusieurs États membres, dont la France et l'Allemagne, où l'extrême droite ne cesse de progresser dans les urnes, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait proposé un nouveau texte pour faciliter ces "retours", en citant cette mesure controversée.
- Coopération -
Ces centres ne sont qu'une "goutte d'eau" et "pas une solution" pour des "grands pays" comme l'Allemagne, a déclaré le chancelier Olaf Scholz. L'Espagne y est opposée pendant que la France, prudente, invite à "favoriser les retours lorsque les conditions le permettent", plutôt que "dans des hubs en pays tiers", selon l'Elysée.
Reste à savoir ce qu'en dira Michel Barnier qui a participé jeudi à Bruxelles à une réunion de sa famille politique, le Parti populaire européen (PPE, droite), dont "une grande partie reprend désormais les thématiques des trois groupes d'extrême droite sur l'immigration", souligne Marc Lazar, professeur à Sciences Po et à l'université Luiss de Rome.
Cette visite permet aussi au locataire de Matignon, ancien commissaire européen et négociateur du Brexit, de montrer son implication sur les questions européennes, qu'il considère comme un "domaine partagé" avec le président Emmanuel Macron et non "réservé" au chef de l'État.
Le déplacement vise, selon une source diplomatique italienne, à "renforcer davantage la coopération migratoire et transfrontalière" entre les deux pays. Avec au menu la lutte contre l'immigration irrégulière et le contrôle des frontières, complète l'entourage de Michel Barnier.
Le Premier ministre français et Antonio Tajani, qui est aussi vice-président du Conseil des ministres italien, se connaissent bien depuis leurs années bruxelloises. M. Tajani avait salué la nomination de Michel Barnier à Matignon en rappelant le "bon travail fait ensemble à Bruxelles", selon la source italienne.
M. Tajani a salué jeudi à Bruxelles la venue de Michel Barnier, longtemps élu de la Savoie voisine, qui "va renforcer l’amitié franco-italienne".
- Tensions -
En affichant sa "bonne entente" avec le gouvernement italien, le gouvernement français pourra se "démarquer" de l'exécutif précédent, qui avait connu des moments de tension avec Rome, rappelle M. Lazar.
L'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait en 2023 proposé son "aide" à Giorgia Meloni pour "tenir sa frontière extérieure", quand cette dernière réclamait davantage de solidarité envers l'Italie pour l'accueil des migrants.
Début octobre, les deux gouvernements avaient convenu de créer début 2025 une unité de coopération pour échanger des renseignements sur les réseaux de passeurs de migrants, sur le modèle d'une structure fonctionnant depuis 2020 entre la France et le Royaume-Uni.
Les ministres devraient insister aussi sur le contrôle des frontières intérieures, même si en France ce contrôle est rétabli quasiment sans discontinuer tous les 6 mois depuis 2017 pour menace persistante, comme le prévoit le règlement européen.
Michel Barnier est également attendu sur le contenu de la nouvelle loi sur l'immigration, promise pour début 2025, soit seulement un an après la dernière, qui avait fracturé le camp macroniste. Les propositions du très droitier Bruno Retailleau le divisent à nouveau alors qu'ils sont partenaires du même gouvernement.
Une telle loi fait partie des conditions posées par le Rassemblement national pour ne pas faire tomber le gouvernement, qui ne dispose pas de majorité à l'Assemblée nationale.
D.Johnson--TFWP