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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a présenté jeudi à Bruxelles son "plan de victoire", martelant que son pays, en difficulté sur le champ de bataille, devait être en position de force avant toute négociation.
"L'Ukraine est prête à faire une vraie place à la diplomatie mais, pour cela, nous devons être forts", a-t-il lancé devant les dirigeants des 27 Etats membres avant de retrouver plus tard dans la journée les 32 ministres de la Défense de l'Otan.
Plus de deux ans et demi après le début de l'invasion russe, l'Ukraine recule, notamment sur le front oriental du Donbass. L'armée russe a revendiqué jeudi matin la conquête d'un village près de la ville Kourakhove, située au sud de celle de Pokrovsk, un important carrefour logistique pour l'armée ukrainienne.
Après avoir déjà défendu son plan à Washington, Londres, Paris, Berlin et Rome, le président ukrainien en a révélé mercredi les grandes lignes devant le Parlement à Kiev.
Levée des restrictions dans l'usage des armes que les Occidentaux fournissent à l'Ukraine, déploiement sur le territoire ukrainien d'armes de dissuasion non nucléaires... Aucune de ces demandes n'a pour le moment rencontré de soutien du côté des Alliés.
- Rêve d'une adhésion à l'Otan -
Le plan présenté par M. Zelensky préconise également d'adresser dès maintenant à Kiev une invitation à rejoindre l'Otan, la seule véritable garantie de sécurité pour son pays, selon le président ukrainien.
Mais là encore, il faudra faire preuve de patience. Jeudi, comme la veille, Mark Rutte s'est ainsi borné à rappeler le caractère "irréversible" du cheminement de l'Ukraine vers l'Otan.
Les Etats-Unis, où la présidentielle aura lieu le 5 novembre, se refusent pour l'instant à aller au-delà.
"L'Ukraine sera membre de l'Otan", a affirmé jeudi matin Rutte, mais si "la question est de savoir quand, je ne peux pas répondre pour l'instant", a-t-il ajouté.
Concernant le plan ukrainien, qui sera "sur la table" de la réunion des ministres de l'Otan jeudi soir, le nouveau secrétaire général de l'Alliance a jugé mercredi qu'il envoyait un "signal fort". Mais, a-t-il aussitôt ajouté, "cela ne signifie pas que je peux dire ici que je soutiens l'ensemble du plan".
Les pays baltes se sont montrés plus enthousiastes, appelant leurs partenaires à l'Otan et à l'UE à soutenir ce plan.
"J'espère que ce plan ne sera pas juste un morceau de papier et qu'il sera suivi d'actions et de mesures", a ainsi jugé le ministre estonien de la Défense Hanno Pevkur.
"C'est une guerre existentielle. La Russie est une menace existentielle pour l'Europe et j'espère que les Etats membres vont continuer à soutenir l'Ukraine", a déclaré de son côté Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'UE.
- "Notre hésitation" -
Mais plusieurs autres pays se montrent plus prudents, redoutant une escalade avec la Russie ou, plus prosaïquement, pour des raisons budgétaires. "Notre hésitation est le meilleur moyen et le plus direct vers l'escalade", a toutefois estimé jeudi à Bruxelles le président lituanien Gitanas Nauseda.
A l'Otan la ligne officielle reste la même, y compris depuis l'arrivée de Mark Rutte au début du mois. "Nous travaillons très dur pour être sûrs qu'ils (les Ukrainiens) l'emportent", a-t-il promis mercredi devant la presse.
Mais "il y a plusieurs façons de définir la victoire ou de définir la défaite", fait valoir un responsable de l'Alliance atlantique.
Pour certains des 32 pays de cette organisation, les revers de la Russie au début de son "opération spéciale" en 2022 sont déjà une victoire en soi, autorisant un compromis, préférable à une guerre longue et coûteuse, explique un autre diplomate de l'Otan.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a d'ailleurs appelé mercredi à "tout faire" pour empêcher la poursuite du conflit en Ukraine, y compris en discutant avec le président russe Vladimir Poutine, en concertation toutefois avec Kiev.
"C'est le pire moment pour entamer des négociations maintenant parce que la Russie se sent la plus forte", a encore averti M. Nauseda.
P.Navarro--TFWP