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L'armée israélienne a mené mercredi des dizaines de frappes aériennes au Liban, tuant 16 personnes dans une ville du sud du pays et provoquant d'importantes destructions, près d'un mois après le début d'une guerre ouverte contre le Hezbollah libanais.
Une attaque aérienne imputée à Israël a par ailleurs visé dans le nuit de mercredi à jeudi la ville côtière syrienne de Lattaquié, rarement touchée, y provoquant des incendies, a rapporté l'agence officielle locale Sana sans faire état de victimes.
Cette frappe a ciblé "un entrepôt d'armes", selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, une ONG basée au Royaume-Uni et disposant d'un vaste réseau de sources dans le pays.
Israël accuse fréquemment le Hezbollah, contre qui il est en guerre ouverte depuis le 23 septembre au Liban, d'acheminer des armes depuis la Syrie, un pays soutenu par l'Iran au même titre que le mouvement islamiste libanais.
Plus au sud, au Yémen, les Etats-Unis ont annoncé jeudi matin (mercredi soir heure de Washington) avoir eu recours à des bombardiers B-2 pour détruire des entrepôts souterrains d'armement des Houthis, un groupement qui attaque le trafic de cargos en mer Rouge et est également financé par Téhéran.
Mercredi, l'armée israélienne a indiqué avoir visé "des dizaines de cibles du Hezbollah" près de Nabatiyeh, un fief du mouvement et de son allié chiite Amal dans le sud du Liban, où Israël mène une offensive terrrestre depuis le 30 septembre.
Le maire de la ville, Ahmad Kahil, a été tué dans l'une des frappes qui a visé deux bâtiments de la municipalité et un centre médical adjacent, a précisé la gouverneure Howaida Turk, évoquant "un massacre".
Au total, 16 personnes ont péri et 52 ont été blessées à Nabatiyeh, d'après le ministère de la Santé libanais. Le coordinateur de la branche humanitaire de l'ONU au Liban, Imran Riza, a dénoncé une "attaque désastreuse".
A Cana, "plus de 15 bâtiments ont été entièrement détruits, un véritable désastre", a déclaré un secouriste, Mohammed Ibrahim, après un raid israélien meurtrier. L'armée a dit y avoir tué un commandant du Hezbollah.
Mercredi soir, les casques bleus de la Force de paix de l'ONU (Finul) ont par ailleurs affirmé qu'un char israélien avait tiré sur l'une de ses tours de guet dans le sud du Liban, parlant de "tirs directs et visiblement délibérés".
- "Catastrophe" -
Les frappes israéliennes sur la localité de Tayr Debba, près de Tyr, ont fait trois morts, selon l'Agence nationale d'information (Ani), citant le ministère de la Santé.
Il y a eu également sept raids aériens en moins de 10 minutes sur la localité de Khiam, proche de la frontière, dans le sud du Liban, toujours selon l'Ani.
Des frappes de l'aviation israélienne ont visé la région du Hermel, et la localité de Iaat, à près de sept kilomètres de Baalbeck, dans la Bekaa (est), selon l’agence.
L'armée israélienne a également bombardé la banlieue sud de Beyrouth, où elle a affirmé avoir visé un entrepôt d'"armes stratégiques" du Hezbollah.
Mercredi, la Maison Blanche a répété avoir "dit directement à Israël" son "opposition" à des frappes contre "les zones densément peuplées de Beyrouth" et demandé "de ne pas menacer la vie des civils", des Casques bleus et des soldats libanais.
De son côté, le Hezbollah a fait état de "violents combats rapprochés" avec les soldats israéliens près d'un village frontalier dans le sud du Liban. Il a également dit avoir lancé pour la troisième fois en 24h une "salve de roquettes" sur Safed dans le nord d'Israël, et avoir détruit un char israélien à l'aide d'un "missile guidé".
Selon l'armée, "environ 90 projectiles" ont été tirés dans la journée par le Hezbollah contre Israël. Selon des secouristes, quatre personnes ont été légèrement blessées par des éclats.
L'Unicef a qualifié de "catastrophe pour tous les enfants du Liban" la destruction d'au moins "28 installations d'approvisionnement en eau" affectant "plus de 360.000 personnes", principalement dans le sud du pays, exposant les enfants à des maladies comme le choléra ou l'hépatite.
- "Pas défait" -
Depuis près d'un mois, au moins 1.373 personnes ont été tuées au Liban, d'après un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés.
Le Hezbollah, affirmant agir en soutien au Hamas, avait ouvert un front contre Israël le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien ayant déclenché la guerre à Gaza.
Après près d'un an d'échanges de tirs frontaliers avec le Hezbollah et après avoir affaibli le Hamas à Gaza, l'armée israélienne a déplacé le front de la guerre au Liban.
Israël affirme vouloir éloigner le Hezbollah de sa frontière et mettre un terme à ses tirs de roquettes, afin de permettre le retour dans le nord d'Israël de quelque 60.000 déplacés.
Malgré les coups durs infligés au Hezbollah, son numéro deux Naïm Qassem a affirmé que le mouvement ne serait "pas défait" par Israël.
Il a ajouté que "la solution" pour mettre fin à la guerre est "un cessez-le-feu", auquel le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est opposé.
- "Risque" de famine à Gaza -
Après plus d'un an de guerre dans la bande de Gaza assiégée, dévastée et en proie à un désastre humanitaire, les forces israéliennes mènent depuis le 6 octobre une offensive à Jabalia (nord), affirmant que le Hamas y reconstitue ses forces.
A l'approche de l'hiver, le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a mis en garde contre "un vrai risque" de famine à Gaza. "Certains membres du gouvernement israélien font de la famine une arme de guerre", a-t-il accusé.
Selon M. Lazzarini, près de 400.000 personnes sont prises au piège des combats dans le nord de Gaza et "il est devenu extrêmement compliqué" d'y faire parvenir l'aide humanitaire.
Au moins 42.409 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
D.Johnson--TFWP