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Le "plan de victoire" du président ukrainien Volodymyr Zelensky sera jeudi sur la table des ministres de la Défense de l'Otan réunis à Bruxelles, au moment où l'Alliance est plongée dans l'expectative à moins de trois semaines de l'élection présidentielle américaine.
Plus de deux ans et demi après le début de l'invasion russe, l'Ukraine recule sur le champ de bataille, notamment sur le front oriental du Donbass où chaque jour ou presque Moscou annonce la prise d'un village.
Volodymyr Zelensky est attendu jeudi à Bruxelles. Pas au siège de l'Alliance mais à quelques kilomètres de là, dans le centre-ville, où il est invité à un sommet avec les dirigeants des 27 Etats membres de l'Union Européenne.
Après avoir défendu son plan à Washington, Londres, Paris, Berlin et Rome, il en a révélé mercredi les grandes lignes devant le Parlement à Kiev.
Levée des restrictions dans l'usage des armes que les Occidentaux fournissent à l'Ukraine, déploiement sur le territoire ukrainien d'armes de dissuasion non nucléaires... Aucune de ces demandes n'a pour le moment rencontré de soutien du côté des Alliés, qui se réunissent au niveau ministériel pendant deux jours dans la capitale belge.
- Le rêve d'une adhésion à l'Otan -
Le plan présenté par M. Zelensky préconise également d'adresser dès maintenant à Kiev une invitation à rejoindre l'Otan, la seule véritable garantie de sécurité pour son pays, selon le président ukrainien.
Mais là encore, il faudra faire preuve de patience. Mercredi, Mark Rutte, le nouveau secrétaire général de l'Alliance, s'est ainsi borné à rappeler le caractère "irréversible" du cheminement de l'Ukraine vers l'Otan.
Les Etats-Unis, où la présidentielle aura lieu le 5 novembre, se refusent pour l'instant à aller au-delà. "Nous ne sommes pas au point où l'Alliance discute du lancement d'une invitation à court terme", a ainsi confirmé mercredi l'ambassadrice américaine auprès de l'Otan, Julianne Smith.
Mais le plan ukrainien sera "sur la table" de la réunion jeudi soir, a confirmé Mark Rutte.
"Il constitue, bien sûr, un signal fort de la part de M. Zelensky et de son équipe", a-t-il poursuivi. Mais "cela ne signifie pas que je peux dire ici que je soutiens l'ensemble du plan", a-t-il tempéré. Plusieurs pays se montrent prudents, redoutant une escalade avec la Russie ou, plus prosaïquement, pour des raisons budgétaires.
A l'Otan la ligne officielle reste la même, y compris depuis l'arrivée de Mark Rutte au début du mois. "Nous travaillons très dur pour être sûrs qu'ils (les Ukrainiens) l'emportent", a-t-il promis mercredi devant la presse.
- "Plusieurs façons de définir la victoire" -
Mais "il y a plusieurs façons de définir la victoire ou de définir la défaite", fait valoir un responsable de l'Alliance atlantique.
Pour certains des 32 pays de cette organisation, les revers de la Russie au début de son "opération spéciale" en 2022 sont déjà une victoire en soi, autorisant un compromis, préférable à une guerre longue et coûteuse, explique un autre diplomate de l'Otan.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a d'ailleurs appelé mercredi à "tout faire" pour empêcher la poursuite du conflit en Ukraine, y compris en discutant avec le président russe Vladimir Poutine, en concertation toutefois avec Kiev.
Les forces russes pilonnent jour après jour les villes et les infrastructures énergétiques de l'Ukraine qui réclame avec insistance davantage de systèmes de défense antiaérienne.
Dans ce contexte, l'attente était forte avant une réunion prévue samedi dernier du groupe de Ramstein -- les Etats aidant l'Ukraine -- à laquelle devait participer Joe Biden, pour relancer le soutien des Alliés à ce pays. Mais la réunion a été annulée.
Le président américain a cependant annoncé à M. Zelensky au cours d'une conversation téléphonique mercredi une nouvelle aide militaire des Etats-Unis à Kiev évaluée à 425 millions de dollars et qui comprend notamment "des capacités de défense antiaérienne supplémentaires".
L'incertitude reste toutefois totale concernant la suite de l'aide américaine en cas de victoire de Donald Trump à la présidentielle, et tous les regards sont tournés vers Washington avant le scrutin. "Nous sommes un peu en mode attente", résume un diplomate de l'Otan.
K.Ibarra--TFWP