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L'armée israélienne a mené mercredi des dizaines de frappes aériennes au Liban, tuant 16 personnes dans une ville du sud du pays dont le maire, et provoquant d'importantes destructions, près d'un mois après le début d'une guerre ouverte contre le Hezbollah libanais.
Alors que l'armée israélienne mène depuis le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du Liban, la Force de paix de l'ONU (Finul) a affirmé qu'un char israélien avait tiré sur l'une de ses tours de guet, parlant de "tirs directs et visiblement délibérés".
Israël, qui n'a pas commenté dans l'immédiat cet incident, fait déjà face à une pression croissante internationale après que la Finul a accusé son armée de "violations choquantes" contre ses positions dans cette région frontalière du nord d'Israël.
Mercredi, l'armée israélienne a indiqué avoir visé "des dizaines de cibles du Hezbollah" dans le gouvernorat de Nabatiyeh, un fief du mouvement et de son allié chiite Amal.
Le maire de la ville éponyme, Ahmad Kahil, a été tué dans l'une des frappes qui a visé deux bâtiments de la municipalité et un centre médical adjacent, a précisé la gouverneure Howaida Turk, évoquant "un massacre".
Au total, 16 personnes ont péri et 52 ont été blessées à Nabatiyeh, d'après le ministère de la Santé libanais. Le coordinateur de la branche humanitaire de l'ONU au Liban, Imran Riza, a dénoncé une "attaque désastreuse".
A Cana, "plus de 15 bâtiments ont été entièrement détruits, un véritable désastre", a déclaré un secouriste, Mohammed Ibrahim, après un raid israélien meurtrier. L'armée a dit y avoir tué un commandant du Hezbollah.
- "Catastrophe" -
L'armée israélienne a également bombardé la banlieue sud de Beyrouth, où elle a affirmé avoir visé un entrepôt d'"armes stratégiques" du Hezbollah.
Mercredi, la Maison Blanche a répété avoir "dit directement à Israël" son "opposition" à des frappes contre "les zones densément peuplées de Beyrouth" et demandé "de ne pas menacer la vie des civils", des Casques bleus et des soldats libanais.
De son côté, le Hezbollah a fait état de "violents combats rapprochés" avec les soldats israéliens près d'un village frontalier dans le sud du Liban. Il a également dit avoir lancé pour la troisième fois en 24h une "salve de roquettes" sur Safed dans le nord d'Israël.
Selon l'armée, "environ 90 projectiles" ont été tirés dans la journée par le Hezbollah contre Israël. Selon des secouristes, quatre personnes ont été légèrement blessées par des éclats.
- "Pas défait" -
Depuis près d'un mois, au moins 1.373 personnes ont été tuées au Liban, d'après un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés.
Le Hezbollah, affirmant agir en soutien au Hamas, avait ouvert un front contre Israël le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien ayant déclenché la guerre à Gaza.
Après près d'un an d'échanges de tirs frontaliers avec le Hezbollah et après avoir affaibli le Hamas à Gaza, l'armée israélienne a déplacé le front de la guerre au Liban.
Israël affirme vouloir éloigner le Hezbollah de sa frontière et mettre un terme à ses tirs de roquettes, afin de permettre le retour dans le nord d'Israël de quelque 60.000 déplacés.
Malgré les coups durs infligés au Hezbollah, son numéro deux Naïm Qassem a affirmé que le mouvement ne serait "pas défait" par Israël.
Il a ajouté que "la solution" pour mettre fin à la guerre est "un cessez-le-feu", auquel le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est opposé.
- "Risque" de famine à Gaza -
Après plus d'un an de guerre dans la bande de Gaza assiégée, dévastée et en proie à un désastre humanitaire, les forces israéliennes mènent depuis le 6 octobre une offensive à Jabalia (nord), affirmant que le Hamas y reconstitue ses forces.
A l'approche de l'hiver, le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a mis en garde contre "un vrai risque" de famine à Gaza. "Certains membres du gouvernement israélien font de la famine une arme de guerre", a-t-il accusé.
Selon M. Lazzarini, près de 400.000 personnes sont prises au piège des combats dans le nord de Gaza et "il est devenu extrêmement compliqué" d'y faire parvenir l'aide humanitaire.
Au moins 42.409 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
D.Johnson--TFWP