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La gauche a échoué mardi à faire tomber le gouvernement Barnier, sa motion de censure contre ce qu'elle qualifie de "hold-up électoral" n'ayant pas obtenu la majorité absolue à l'Assemblée, faute de soutien du Rassemblement national.
Il fallait 289 voix pour censurer ce gouvernement fraîchement nommé, la motion déposée par les quatre groupes du Nouveau Front populaire n'en a obtenu que 197. A peine plus donc que les 192 signataires du texte.
Un échec attendu par ses auteurs, à commencer par Olivier Faure, monté le premier à la tribune pour réclamer la censure d'un gouvernement né selon lui d'un "hold-up électoral" et qui n'aurait "jamais dû être nommé".
Mais le patron du parti socialiste avait reconnu par avance que M. Barnier resterait "aux commandes du pays à l'issue de cette séance", avec la bienveillance d'une extrême droite qui l'a "placé sous (sa) tutelle".
Une "validation complice" du RN également dénoncée par l'insoumise Clémence Guetté pour mieux asséner au Premier ministre que son gouvernement "est donc illégitime".
"C'est mathématique, sans le soutien du RN votre gouvernement serait renversé", a insisté la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain, y voyant "la démonstration d'un accord politique entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen".
- "Moindre mal" -
Ce dont le parti à la flamme s'est évidemment défendu, moquant par la voix de son député Guillaume Bigot une censure "boudeuse" et capricieuse" qui ne pourrait "déboucher que sur le chaos", faute de nouvelle dissolution possible avant l'été 2025.
"Notre groupe brûle de voter la censure", mais "nous ne censurerons que sur des actes", a ajouté l'élu belfortain, expliquant que son groupe "préfère pour l'instant exercer une pression" sur l'exécutif "dans une logique de moindre mal".
Avant d'être conforté à sa place, le Premier ministre avait déploré une motion "a priori" de la gauche, qui a cherché à le censurer "avant même (qu'il) n'ouvre la bouche et constitue (son) gouvernement".
M. Barnier a aussi contesté l'idée que son gouvernement soit illégitime, considérant que sa "majorité relative" était la "moins relative" possible au Palais-Bourbon, fracturé depuis les élections législatives en trois blocs, dont aucun ne dispose de la majorité absolue.
Au centre, le chef du groupe MoDem Marc Fesneau a fustigé la "démarche profondément cynique" d'une censure "pavlovienne" et "clanique", quand "la réponse est dans notre capacité à peser en trouvant des consensus parlementaires".
Le socialiste Olivier Faure n'y a d'ailleurs pas complètement fermé la porte, prenant au mot l'appel au "compromis" de Michel Barnier en l'invitant à "avancer sur la base (des) amendements" que les socialistes déposeront sur le projet de budget pour 2025.
- Réunion tendue -
"On ne peut pas se payer le luxe d'une crise politique", avait souligné plus tôt dans la journée Laurent Marcangeli, chef des députés Horizons.
Avant ce débat sur la motion de censure, Michel Barnier a pourtant eu une réunion tendue avec les députés macronistes sur fond de désaccords sur le budget.
En arrivant, le chef du gouvernement avait souhaité "fluidifier" les relations avec le principal groupe de la coalition gouvernementale, après des crispations sur les hausses d'impôt ou la ligne à droite toute du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
"Il faut qu'on apprenne à se connaître", avait reconnu le chef du gouvernement, se disant "très fier" de compter des macronistes dans son gouvernement, dont Antoine Armand (Economie) et Laurent Saint-Martin (Comptes publics) "qui font un important travail" sur le budget.
Mais, selon un participant, l'ambiance est devenue "délétère" après les questions critiques des députés. "Quand il a repris la parole, il a dit qu'il n'acceptait aucune critique et avait passé l'âge de recevoir des leçons", a résumé l'élu, ne se souvenant pas "qu'en sept ans une réunion se soit si mal passée avec un Premier ministre".
"Il est hyper susceptible" a renchéri un autre, quand d'autres députés ont relativisé ces "piques".
Le budget, qui prévoit 60 milliards d'euros d'économies, dont 40 de réduction de dépenses et 20 de hausses d'impôts, ne fait pas l'unanimité dans les rangs des macronistes qui doivent tenir une conférence de presse mercredi.
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N.Patterson--TFWP