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Le Premier ministre Michel Barnier, qui poursuit ses discussions pour former son gouvernement, se rend jeudi sur les terres savoyardes pour y retrouver les parlementaires de sa famille politique Les Républicains, qui ont formellement donné leur feu vert mercredi à leur participation à l'exécutif.
Nommé par le président Emmanuel Macron après des élections législatives qui n'ont pas permis de dégager une majorité à l'Assemblée nationale, il se rend d'abord en Savoie, puis à Annecy (Haute-Savoie) où députés et sénateurs LR se retrouveront pour leur rentrée parlementaire.
Après avoir promis mercredi de nommer un gouvernement "la semaine prochaine" et s'être réuni avec les trois formations du camp présidentiel (Renaissance, Modem et Horizons), il dialoguera avec les parlementaires LR au lendemain de leur décision formelle d'accepter de rejoindre son exécutif.
Avec 47 élus à l'Assemblée nationale, la droite joue un rôle pivot. Si son leader de LR, Laurent Wauquiez, avait dans un premier temps écarté d'y participer, la ligne a changé.
Le groupe des députés a pris cette décision à Aix-les-Bains où il s'est réuni mercredi et les sénateurs, qui ont la majorité avec les centristes à la chambre haute, l'ont adoptée simultanément à Annecy.
- "Vraie politique de droite" -
En se retrouvant en fin d'après-midi à Annecy, ils tenteront de donner un message d'unité autour de Michel Barnier, après avoir connu de fortes dissensions internes avec la décision de leur président Eric Ciotti, qu'ils tentent en vain d'exclure, de faire alliance avec le RN aux législatives.
"Nous sommes prêts à participer à un gouvernement, mais en étant attentifs sur les garanties pour une vraie politique de droite sur les sujets que nous jugeons fondamentaux", a déclaré le patron des députés Laurent Wauquiez devant les élus, selon un participant.
Candidat malheureux aux primaires de 2021, où il a été battu par Valérie Pécresse, Michel Barnier devrait être chaleureusement accueilli par sa famille politique qui a sauvé sa peau aux législatives grâce à l'ancrage local de ses élus, mais aussi grâce au barrage républicain contre le RN.
Dans son intervention devant ses députés, Laurent Wauquiez s'est déclaré préoccupé par "la reconduite de ministres sortants qui ne donneraient pas l'image du changement", exigeant que Michel Barnier "ne soit pas otage de la politique d'hier".
Il n'a pas caché non plus son opposition à la possibilité d'introduire la "proportionnelle qui menace la stabilité de nos institutions", et attend des précisions de la part de Michel Barnier sur "l'orientation sur l'immigration, la trajectoire budgétaire, le péril de l'augmentation d'impôts et la valorisation du travail".
Le RN, dont l'accord tacite a permis la nomination de Michel Barnier à Matignon, a fait de l'instauration de la proportionnelle une de ses principales revendications pour ne pas censurer le futur gouvernement.
- "Bourbier à l'Assemblée" -
Les noms de plusieurs figures de droite circulent pour d'importants ministères.
La députée et secrétaire générale de LR, Annie Genevard, a d'ailleurs été la première, sur Sud Radio, à exprimer mercredi publiquement son intérêt pour un ministère, à l'Education nationale si cela lui était proposé.
Le nom de Laurent Wauquiez, qui nourrit des ambitions pour 2027, figure parmi les prétendants au ministère de l'Intérieur.
Les "CV de LR atterrissent sur le bureau de Michel Barnier", observe un sénateur amusé, convaincu que M. Wauquiez ne peut "rester dans un bourbier à l'Assemblée, pendant que les autres prennent la lumière au gouvernement".
"Si on ne veut pas être devancé par ses troupes, il faut les devancer", analyse cette source, rappelant que Nicolas Sarkozy défend depuis 2022 que c'est à "l'intérieur du gouvernement que l'on creuse son trou".
P.Grant--TFWP