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Emmanuel Macron a prévenu lundi qu'une éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'UE prendrait "des décennies" et proposé à en attendant une "communauté politique européenne", susceptible aussi d'accueillir des pays comme le Royaume-Uni.
Cette idée, que le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé "très intéressante" lors d'une rencontre entre les deux dirigeants à Berlin, est susceptible de créer certaines frustrations parmi les candidats déjà déclarés ou potentiels à une adhésion européenne.
Le chef de l'Etat français l'a dévoilée lors de son premier discours sur l'Europe depuis a réélection, prononcé à Strasbourg.
Cette "communauté politique européenne", dont M. Macron a précisé les contours éventuels dans la foulée lors d'une conférence de presse commune à Berlin avec Olaf Scholz, pourrait offrir une "autre forme de coopération", a-t-il dit.
Cette organisation "permettrait aux nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs de trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération", a-t-il expliqué.
L'Ukraine, le Royaume-Uni, mais aussi des pays peu avancés sur la voie de l'adhésion, comme la Bosnie-Herzégovine, pourraient en être membres, en attendant l'achèvement des très longues procédures d'adhésion, qui prennent parfois plusieurs "décennies", ou en remplacement d'une appartenance au bloc dans le cas de la Grande-Bretagne, selon M. Macron.
Il a aussi mentionné les pays "qui sont embarqués dans des questions d'adhésion (...) parfois depuis des décennies", dans une allusion apparente à la Turquie.
Le chancelier allemand a saisi la balle au bond et s'est dit "très heureux de pouvoir examiner" cette idées aux côtés de M. Macron. La proposition relance le débat, déjà ancien, sur l'éventualité d'une Union européenne organisée en plusieurs cercles concentriques.
- Traités -
A Strasbourg, le président français s'est également dit favorable à des changements des traités européens afin de rendre l'UE plus "efficace et indépendante", une proposition qui se heurte déjà à l'opposition de près de la moitié des Etats membres.
"Il faudra réformer nos textes, c'est évident. L'une des voies de cette réforme est la convocation d'une convention de révision des traités. C'est une proposition du Parlement européen et je l'approuve", a déclaré le président.
La France ayant la présidence tournante du conseil de l'UE jusqu'à la fin du premier semestre, Emmanuel Macron souhaite que cette question soit abordé "avec l'audace et la liberté nécessaires" avec les dirigeants des 27 Etats membres lors du sommet prévu les 23 et 24 juin.
"Nous ne sommes pas en faveur de tentatives inconsidérées et prématurées visant à lancer" une telle procédure, écrivent ces pays, dont la Pologne, la Roumanie et la Finlande, selon un texte diffusé lundi par la Suède, également signataire.
"Nous devons améliorer en permanence le fonctionnement de notre démocratie", a de son côté souhaité Ursula von der Leyen, également présente à Strasbourg, en ce jour de fête de l'Europe.
La présidente de la Commission européenne s'est ainsi dite prête à réformer l'UE y compris "en changeant les traités si nécessaire", pour notamment abandonner le vote à l'unanimité dans certains domaines, source fréquente de blocage comme actuellement sur la question de l'embargo du pétrole russe, ou donner "un rôle plus important" à l'Europe dans la santé ou la défense.
- Conférence sur l'Europe -
De tels changements font partie des quelque 300 mesures proposées par la Conférence sur l'avenir de l'Europe, vaste consultation citoyenne née d'une idée du président français, dont le rapport final a été remis aux présidents des trois institutions européennes dans l'hémicycle du Parlement européen.
La Conférence sur l'avenir de l'Europe avait été officiellement lancée, déjà à Strasbourg, le 9 mai 2021, et s'est terminée à la même date symbolique, un an plus tard, cette fois-ci en pleine guerre en Ukraine.
Cette journée de lundi a "donné deux visages très différents du 9 mai", à la fois Journée de l'Europe dans l'UE et célébration de l'anniversaire de la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie en Russie, a souligné Emmanuel Macron.
A Moscou, "il y avait une volonté de démonstration de force, d'intimidation et un discours résolument guerrier" du président Vladimir Poutine. Tandis qu'à Strasbourg, "il y avait l'association de citoyens, de parlementaires nationaux et européens" pour "penser l'avenir" du continent, a-t-il dit.
S.Jones--TFWP