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Drapeaux canadiens en étendard, pancartes "Liberté" et slogans contre Justin Trudeau: des milliers de personnes et des centaines de camions convergaient samedi vers la capitale Ottawa pour une grande manifestation contre les mesures sanitaires.
Plus de deux heures avant le début du défilé, le centre-ville d'Ottawa était déjà envahi par des dizaines de camions klaxonnant non-stop et des centaines de manifestants, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Je veux que tout cela cesse, toute cette dérive sanitaire. Les mesures sont maintenant injustifiées", estime Philippe Castonguay, entrepreneur de 31 ans, devant le Parlement.
Venu du nord du Québec, à sept heures de route d'Ottawa, il juge que "l'obligation vaccinale nous emmène vers une nouvelle société pour laquelle on n'a jamais voté".
Ce mouvement de protestation est parti de l'ouest du pays la semaine passée: des dizaines de camionneurs organisés en convoi ont rallié Vancouver à Ottawa pour protester contre les mesures sanitaires et notamment l'obligation vaccinale pour les chauffeurs routiers.
Depuis la mi-janvier, le Canada et les Etats-Unis imposent en effet la vaccination aux camionneurs qui traversent la frontière entre les Etats-Unis et le Canada, la plus longue du monde avec près de 9.000 km.
En quelques jours, le mouvement a pris de l'ampleur et de nombreux autres convois ont rejoint le mouvement, encombrant samedi matin les routes autour de la capitale fédérale.
Le point de rendez-vous est maintenant la colline du Parlement, au coeur de la capitale fédérale, pour faire pression sur le gouvernement de Justin Trudeau.
- "Intrusion dans notre vie privée" -
"Nous ne devrions pas être obligés de nous faire vacciner, quel que soit le vaccin", explique à l'AFP Louise, qui refuse de donner son nom de famille.
"Ça devrait être un choix personnel. Le passeport vaccinal doit aussi être enlevé. Ils représentent une intrusion dans notre vie privee", ajoute la Québécoise venue soutenir les camionneurs.
Une grande partie de la colère vise personnellement le Premier ministre canadien et de nombreux manifestants arboraient sur les routes des pancartes anti-Trudeau.
A Ottawa, les abords du Parlement ont été placés sous haute surveillance par les forces de l'ordre qui craignent des débordements pendant cette manifestation décrite comme "unique, à risque et conséquente" par le chef de la police, Peter Sloly.
"Nous sommes prêts à enquêter et si besoin à arrêter et poursuivre quiconque agit de façon violente ou viole la loi lors de la manifestation ou en marge de la manifestation", a-t-il prévenu en conférence de presse vendredi.
L'enceinte parlementaire a été fermée pour le week-end et les députés mis en garde ont reçu des consignes de prudence.
"Il y aura un petit groupe de personnes qui constituent une menace pour elles-mêmes, les unes pour les autres et pour les Canadiens", s'est inquiété Justin Trudeau lors d'une entrevue vendredi avec la presse canadienne.
"Les Canadiens ne sont pas représentés par cette minorité très troublante de Canadiens, petite, mais très bruyante, qui s'en prend à la science, au gouvernement, à la société", a-t-il ajouté.
Le leader conversateur et opposant de Justin Trudeau, Erin O'Toole, qui a promis de rencontrer des camionneurs, a appelé au calme et à une manifestation pacifique.
Les camionneurs canadiens avaient reçu jeudi le soutien du milliardaire américain et patron de Tesla Elon Musk, qui a tweeté jeudi: "Les camionneurs canadiens assurent."
A ce jour, 82% des Canadiens de 5 ans et plus sont vaccinés contre le Covid-19, et plus de 90% des adultes.
Estimant que la "vaste majorité" des chauffeurs de poids-lourds est vaccinée au Canada, l'Alliance Canadienne du Camionnage, importante association du secteur, a "fortement désapprouvé" cette manifestation.
La police canadienne redoute de son côté que la mobilisation des camionneurs ne se prolonge au-delà du week-end.
A.Williams--TFWP