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Le Parlement du Venezuela a reporté l'examen mardi du projet de "loi contre le fascisme", jugé liberticide par les défenseurs des droits humains, au moment où l'opposition, qui revendique la victoire à la présidentielle de juillet, exhorte le président Nicolas Maduro à se "mettre de côté".
"Je vous écris sur les instructions du député Jorge Rodriguez Gomez, président de l'Assemblée nationale, pour vous informer de la suspension de la séance extraordinaire", indique dans un message adressé aux députés et transmis aux médias la secrétaire du Parlement Maria Alejandra Hernandez.
Aucune explication n'a été fournie sur les raisons de ce report, ni aucune nouvelle date fixée. Ce n'est pas la première fois que le Parlement monocaméral, où le pouvoir dispose de 256 des 277 sièges (l'opposition ayant boycotté les législatives de 2020), reporte au dernier moment une séance.
Le projet de loi "contre le fascisme, le néofascisme et les expressions similaires" est le deuxième texte d'une série que prépare le pouvoir dans le sillage de la réélection contestée du président socialiste le 28 juillet.
Il s'agit officiellement de mieux "défendre le peuple", mais de nombreux observateurs y voient des mesures liberticides.
"M. Nicolas Maduro, respectez ce que tous les Vénézuéliens ont décidé (...) Vous et votre gouvernement devez vous mettre de côté (...) Je suis prêt au dialogue", a lancé lundi soir sur les réseaux sociaux Edmundo Gonzalez Urrutia, discret diplomate qui a remplacé la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible, comme candidate à la présidentielle.
"Chaque jour où vous entravez la transition démocratique, les Vénézuéliens souffrent d'un pays en crise et sans liberté. S'accrocher au pouvoir ne fait qu'exacerber les souffrances de notre peuple. Notre heure est venue", a ajouté M. Gonzalez Urrutia, qui n'a pas été vu publiquement depuis le début du mois.
-"Désobéissance"-
Mme Machado, qui est apparue samedi à Caracas lors d'une manifestation de l'opposition, et M. Gonzalez Urrutia vivent dans la clandestinité alors que le parquet a ouvert une enquête pénale contre eux, notamment pour "incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l'insurrection, association de malfaiteurs".
L'annonce de la réélection de M. Maduro pour un troisième mandat a provoqué des manifestations spontanées, brutalement réprimées. De source officielle, 25 personnes sont mortes, 192 ont été blessées et 2.400 arrêtées.
Le Conseil national électoral (CNE) a ratifié début août la victoire de M. Maduro avec 52% des voix, sans fournir le décompte exact ni les procès-verbaux des bureaux de vote. Il assure en avoir été empêché par un acte de piratage informatique, dont l'opposition et de nombreux observateurs mettent en doute la réalité.
Selon l'opposition, qui a rendu publics les documents électoraux obtenus grâce à ses scrutateurs, M. Gonzalez Urrutia a remporté plus de 60% des voix.
M. Maduro ne cesse, lui, de répéter qu'il fait face à une tentative de "coup d’État". "Ils ne pourront jamais nous vaincre, parce que nous portons en nous la force de l'histoire, la force de la patrie, la force de Dieu. Nous avons gagné", a-t-il lancé dimanche à ses partisans.
La semaine dernière, le Parlement avait adopté une loi sur les ONG, également très critiquée par les défenseurs des droits humains.
Le pouvoir promet aussi dans les prochains jours une loi sur les réseaux sociaux, alors que le réseau social X a été suspendu dix jours et que M. Maduro a appelé au boycott de la messagerie WhatsApp, tous deux accusés d'incitation à la haine.
Le haut-commissaire de l'ONU aux droits humains, Volker Türk, a appelé la semaine dernière les autorités à ne pas "adopter ces lois et toute autre loi qui porte atteinte à l'espace civique et démocratique".
J.Ayala--TFWP