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Joe Biden a passé le flambeau à Kamala Harris sous les vivats et dans les larmes des délégués de la convention démocrate, avec un long discours aux accents testamentaires.
Il y a un mois à peine, le président de 81 ans comptait venir à Chicago récolter l'investiture de son parti.
Lundi soir, il a promis d'être le "meilleur bénévole" dans la campagne de la vice-présidente de 59 ans, qui l'a rejoint sur scène pour une étreinte.
Joe Biden a appelé à élire Kamala Harris, "une procureure", plutôt que le républicain Donald Trump, un "repris de justice".
"Nous aimons Joe!" et "Merci Joe!" ont scandé les délégués tout au long de son allocution, tandis que des larmes coulaient sur bien des visages.
- "Je t'ai tout donné" -
"Nous menons une bataille pour l'âme même de l'Amérique", a-t-il clamé, reprenant l'une des expressions emblématiques de sa présidence.
"Nous sommes éternellement reconnaissants" envers un "incroyable" président, avait dit auparavant Kamala Harris, lors d'une brève apparition surprise, en solo, sur scène.
"Pendant cinquante ans, j'ai donné mon coeur et mon âme au pays", a dit le dirigeant démocrate, qui faisait en quelque sorte ses adieux après un demi-siècle de carrière politique.
"Amérique, pour toi j'ai tout donné. J'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma carrière. Mais je t'ai tout donné", a-t-il assuré, s'inspirant de la chanson "American Anthem", qu'il avait déjà citée lors de sa cérémonie d'investiture en janvier 2021.
Le discours de Joe Biden avait d'emblée été placé sous le signe de l'émotion.
- "Papa" -
"Joe et moi sommes ensemble depuis près de 50 ans. Pourtant, il y a des moments où je retombe amoureuse de lui", avait dit la First Lady Jill Biden.
"Papa, (...) nous ne te disons pas assez souvent que tu es l'amour de nos vies", avait déclaré leur fille Ashley, en parlant d'un "battant qui a été sous-estimé toute sa vie".
Sa famille au grand complet est venue sur scène à la fin du discours.
"Cela a été l'honneur d'une vie d'être votre président. J'aime ce boulot mais j'aime encore davantage mon pays", a déclaré Joe Biden, en évoquant sa décision de se retirer de la course à la Maison Blanche.
Pendant environ une heure, Joe Biden a tenu aussi à vanter toutes les réalisations de son mandat, auxquelles il a associé Kamala Harris.
Son discours a parfois ressemblé furieusement à ceux qu'il prononçait quand il était encore en campagne.
- "Colère" -
"Toutes ces discussions sur le fait que je serais en colère contre les gens qui ont dit que je devais me retirer, ce n'est pas vrai", a pourtant assuré le démocrate.
Pour Joe Biden, il y avait pourtant, dans ce débordement d'affection, quelque chose d'assez cruel.
Mardi, c'est Kamala Harris que les délégués vont couronner dans un vote symbolique, après l'avoir déjà formellement investie dans un scrutin par internet.
Les démocrates s'attendaient à faire campagne sans passion pour le président octogénaire, embourbé dans les sondages.
Mais depuis son incroyable retrait le 21 juillet, ils se prennent à rêver à nouveau d'une victoire grâce à leur candidate de 59 ans, qui est en avance sur Donald Trump dans la majorité des enquêtes d'opinion.
- "Vers le bas" -
"J'adore (Joe Biden) mais j'ai été absolument ravi qu'il abandonne parce qu'il nous tirait vers le bas", a asséné Harry Pascal, un militant démocrate.
Donald Trump, pour tenter d'enrayer cet élan, se rendra cette semaine dans plusieurs Etats stratégiques.
Dans l'un d'eux, la Pennsylvanie, l'ancien président républicain a attaqué lundi les projets "communistes" de Kamala Harris et avancé sans aucune preuve qu'elle aurait monté un "putsch" contre Joe Biden.
Hillary Clinton, candidate malheureuse face à lui en 2016, a rappelé à Chicago que rien n'était gagné.
"Ne vous laissez-pas distraire et ne vous reposez pas sur vos lauriers", a dit l'ancienne secrétaire d'Etat, qui était donnée favorite cette année-là.
- "Arguments" -
Mardi, l'ancien président Barack Obama et son épouse Michelle Obama seront les vedettes de la convention, dans leur fief de Chicago.
La vice-présidente américaine ira elle faire campagne pour la journée dans le Wisconsin, un autre "swing state".
La grand-messe démocrate n'a jusqu'ici pas été réellement perturbée par les manifestations propalestiniennes, dont la première lundi a rassemblé quelques milliers de personnes.
Ces manifestants ont "des arguments à faire valoir", a estimé Joe Biden. Il voudrait sceller un ultime succès diplomatique en arrachant un accord de cessez-le-feu à Gaza.
C.Dean--TFWP