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Le gouvernement du Nicaragua a décrété lundi la fermeture de 1.500 ONG, pour la plupart religieuses, dans ce qui constitue la plus grande dissolution d'organisations ordonnée par le président Daniel Ortega depuis 2018 et les manifestations contre son régime.
Selon une décision du ministère de l'Intérieur, publiée dans le journal officiel La Gaceta, la radiation de ces 1.500 ONG est justifiée par le fait qu'elles "n'ont pas déclaré" leurs "états financiers" pendant des périodes allant de un à 35 ans. Leurs biens seront saisis par l'État.
Il s'agit de la plus importante fermeture massive d'ONG décrétée par le gouvernement du président Ortega. Elle porte à plus de 5.100 le nombre d'organisations civiles dissoutes depuis 2018, lorsque le régime a renforcé son arsenal juridique à la suite des manifestations antigouvernementales qui ont fait plus de 300 morts en trois mois, selon les Nations unies.
Daniel Ortega, 78 ans, a gouverné dans les années 1980 après le triomphe de la révolution sandiniste, est revenu au pouvoir en 2007 et a été réélu lors de scrutins non reconnus par Washington, l'Union européenne et des organismes internationaux.
Parmi les ONG fermées lundi, se trouvent principalement des organismes religieux, mais aussi des associations caritatives, sportives, indigènes ou d'anciens combattants du régime sandiniste. La Croix-Rouge nicaraguayenne a notamment été fermée.
Amaru Ruiz, ancien directeur de l'organisation environnementale Fundacion del Rio, dissoute, aujourd'hui en exil, a dénoncé un "coup de balai" contre la société civile. "Ils veulent non seulement contrôler la vie organique des organisations, mais aussi les ressources qu'elles gèrent", a-t-il ajouté.
- "Table rase" -
"Ils font table rase, ils éliminent pratiquement toutes les ONG du pays. Plus de 5.100 depuis le début de la crise (...) Un autre coup porté à la société civile", a dénoncé pour sa part sur son compte X Juan Sebastian Chamorro, ancien candidat à la présidence du Nicaragua en exil aux États-Unis.
Vendredi, le gouvernement a adopté une nouvelle loi controversée, qui oblige les ONG à ne travailler que dans le cadre d'"alliances" avec des entités publiques.
Cette nouvelle réglementation a été annoncée un jour après que le Venezuela, allié de Managua, a adopté une loi sur les ONG qui, selon les défenseurs des droits humains, aggrave "la persécution" des opposants au président Nicolas Maduro dont la réélection fin juillet est contestée.
Le gouvernement du président Ortega affirme notamment que l'Eglise a soutenu les manifestations antigouvernementales de 2018.
Fin juillet, un groupe d'experts de l'ONU a dénoncé des attaques "systématiques" menées par le gouvernement du Nicaragua contre l'Eglise catholique et d'autres confessions chrétiennes, selon une version actualisée en mars du rapport du Conseil des droits de l'homme.
En plus des prêtres, pasteurs ou séminaristes, sont aussi ciblés des paroissiens ou des laïcs actifs pour la défense des droits humains au sein d'organisations religieuses, souligne le rapport.
Depuis début août, plus d'une dizaine de prêtres ont été arrêtés et la plupart d'entre eux expulsés vers le Vatican.
La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a exhorté la semaine dernière le gouvernement du président Ortega à mettre fin à "la répression généralisée et à la persécution religieuse" dans le pays.
Elle a également dénoncé la détention arbitraire d'au moins 141 personnes, détenues dans des conditions insalubres, avec un accès restreint à l'eau potable, à une alimentation adéquate et à des soins médicaux.
A.Nunez--TFWP