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Rich Logis se voit comme un trumpiste repenti. Autrefois fidèle parmi les fidèles, dans les meetings de l'ex-président comme sur les médias conservateurs, fulminant contre tous ceux qui ne pensaient pas comme lui, cet électeur de Floride va finalement voter Kamala Harris.
Cet homme d'affaires de 47 ans s'apprête même à prendre la parole lundi par visioconférence, lors de la convention démocrate de Chicago, pour exprimer son soutien à la nouvelle candidate qui affrontera Donald Trump à la présidentielle de novembre.
A Miami, Rich Logis se souvient avec honte de son militantisme pro-Trump. Depuis, il a rejoint le mouvement "Les Républicains pour Harris", qui regroupe notamment les modérés du parti conservateur largement accaparé par Donald Trump.
Car la récente entrée dans la course à la Maison Blanche de Kamala Harris ne redonne pas espoir qu'aux seuls démocrates.
"Donald Trump a dressé des étrangers les uns contre les autres. Il a brisé des communautés, des familles, des foyers, des lieux de culte", lance à l'AFP Rich Logis depuis la Floride, Etat du sud-est surtout connu pour sa météo tropicale, ses palmiers luxuriants, et son penchant républicain.
Déçu par la politique politicienne de Washington, dont beaucoup de citoyens américains se sentent déconnectés, Rich Logis est séduit en 2015 par l'ascension de Donald Trump, milliardaire new-yorkais devenu tribun au discours anti-élite.
"C'était la bonne personne au bon moment. Et j'aimais bien son discours visant à abolir l'ordre politique bien établi", se souvient-il, parlant, derrière ses lunettes, avec passion de son parcours.
- "Du bon côté" -
Rich Logis s'engage alors activement dans la campagne "MAGA" ou "Make America Great Again" (Rendre à l'Amérique sa grandeur, en français), célèbre slogan de Donald Trump. Il organise des groupes de soutien et publie des écrits visant à, comme il le dit aujourd'hui, "déshumaniser" les démocrates et toute voix critique.
"J'avais l'impression qu'on était du bon côté du pays, contre le mal. Qu'on était les vrais Américains contre les faux Américains", confie-t-il encore.
En 2016, Donald Trump fait mentir les sondages et bat la candidate démocrate Hillary Clinton, symbole d'une certaine classe politique dynastique.
Les premiers doutes de Rich Logis apparaissent avec le Covid-19. Inquiet de la hausse des contaminations, il peine à se ranger à l'entêtement des trumpistes particulièrement remontés contre les confinements et les campagnes de vaccination.
Puis le 6 janvier 2021, le Congrès, considéré comme le temple de la démocratie américaine, est pris d'assaut à Washington par les plus virulents des partisans de Donald Trump voulant empêcher l'investiture de Joe Biden, élu président face à leur candidat.
L'événement gêne Rich Logis mais ce n'est que plus tard qu'il prend conscience de sa gravité, en lisant sur le sujet dans d'autres médias que ceux pro-Trump.
La violence de l'assaut et le fait que l'ex-président ait pu l'avoir encouragé s'ajoutent à d'autres accusations, notamment celle de tentative d'inverser les résultats de l'élection de 2020. Rich Logis commence à voir l'ex-président comme un danger pour la démocratie.
Les soutiens de Donald Trump s'insurgent contre cette accusation, régulièrement lancée par la campagne démocrate en 2024.
- "Faim d'espoir" -
Mais pour Rich Logis, quitter le mouvement "MAGA" n'a pas été si simple. C'était devenu une partie de lui, explique-t-il aujourd'hui.
Il annonce en ligne son départ en août 2022.
Depuis, il dit vouloir réparer le tort causé, notamment avec "Leaving MAGA" ("Quitter MAGA", en français), un groupe de déçus du trumpisme récemment créé.
"Je ne considère plus ceux avec lesquels je ne suis pas d'accord comme des ennemis. Je ne les vois plus comme des traîtres à la nation", dit Rich Logis.
Son évolution culmine avec l'engouement suscité à gauche par Kamala Harris, une femme noire de 59 ans, ancienne procureure et sénatrice qui galvanise les démocrates ces dernières semaines avec son ton énergique et ses discours anti-conservateurs.
Attiré par sa campagne, Rich Logis passe alors des ultraconservateurs "MAGA" aux rangs de ceux qui défendent le droit à l'avortement, davantage de sécurité sociale, ou encore les libertés individuelles des personnes LGBT+.
"Les Américains ont faim d'espoir", constate l'ancien trumpiste. "On voit la joie contre la dystopie. On voit une campagne, celle de Trump, qui veut revenir en arrière. Et l'autre qui veut faire aller le pays de l'avant".
J.P.Estrada--TFWP