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Le première chose qu'ont faite les élèves d'une école de Dacca revenus en classe après des semaines de manifestations étudiantes a été de rendre hommage à leur camarade, un jeune tué dans la répression du mouvement de contestation.
Shafiq Uddin Ahmed Ahnaf, 17 ans, était en première ligne des manifestations en août lorsqu'il a été tué par balles.
Bien que l'incertitude politique règne dans le pays depuis que la Première ministre Sheikh Hasina, évincée du pouvoir après quinze ans de règne, a fui en Inde le 5 août, la réouverture dimanche des établissements scolaires a marqué un retour à la normale après des semaines de troubles émaillés de violences meurtrières.
La plupart des personnes qui ont été tuées, notamment par des tirs de la police, étaient des étudiants comme Ahnaf.
Dimanche, premier jour de la reprise des cours depuis les manifestations, les camarades de classe du jeune tué ont honoré sa mémoire en déposant un bouquet à la place qu'il occupait, ont rapporté les medias de Dacca.
Mazeda Begum, principale d'un autre établissement scolaire public de Dacca, a souligné que les élèves avaient hâte de retourner en classe après avoir "vécu un traumatisme d'une durée d'un mois".
La principale prévoit de mettre un place un programme culturel afin qu'ils "puissent retrouver leur force mentale".
- "Fière du courage" des manifestants -
Sa collègue, Riah Hyder, professeur d'anglais, a annulé ses vacances pour être à son poste à la reprise des cours.
"Le plus important pour nous est que les élèves soient revenus à l'école", déclare-t-elle.
De nombreux élèves disent avoir été inspirés par "le courage" des manifestants.
"Je suis fière d'eux car ils ont eu le courage de protester contre les mauvaises pratiques" en matière de gouvernance, souligne Mahiba Hossain Rahee, 16 ans.
La jeune fille, en uniforme bleu et les cheveux soigneusement nattés, confie à l'AFP avoir "passé des nuits blanches à penser au peuple" de son pays pendant les manifestations.
"Ce furent vraiment des journées dures", ajoute-t-elle, disant espérer que son pays changerait pour le mieux.
"Nous ne voulons plus de sang versé. Nous voulons une nation heureuse", souligne-t-elle.
- "Un pays nouveau-né" -
Naifa Tahin, 16 ans, qui a passé des semaines claquemurée dans sa maison de Dacca, raconte que le retour en classe a été pour elle comme "un retour à la maison".
La jeune fille s'est déclaré enchantée de reprendre les cours, revoir ses amis, en espérant un nouveau départ pour son pays.
"Au cours des dernières semaines, nous n'avons pas pu revenir à l'école, assister aux cours ni voir nos camarades de classe", ajoute-elle, avouant que pendant cette période, elle a été en proie à la nervosité.
"Etre enfin de retour... c'est formidable", ajoute-t-elle. "J'ai l'impression d'être de retour à la maison".
A présent, il faut faire preuve de patience, estime-t-elle. "Notre pays fait ses premiers pas, comme un nouveau-né".
Le chef du gouvernement intérimaire, l'économiste et prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, 84 ans, est rentré d'Europe au Bangladesh pour s'atteler à la tâche immense qui consiste à mener des réformes démocratiques dans un pays dont les institutions se sont dégradées.
J.Ayala--TFWP