AEX
5.1700
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a appelé la communauté internationale à faire pression sur le Hamas plutôt que sur la partie israélienne en vue d'un cessez-le-feu à Gaza, à la veille d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, arrivé dimanche soir à Tel-Aviv.
M. Blinken, qui effectue sa neuvième visite en Israël depuis le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre, entend pousser à un accord pour mettre fin à plus de dix mois d'un conflit dévastateur, et éviter son extension après les menaces d'attaque de l'Iran et de ses alliés contre Israël.
Il rencontrera lundi matin M. Netanyahu, et s'entretiendra également avec son ministre de la Défense, Yoav Gallant et le président israélien Isaac Herzog, avant de se rendre au Caire mardi, selon un responsable américain l'accompagnant.
Alors que de profondes divergences demeurent entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu, M. Netanyahu a appelé dimanche à "diriger la pression sur le Hamas", et "non vers le gouvernement israélien", dénonçant un "refus obstiné" du mouvement islamiste palestinien de conclure un accord pour une trêve à Gaza.
"Il y a des choses sur lesquelles nous pouvons être flexibles et d'autres sur lesquelles nous ne pouvons pas l'être", a ajouté le dirigeant israélien, sur lequel la pression s'accentue à l'international et dans son pays pour mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre.
"C'est pourquoi, en plus des efforts considérables pour ramener nos otages, nous restons fermes sur les principes (...) essentiels à la sécurité d'Israël", a-t-il encore dit.
"Le sentiment (...) est que les différents points de blocage qui existaient auparavant peuvent être surmontés" a mis en avant un responsable américain accompagnant M. Blinken.
Les Etats-Unis, qui viennent d'approuver une vente d'armes à leur allié israélien d'un montant de 20 milliards de dollars, ont soumis vendredi une nouvelle proposition de compromis après deux jours de discussions à Doha des médiateurs américain, qatari et égyptien, avec Israël.
Les négociateurs israéliens se sont dits "modérément optimistes" au terme des pourparlers qui doivent reprendre la semaine prochaine au Caire.
Mais le Hamas, qui n'a pas participé aux négociations, a accusé Israël d'avoir ajouté de "nouvelles conditions", dont le maintien de ses troupes à la frontière de Gaza avec l'Egypte et "un droit de veto" sur les prisonniers palestiniens susceptibles d'être échangés contre des otages retenus à Gaza.
- "Conditions de l'occupant" -
"La nouvelle proposition américaine accède aux conditions de l'occupant (israélien) et ne va pas vers un accord", a déclaré à l'AFP un responsable du Hamas sous couvert d'anonymat.
Le mouvement palestinien refuse de négocier davantage et veut une application du plan annoncé fin mai par le président américain Joe Biden.
Ce plan prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages enlevés le 7 octobre, et dans sa deuxième phase, notamment un retrait total israélien de Gaza.
Dire qu'un accord est "proche", comme l'a affirmé vendredi Joe Biden, est une "illusion", a dit un cadre du Hamas, Sami Abou Zohri.
M. Netanyahu a maintes fois dit vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Pour Washington, un cessez-le-feu à Gaza aiderait à éviter une attaque de l'Iran et de ses alliés contre Israël, après leurs menaces de riposter à l'assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet, et à celui du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, tué la veille dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
- 40.099 morts à Gaza selon le Hamas -
L'attaque du Hamas du 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.198 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.
Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza dont 39 déclarées mortes par l'armée.
L'offensive israélienne dans la bande de Gaza assiégée a fait au moins 40.099 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui ne détaille pas le nombre des civils et des combattants tués.
Elle a provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien dévasté, menacé de famine selon l'ONU et "noyé" sous une montagne de déchets et décombres d'après l'ONG néerlandaise de promotion de la paix PAX.
La quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants y ont été déplacés.
- "Les chars se rapprochent" -
Parallèlement aux efforts diplomatiques, l'armée israélienne maintient la pression militaire sur le Hamas à Gaza et y poursuit ses bombardements et son offensive terrestre.
Dimanche, la Défense civile à Gaza a fait état de 11 morts dans des frappes à Jabalia (nord) et Deir al-Balah (centre).
"Ces femmes et ces enfants font-ils partie de la résistance?" s'emporte Ahmed Abou Kheir, témoin d'un bombardement qui a tué une mère et ses six enfants dans leur appartement à Deir al-Balah.
Selon l'AFPTV, des Palestiniens ont commencé à fuir un camp de fortune dans la région de Khan Younès, à pied, en voiture, dans des pick-up ou des charrettes, tandis que des chars israéliens ont pris position sur une colline proche.
"Les chars se rapprochent de nous, ça nous fait très peur, on ne sait vraiment pas où aller", déclare Lina Saleha, une femme de 44 ans, dans ce camp d'Al-Mawassi.
C.M.Harper--TFWP