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L'opposition vénézuélienne, qui a appelé à des rassemblements à travers le pays et à l'étranger samedi pour revendiquer la victoire à la présidentielle de fin juillet, exhorte les Vénézuéliens à "continuer la bataille" contre le président Nicolas Maduro, proclamé vainqueur, dont les partisans vont aussi manifester.
"C'est extrêmement dangereux, mais ici tout le monde doit continuer la bataille et garder sa force", a lancé vendredi la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado lors d'une interview sur les réseaux sociaux.
"Tout ce qui reste au régime (...) se sachant à nu", ce sont "mensonges, répression, violence et démoralisation. La démoralisation est la stratégie du régime", dit l'opposante qui vit dans la clandestinité depuis une quinzaine de jours.
L'annonce de la réélection de M. Maduro pour un troisième mandat a provoqué des manifestations spontanées, avec un bilan de 25 morts, 192 blessés et 2.400 arrestations de source officielle.
L'opposition, qui n'a jusqu'à présent organisé qu'une seule mobilisation, le 3 août, a appelé à de grandes manifestations dans tout le pays mais aussi dans plus de 300 villes à l'étranger.
Lors de la mobilisation début août, Mme Machado était arrivée en camion puis, au terme de celle-ci, avait enfourché une moto pour disparaître rapidement.
La manifestation de samedi est "très importante. Ce sera un jour historique (...) il s'agit d'unir tout un pays (...) nous avons uni un pays et demain c'est l'heure. Il n'y a pas de retour en arrière possible et nous allons aller jusqu'au bout ensemble", a-t-elle ajouté, appelant à se rendre aux manifestations en famille.
Le pouvoir a pour sa part prévu une "Grande marche nationale pour la paix et en soutien à la victoire de notre président Nicolas Maduro" dans l'après-midi à Caracas.
Le Conseil national électoral (CNE) a ratifié début août la victoire de M. Maduro avec 52% des voix, sans fournir le décompte exact ni les procès-verbaux des bureaux de vote, assurant avoir été victime d'un piratage informatique.
- "Penchant autoritaire" -
Selon l'opposition, qui a rendu publics les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs, son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, qui avait remplacé Mme Machado déclarée inéligible, a remporté la présidentielle avec 67% des voix, un résultat rejeté par M. Maduro.
L'opposition et de nombreux observateurs ne croient pas à la thèse du piratage informatique, estimant qu'il s'agit d'une affabulation pour ne pas avoir à divulguer le décompte exact des voix.
Une grande partie de la communauté internationale s'est également montrée sceptique après l'annonce des résultats officiels par le CNE.
L'Union européenne (UE), en tant qu'organisation, et 22 pays dont l'Argentine, le Canada ou l'Espagne, ont demandé vendredi dans une déclaration commune lue à Saint-Domingue lors de l'investiture du président dominicain Luis Abinader "la publication immédiate de tous les procès-verbaux originaux et la vérification indépendante et impartiale de ces résultats, de préférence par une entité internationale, afin de garantir le respect de la volonté du peuple vénézuélien".
La plupart de ces pays s'étaient déjà prononcés de manière similaire sur le sujet.
Le Conseil permanent de l'Organisation des Etats américains (OEA) a approuvé vendredi une résolution demandant lui aussi à Caracas de "publier rapidement les procès-verbaux avec les résultats du vote de l'élection de chaque bureau de vote".
Au Brésil, le président Luiz Inacio Lula da Silva a également réclamé les "procès-verbaux": "Ce que je demande pour reconnaître (le vainqueur), c'est au moins de savoir si les chiffres sont vrais. Où sont les procès-verbaux?".
Il a estimé vendredi que le gouvernement de M. Maduro avait un "penchant autoritaire" même s'il ne le considérait pas comme une "dictature".
Lula est aussi revenu sur sa proposition d'organiser de nouvelles élections: "L'opposition n'a pas aimé l'idée (...) Maduro n'a pas aimé non plus".
Le président Maduro a, lui, une nouvelle fois balayé les critiques de l'étranger: "Nous n'acceptons ni l'imposition, ni l'interventionnisme, ni que quiconque mette ses mains sales dans notre pays bien-aimé".
Il a ensuite ironisé: "Nous préparons la délégation d'observateurs électoraux pour les élections du 5 novembre aux Etats-Unis. Une commission d'experts vénézuéliens s'y rend et nous allons vérifier bureau par bureau!".
G.George--TFWP