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Un tribunal russe a condamné jeudi une citoyenne russo-américaine à 12 ans de prison pour "trahison" pour avoir effectué un don à une organisation aidant l'Ukraine, deux semaines après un échange de prisonniers d'ampleur entre Moscou et les Occidentaux.
"Le tribunal a déclaré Ksenia Karelina coupable de haute trahison et l'a condamnée à 12 ans d'emprisonnement", a indiqué le tribunal régional de Sverdlovsk dans l'Oural, où cette femme de 32 ans était jugée à huis clos.
Selon les médias russes, Mme Karelina avait effectué dans les tout premiers jours du conflit un transfert d'environ 50 dollars à l'ONG Razom, qui fournit une assistance matérielle à l'Ukraine.
Le tribunal a assuré que ces fonds ont été "utilisés pour l'achat d'équipement médical, d'armes et de munitions par les forces armées ukrainiennes".
"Au cours du procès, l'accusée a entièrement avoué sa culpabilité", a affirmé la cour.
Une vidéo diffusée par le tribunal montre Ksenia Karelina dans la cage de verre réservée aux accusés, vêtue d'un pull blanc et d'un jean, en train d'écouter la lecture du verdict.
Son avocat Mikhaïl Mouchaïlov a annoncé que sa cliente prévoyait de faire "partiellement appel du verdict", selon l'agence de presse Interfax.
Dans une lettre diffusée par son avocat sur les réseaux sociaux, Ksenia Karelina remercie les personnes la soutenant.
Mme Karelina est originaire d'Ekaterinbourg, dans l'Oural en Russie, mais vivait en Californie aux Etats-Unis, où elle a émigré il y a plus de dix ans et obtenu la nationalité américaine.
Elle avait été arrêtée en février 2024 en Russie, où elle s'était rendue pour rendre visite à ses grands-parents.
L'employeur de Mme Karelina, un spa de Californie, a affirmé sur Facebook que la jeune femme était "accusée à tort" et son partenaire a appelé publiquement à sa libération.
Selon les médias russes, les agences des forces de sécurité russes avaient découvert le don à l'organisation soutenant l'Ukraine sur son téléphone.
- Des Occidentaux en prison -
Cette condamnation intervient alors que les Etats-Unis accusent Moscou de viser spécifiquement les Américains en Russie pour s'en servir de monnaie d'échange contre des Russes détenus dans des pays occidentaux.
Le plus grand échange de prisonniers depuis la Guerre froide entre Moscou et les Occidentaux a eu lieu le 1er août, permettant la libération notamment de journalistes américains et d'opposants russes détenus en Russie contre celle d'espions emprisonnés en Occident.
La Russie compte toujours dans ses prisons plusieurs étrangers et binationaux, parmi lesquels le Français Laurent Vinatier, travaillant pour une ONG suisse de résolution des conflits.
Suspecté d'avoir illégalement récolté des informations sur les activités militaires de la Russie, il est formellement poursuivi pour ne pas s'être enregistré comme "agent de l'étranger", délit passible de cinq ans de prison.
Un citoyen américain, Joseph Tater, a été condamné mercredi à une peine de 15 jours de détention administrative pour "vandalisme", mais les forces de l'ordre ont indiqué jeudi qu'elles pourraient enquêter sur "d'autres délits" éventuels.
Depuis le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, des milliers de personnes ont été sanctionnées, menacées ou emprisonnées en raison de leur opposition au conflit.
Les procès pour "trahison", qui sont toujours assortis de lourdes peines, se sont notamment multipliés.
D.Ford--TFWP