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Le tout-puissant président rwandais Paul Kagame a prêté serment dimanche pour un quatrième mandat, après avoir obtenu plus de 99% des voix à l'élection du mois dernier.
Plusieurs dizaines de chefs d'Etat et d'autres dignitaires africains ont fait le déplacement pour assister à la cérémonie d'investiture, organisée dimanche après-midi dans un stade de 45.000 places bondé de la capitale Kigali, que la foule a rejoint à partir du début de la matinée.
M. Kagame, 66 ans, a prêté serment devant le président de la Cour suprême Faustin Ntezilyayo, s'engageant à "préserver la paix et la souveraineté nationale" et à "consolider l'unité nationale".
Sa victoire à la présidentielle du 15 juillet ne faisait aucun doute, tant il règne d'une main de fer sur le destin de ce petit pays de l'Afrique des Grands Lacs depuis le lendemain du génocide de 1994.
Il a remporté le scrutin avec 99,18% des voix, selon la commission électorale. Les défenseurs des droits humains ont souligné que ce score était une preuve forte du manque de démocratie au Rwanda.
Après avoir atteint la limite de deux septennats, M. Kagame avait pu se présenter à nouveau en 2017, à la faveur d'une révision constitutionnelle controversée intervenue deux ans plus tôt instaurant le quinquennat - avec le maintien d'un maximum de deux mandats. Cette réforme peut lui permettre de rester au pouvoir jusqu'en 2034.
- Climat de peur -
Paul Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis qu'il a renversé en juillet 1994, avec la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), le gouvernement extrémiste hutu instigateur du génocide qui a fait, selon l'ONU, plus de 800.000 morts au sein de la minorité tutsi.
Crédité du spectaculaire redressement économique de son pays depuis, il est aussi critiqué pour le manque d'ouverture démocratique, les défenseurs des droits humains et l'opposition l'accusant de régner dans un climat de peur, d'intimidation, de détentions arbitraires, d'enlèvements et d'assassinats.
Seuls deux candidats avaient été autorisés à concourir contre lui à l'élection de juillet, les six autres, dont certains opposants très critiques de M. Kagame, en ayant été empêchés.
Frank Habineza, le dirigeant du seul parti d'opposition autorisé (le Parti démocratique vert, DGPR), et l'indépendant Philippe Mpayimana ont obtenu respectivement 0,50% et 0,32% des voix.
- Aux côtés du M23 -
Le Rwanda est par ailleurs accusé de nourrir l'instabilité dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine en combattant aux côtés de la rébellion du M23.
Le président angolais Joao Lourenco, qui a assisté à la cérémonie de dimanche, doit s'entretenir avec M. Kagame à propos de l'accord de cessez-le-feu en RDC conclu le mois dernier avec la médiation angolaise, a fait savoir Luanda.
L'Angola avait négocié cet accord après une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda. Mais le 4 août, jour où il devait entrer en vigueur, les rebelles du M23, qui se sont emparés de vastes territoires dans l'est de la RDC depuis le déclenchement de leur offensive fin 2021, ont pris le contrôle d'une ville à la frontière avec l'Ouganda.
- "Passé tragique" -
Avec 65% de la population âgée de moins de 30 ans, la plupart des Rwandais n'ont connu que Paul Kagame à la tête de leur pays.
"J'ai fièrement voté pour le président Kagame et il était essentiel que je sois là aujourd'hui pour assister à cette investiture historique", a dit Tania Iriza, une commerçante de 27 ans venue assister à la cérémonie.
"Ses qualités de dirigeant ont transformé notre nation. Sous son régime, le Rwanda s'est relevé de son passé tragique pour tracer un chemin vers la prospérité, l'unité et l'innovation", a-t-elle estimé.
Paul Kagame a remporté chaque présidentielle à laquelle il s'est présenté, à chaque fois avec plus de 93% des voix.
H.Carroll--TFWP