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La police catalane tente depuis jeudi matin de retrouver le leader indépendantiste Carles Puigdemont, qui a de nouveau disparu après une apparition éclair à Barcelone, un nouveau rebondissement qui n'a toutefois pas empêché l'élection du socialiste Salvador Illa à la tête de la région.
Carles Puigdemont, toujours visé en Espagne par un mandat d'arrêt, l'avait promis maintes fois: malgré le risque d'être arrêté et envoyé en prison, il reviendrait pour la session d'investiture du nouveau président de l'exécutif régional catalan.
Et s'il n'est pas apparu au Parlement comme il le souhaitait, il a pu monter sans difficulté sur une scène installée en plein coeur de Barcelone vers 09H00 (07H00 GMT), escorté par une foule de sympathisants.
"Je ne sais pas combien de temps va passer avant que nous puissions nous voir à nouveau, mes amis, mais peu importe ce qu'il se passe, quand nous nous reverrons, j'espère que nous pourrons crier de nouveau bien fort ensemble (...): +Vive la Catalogne libre!+", a lancé à ses sympathisants l'ancien président catalan, qui a passé les sept dernières années en Belgique et en France.
Puis, après quelques courtes minutes de discours, l'ex-président de l'exécutif régional, qui avait fui l'Espagne en 2017 pour échapper aux poursuites le visant pour son rôle dans la tentative avortée de sécession de la région, a disparu du podium et la police a perdu sa trace.
- Deux policiers arrêtés -
Selon les Mossos d'Esquadra, la police catalane, qui ont mis en place un dispositif policier pour le retrouver avec de nombreux contrôles de voitures sur les routes de Catalogne, il a "pris la fuite, profitant du nombre de personnes qui l'entouraient, à bord d'un véhicule que la police a tenté d'arrêter, en vain".
"Le dispositif prévoyait une arrestation menée de manière proportionnée et au moment le plus approprié afin de ne pas générer de troubles à l'ordre public", ont-ils ajouté, indiquant avoir procédé à deux arrestations liées à de brefs incidents près du Parlement.
Mais ce sont surtout deux des membres des Mossos eux-mêmes qui ont aussi été arrêtés pour leur rôle présumé dans la fuite de M. Puigdemont, toujours activement recherché jeudi soir.
L'un d'eux est soupçonné d'être le propriétaire de la voiture qui a permis au dirigeant catalan de 61 ans de s'enfuir.
Et certaines voix s'élèvent déjà pour critiquer le rôle des Mossos dans ce qui peut s'apparenter à un fiasco pour des forces de police dont l'action avait déjà mise en cause au moment de la crise de 2017. Une conférence de presse avec les principaux responsables de ce corps est annoncée pour vendredi à 11H00 (09H00 GMT).
Malgré la loi d'amnistie négociée par Pedro Sanchez en échange du soutien de Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), le parti de Carles Puigdemont, ce dernier est toujours recherché par la justice espagnole: très critiquée par l'opposition, cette loi d'amnistie est au cœur de multiples débats juridiques et le 1er juillet, la Cour suprême a décidé qu'elle ne s'appliquait qu'à certains des délits reprochés au dirigeant indépendantiste.
"Une humiliation insupportable. Une de plus. C'est douloureux d'assister en direct à ce délire, dont (le Premier ministre Pedro Sanchez) est le principal responsable", a fustigé sur X le président du Parti populaire (PP, droite) Alberto Núñez Feijóo, après la nouvelle fuite du leader catalan.
- Puigdemont applaudi -
Et si Carles Puigdemont ne s'est finalement jamais rendu au Parlement pour participer à l'élection de Salvador Illa, son nom a été en revanche applaudi par des députés au moment de son appel pour participer au scrutin, dont Junts per Catalunya avait demandé, en vain, le report.
Après des mois de tractations depuis les élections de mai qui avaient vu les socialistes devancer le parti de Carles Puigdemont, mais sans obtenir la majorité absolue, un accord de coalition a finalement vu le jour la semaine dernière.
Notamment soutenu par les séparatistes de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), au grand dam de Junts, il a permis l'élection avec très exactement les 68 voix nécessaires jeudi de l'ex-ministre de la Santé de Pedro Sanchez, Salvador Illa.
Ce dernier devient ainsi le premier président de l'exécutif catalan à ne pas être issu des rangs d'un parti nationaliste depuis 2010.
A.Nunez--TFWP