The Fort Worth Press - Bangladesh: le futur dirigeant Yunus appelle au "calme" et "à reconstruire le pays"

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Bangladesh: le futur dirigeant Yunus appelle au "calme" et "à reconstruire le pays"
Bangladesh: le futur dirigeant Yunus appelle au "calme" et "à reconstruire le pays" / Photo: © AFP/Archives

Bangladesh: le futur dirigeant Yunus appelle au "calme" et "à reconstruire le pays"

Le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, qui va diriger un gouvernement intérimaire au Bangladesh, a appelé mercredi ses concitoyens au "calme" et à "se tenir prêts à reconstruire le pays", tout en s'engagant à l'organisation d'élections prochainement.

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"Je lance un appel vibrant à tout le monde afin de garder son calme. Je vous demande de vous abstenir de toute forme de violence", a déclaré M. Yunus dans un communiqué, à la veille de son retour au Bangladesh depuis la France, et après la fuite de la Première ministre démissionnaire Sheikh Hasina et la dissolution du Parlement.

"Soyez calmes et prêts à reconstruire le pays. Si nous empruntons la voie de la violence, tout sera détruit", a ajouté l'économiste de 84 ans, qui a aussi "félicité les courageux étudiants" et "le peuple de leur avoir donné un total soutien".

Il a aussi écrit mercredi dans le magazine britannique The Economist qu'il ferait tout pour que des "élections libres et équitables soient organisées dans les prochains mois", et qu'il fallait que les jeunes "ne soient pas obsédés par les règlements de comptes, comme l'ont été trop de nos gouvernements précédents".

Tarique Rahman, président par intérim du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principal mouvement d'opposition à Sheikh Hasina, a lui aussi appelé à la tenue d'un scrutin "le plus vite possible", lors d'un discours vidéo adressé à une immense foule à Dacca, et depuis l'exil londonien qu'il a pris sous le mandat de Mme Hasina.

- Décisions du président -

La décision "de former un gouvernement intérimaire (...) avec comme chef" avait été prise lors d'une rencontre entre le président Mohammed Shahabuddin, de hauts dignitaires de l'armée et des responsables du collectif Etudiants contre la discrimination, principal mouvement à l'origine des manifestations initiées début juillet, selon un communiqué de la présidence bangladaise mercredi.

L'économiste, connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance, pionnière en la matière, s'était attiré l'inimitié persistante de Mme Hasina, qui l'accusait de "sucer le sang" des pauvres.

Il était parti à l'étranger début 2024 après avoir été condamné à six mois de prison, tout en restant libre en attendant l'appel.

Nahid Islam, meneur du collectif estudiantin qui a participé à la réunion avec le chef de l'Etat, a avancé que M. Yunus aurait le titre de conseiller en chef.

Le président Shahabuddin a dissous mardi le Parlement, comme le réclamaient les étudiants protestataires et le BNP. Lundi, il avait ordonné la libération des personnes arrêtées lors des manifestations et des prisonniers politiques. Y compris Michael Chakma, un militant indigène incarcéré dans une prison secrète depuis 2019, a assuré mercredi son parti, le Front démocratique du peuple uni.

Lundi avait été la journée la plus meurtrière depuis le début du mouvement, avec au moins 122 morts, et au moins 10 autres personnes ont été tuées mardi, portant le bilan total à au moins 432 morts, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources policières, gouvernementales et médicales.

La contestation a abouti lundi au départ de Mme Hasina, 76 ans, contrainte de s'enfuir en hélicoptère.

Elle a atterri dans une base militaire près de New Delhi, mais une source de haut niveau a affirmé qu'elle ne faisait que "transiter" par le pays avant de se rendre à Londres. L'appel du gouvernement britannique à une enquête de l'ONU sur les "niveaux de violence sans précédent" au Bangladesh a cependant mis en doute cette destination.

Dans le pays troublé, le principal syndicat de policiers du Bangladesh a demandé "pardon" pour avoir tiré sur des étudiants, dans un communiqué publié mardi, affirmant que les policiers avaient été "forcés d'ouvrir le feu" puis présentés comme les "méchants". Il a annoncé une grève pour garantir la sécurité des forces de l'ordre.

- Evictions dans l'appareil sécuritaire -

Le chef de la police nationale a été limogé par le président Shahabuddin et l'armée a procédé à plusieurs remaniements parmi ses hauts gradés, notamment en rétrogradant certains d'entre eux jugés proches de Mme Hasina.

Le chef de l'armée bangladaise, le général Waker-Uz-Zaman, avait annoncé lundi la formation prochaine d'un "gouvernement intérimaire".

Après son allocution, des millions de Bangladais étaient descendus dans les rues de Dacca. Les manifestants avaient envahi le Parlement, incendié des chaînes de télévision pro-gouvernementales et brisé des statues du père de la Première ministre déchue, Sheikh Mujibur Rahman, héros de l'indépendance du pays.

Les bureaux de la Ligue Awami, le parti de Mme Hasina, ont été incendiés et pillés à travers le pays. Des commerces et des maisons appartenant à des hindous - un groupe considéré par certains comme proche de Mme Hasina - ont également été attaqués, selon des témoins.

L'Inde voisine, les Etats-Unis et l'Union européenne ont exprimé leurs inquiétudes après des informations faisant état d'attaques contre des minorités.

Revenue au pouvoir en 2009, Sheikh Hasina avait remporté en janvier un cinquième mandat à l'issue d'une élection sans véritable opposition.

Les manifestations avaient commencé début juillet après la réintroduction d'un régime réservant près d'un tiers des emplois dans la fonction publique aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance. Le gouvernement Hasina avait été accusé par les organisations de défense des droits humains de mettre à son service les institutions pour asseoir son emprise et éradiquer toute dissidence.

L'ex-Première ministre et cheffe de l'opposition Khaleda Zia, 78 ans, a été libérée mardi, selon son parti. Grande rivale de Mme Hasina, la cheffe du BNP avait été condamnée à 17 ans de prison pour corruption en 2018.

Pour Thomas Kean, du think-tank International Crisis Group, les nouvelles autorités font face à un formidable défi, celui de "reconstruire la démocratie au Bangladesh, qui a été gravement abîmée ces dernières années".

K.Ibarra--TFWP