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La guerre dans la bande de Gaza est entrée mercredi dans son onzième mois, au moment où le Hamas défie Israël en portant à sa tête Yahya Sinouar, l'un des hommes les plus recherchés par ce pays, et que le conflit menace de s'étendre à travers le Moyen-Orient.
Israël a immédiatement promis "d'éliminer" Yahya Sinouar, qui remplace le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, assassiné le 31 juillet à Téhéran.
Israël accuse Yahya Sinouar, âgé de 61 ans et jusqu'à présent chef du Hamas dans la bande de Gaza, d'être l'un des cerveaux de l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre.
Ces tensions ont redoublé après l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, attribué à Israël, et celui de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah mort le 30 juillet dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
Fouad Chokr est accusé par Israël d'être le responsable d'une attaque qui a tué 12 enfants et adolescents le 27 juillet sur le Golan syrien occupé et annexé.
Le Hezbollah et l'Iran sont "obligés de riposter" à ces assassinats, a affirmé mardi le chef du mouvement armé libanais, Hassan Nasrallah. Le Hezbollah ripostera "seul ou dans le cadre d'une réponse unifiée" de l'Iran et de ses alliés, et "quelles qu'en soient les conséquences", a-t-il ajouté.
Mercredi, l'Organisation de la coopération islamique (OCI) doit se réunir à Jeddah, en Arabie saoudite, à la demande de "la Palestine et l'Iran", pour parvenir à "une position islamique unifiée" dans la région, d'après un responsable de l'OCI.
- "Message fort" -
Face aux risques d'une extension de la guerre, la communauté internationale s'est engagée dans une course contre la montre pour trouver des voies d'apaisement et relancer les négociations en vue d'un cessez-le-feu associé à la libération des otages retenus à Gaza.
Les contacts diplomatiques se multiplient notamment entre les pays médiateurs dans la guerre à Gaza, Etats-Unis, Qatar et Egypte.
"M. Sinouar a été et reste le premier décisionnaire en ce qui concerne la conclusion d'un cessez-le-feu", a souligné mardi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
Pour la première fois, Antony Blinken a demandé publiquement à l'Iran et à Israël d'éviter une "escalade" vers un nouveau conflit militaire au Moyen-Orient.
"Nous sommes impliqués dans une intense diplomatie avec des alliés et des partenaires et faisons passer ce message directement à l'Iran. Nous avons communiqué ce message directement à Israël", a ajouté le secrétaire d'Etat, dont le pays est le premier allié d'Israël.
Mais pour le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, la nomination de Yahya Sinouar à la tête du Hamas "est une raison supplémentaire de l'éliminer rapidement et de rayer de la carte cette ignoble organisation", considérée comme terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
"Le Hamas répond à l'assassinat", titrait mercredi en Une le quotidien libanais pro-Hezbollah Al-Akhbar, sous une photo de Yahya Sinouar.
Un responsable du Hamas a affirmé mardi que cette nomination envoyait un "message fort" à Israël.
Le Hezbollah a aussi évoqué un "message fort" et jugé que ce choix "confirmait que l'ennemi n'a pas su remplir ses objectifs" face au Hamas.
Après dix mois de guerre, l'armée israélienne poursuit son offensive terrestre et aérienne contre le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, notamment dans des zones dont elle avait affirmé avoir pris le contrôle mais où les combats ont repris.
L'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, Israël a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.653 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.
- Attaque imminente? -
Israël est sur le qui-vive depuis près d'une semaine, en attendant la riposte promise par l'Iran et ses alliés.
Toutefois, selon un diplomate européen en poste à Tel-Aviv, l'absence de changement des directives données par l'armée aux civils peut signifier qu'une attaque n'est pas imminente.
Les craintes d'un embrasement sont très vives aussi au Liban, où des avions militaires israéliens ont survolé mardi à basse altitude la capitale Beyrouth, franchissant le mur du son et semant la panique.
Plusieurs pays ont appelé leurs ressortissants à quitter le pays et des compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec Beyrouth.
"Il existe la possibilité d'une guerre entre nous et Israël (...) Nous ne pouvons pas le nier", a déclaré mardi le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib.
Les autorités régionales du nord d'Israël ont appelé mardi la population à rester près des abris, après de nouveaux tirs de roquettes du Hezbollah.
C.Dean--TFWP