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Sans surprise, l'autorité électorale du Venezuela a confirmé vendredi la réélection du président Nicolas Maduro, contestée dans les rues mais aussi de plus en plus à l'international, avec désormais quatre pays d'Amérique latine qui ont reconnu, dans la foulée des Etats-Unis, la victoire de l'opposition.
Lors d'une conférence de presse à Caracas, le président du Conseil national électoral (CNE), Elvis Amoroso, a confirmé la victoire de M. Maduro au scrutin du 28 juillet avec 52% des voix, face à l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia (43%).
Ces chiffres officiels, donnant 6,4 millions de voix à Maduro et 5,3 millions à son rival, sont communiqués avec plusieurs jours de retard par le CNE, qui affirme avoir été la cible "d'attaques informatiques massives depuis différentes parties du monde".
L'autorité électorale est "cependant parvenue ce jour à collecter (...) 96,87% des PV électoraux", et fait état d'une participation de 59,97%, toujours selon M. Amoroso.
- "Cagoulés et armés" -
Héritier du dirigeant socialiste et bolivarien Hugo Chavez, M. Maduro, 61 ans, au pouvoir depuis 2013, est donc officiellement réélu pour un troisième mandat jusqu'en 2031, alors que l'opposition crie depuis une semaine à la "fraude massive" et au hold-up électoral.
Jeudi, la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible par le pouvoir et qui avait été remplacée au pied levé par M. Gonzalez, a appelé à manifester samedi "dans toutes les villes" du pays pour faire valoir "la victoire historique" de son candidat, le discret diplomate Edmundo Gonzalez.
Promettant d'aller "jusqu'au bout", elle a dit "craindre" pour sa vie et être forcée de se cacher, après les menaces explicites de M. Maduro de l'envoyer, ainsi que M. Gonzalez, "derrière les barreaux", en jurant que l'opposition "n'arriverait jamais au pouvoir".
Près de 1.200 personnes, accusées de "comportement fascisant" et pour certaines de "terrorisme", ont été interpellées lors des manifestations spontanées qui ont éclaté un peu partout dans le pays dans les deux jours qui ont suivi le scrutin.
Selon les organisations de défense des droits humains, au moins 11 civils sont morts lors de ces manifestations. Les autorités ont fait état de la mort d'un militaire, tandis que l'opposition parle de vingt morts et onze disparitions forcées, et a dénoncé "une répression brutale".
L'opposition a par ailleurs dénoncé vendredi le saccage de son siège à Caracas dans la nuit par un groupe d'hommes armés et cagoulés.
Vente Venezuela, le parti de Mme Machado, a indiqué sur le réseau social X que son siège national avait subi une "attaque à 03h00 du matin avec armes à feu".
"Six hommes cagoulés et non-identifiés ont maîtrisé les agents de sécurité, les ont menacés et ont commencé à peindre des graffitis, à casser des portes et à s'emparer de matériel et de documents", a précisé le parti, vidéo à l'appui montrant ces graffitis et des effets jetés à terre dans ses bureaux.
Vendredi, la situation était en apparence normale à Caracas, avec les commerces ouverts où beaucoup d'habitants faisaient des provisions en prévision de possibles difficultés ce week-end du fait des manifestations.
- "Preuves incontestables" -
Mme Machado et M. Gonzalez exigent que les bulletins soient recomptés de manière transparente et totalement indépendante, une demande reprise par de nombreux pays occidentaux, mais aussi d'Amérique latine.
Vendredi, dans la foulée des Etats-Unis la veille, l'Argentine, l'Uruguay, l'Equateur et le Costa Rica ont reconnu la victoire du candidat de l'opposition.
"Nous pouvons tous confirmer sans l'ombre d'un doute que le vainqueur légitime et le président élu est Edmundo Gonzalez", a déclaré la ministre uruguayen des Affaires étrangères Diana Mondino, parlant de "preuves incontestables".
Mme Mondino a repris ainsi quasi mot pour mot la déclaration jeudi soir du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken: "Compte tenu des preuves incontestables, il est clair pour les Etats-Unis et, surtout, pour le peuple vénézuélien, que Edmundo Gonzalez Urrutia a gagné le plus de voix lors de l'élection présidentielle du 28 juillet".
Selon la diplomatie américaine, cet écart se compte même en "millions de voix".
En réaction aux propos de M. Blinken, Nicolas Maduro a sommé jeudi soir les Etats-Unis de "sortir leur nez du Venezuela".
Le Pérou a été le premier pays, mardi, a reconnaître Edmundo Gonzalez Urrutia comme le président élu "légitime", ce qui a poussé Caracas a rompre ses relations diplomatiques avec Lima.
A.Williams--TFWP