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De nouvelles manifestations étudiantes ont eu lieu au Bangladesh après les prières du vendredi, la libération la veille de six meneurs n'ayant pas suffi à calmer la colère.
"Nous voulons que justice soit rendue pour les meurtres de nos sœurs et de nos frères", ont réclamé dans un communiqué le collectif "Etudiants contre la discrimination".
A Dacca, la capitale, et dans la ville portuaire de Chittagong, des milliers de jeunes ont manifesté après la prière de midi dans ce pays à majorité musulmane, bravant les pluies torrentielles de la mousson.
"Pourquoi nos frères sont-ils dans la tombe et les tueurs en dehors ?", a scandé la foule devant la plus grande mosquée du pays, dans le centre de Dacca, mégapole peuplée de 20 millions d'habitants.
Le pouvoir a de nouveau limité l'internet mobile utilisé par les manifestants, selon l'organisation de surveillance NetBlocks qui a précisé que les réseaux sociaux et les plateformes Facebook, Whatsapp et Telegram ont à nouveau été restreints.
Au moins 206 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation en juillet, victimes pour la plupart de tirs des forces de l'ordre, selon un bilan de l'AFP à partir de données policières et hospitalières.
Au moins 32 mineurs figurent parmi les victimes, a indiqué vendredi l'Unicef.
Selon le journal Daily Star, plus de 10.000 personnes ont été arrêtées.
Dans ce pays musulman de 170 millions d'habitants comptant de nombreux diplômés au chômage, les étudiants exigent l'abolition d'un système de discrimination positive accusé de favoriser l'embauche de proches du pouvoir dans l'administration.
Partiellement aboli en 2018, ce système a été restauré en juin par décision de justice, mettant le feu aux poudres, avant une nouvelle marche arrière fin juillet de la Cour suprême au bout d'un mois de manifestations et de violences.
- "enquête transparente" -
La crise sociale, largement pacifique au départ, s'est muée en crise politique à partir du 16 juillet, quand la répression a fait ses premiers morts. Les manifestants ont alors réclamé la démission de la Première ministre Sheikh Hasina, 76 ans, au pouvoir depuis 2009 et réélue en janvier après un scrutin sans véritable opposition.
La répression a exacerbé le ressentiment dans le pays et suscité de vives critiques à l’étranger.
Parmi les leaders arrêtés puis relâchés figurait le dirigeant du collectif, Nahid Islam. Le 26 juillet, ce dernier et deux autres dirigeants du mouvement étudiant avaient été sortis de force d'un hôpital de Dacca où ils avaient été admis, par des détectives en civil, et emmenés dans un lieu inconnu.
Leur remise en liberté montre que le gouvernement espérait "désamorcer les tensions" avec les manifestants, estimait jeudi auprès de l’AFP le chercheur de l'Université d’Oslo Mubashar Hasan.
Mais d'autres exigences des étudiants en colère restent insatisfaites, comme la réouverture des écoles et des universités fermées mi-juillet.
Certains veulent carrément la démission de la Première ministre.
"Elle doit partir", a déclaré à l'AFP Arup Rahee, un écrivain militant. "Justice ne sera pas faite pour les étudiants tués tant qu'elle reste au pouvoir".
Le gouvernement de Mme Hasina assure que les forces de sécurité ont été contraintes d'ouvrir le feu pour défendre les bâtiments officiels assiégés, une thèse dont il voudrait convaincre les Nations unies.
En vain selon des diplomates qui ont requis l’anonymat et selon lesquels, l'ONU appelle à "une enquête transparente, indépendante et impartiale sur les violations de droits de l'homme présumées" et "ne soutient pas l'enquête telle qu'elle est proposée au niveau national".
F.Garcia--TFWP